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"J'ai vu toutes les maisons brûler" : à Mati en Grèce, les habitants retrouvent leur ville calcinée dans un paysage lunaire

Au moins 74 victimes sont à déplorer après les violents incendies qui ont ravagé notamment le village de Mati, à une quarantaine de kilomètres d'Athènes. 

Article rédigé par Benjamin Mathieu - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une femme à Mati, en Grèce, après l'incendie violent et meurtrier, le 24 juillet 2018.  (ANGELOS TZORTZINIS / AFP)

C'est l'un des pires incendies en Europe depuis des années. Au moins 74 personnes sont mortes, plus de 180 blessés, après d'immenses feux à une quarantaine de kilomètres d'Athènes en Grèce, où trois jours de deuil national ont été décrétées. Les images sont particulièrement impressionnantes. Les immenses flammes et le chaos ont choqué les habitants, alors que les Canadair continuent de tourner dans le ciel, même si l’incendie est désormais maîtrisé à Mati, une petite ville de la côte, particulierement touchée. 

Désormais, les pompiers fouillent les maisons à la recherche de survivants dans cette petite cité balnéaire paisible, où s’est déroulée une véritable tragédie. Vingt-six habitants ont été retrouvés morts sur un terrain. Ils étaient tous enlacés, raconte Ioanis Katikas, le responsable de la cellule de crise. "Ils étaient tous dans un restaurant, leur seule issue de secours était une falaise qui tombait dans la mer, du coup, ils se sont retrouvés piégés là-bas. Sachez que dans ces cas-là, les gens meurent d’abord d’asphyxie avant d’être atteints par les flammes, ils ne sont pas morts brûlés vifs".

Les habitants des alentours savent qu’ils sont passés près de la mort. C’est le cas de la femme de Dimitris Papaioanou. Elle est à l’hôpital, choquée mais sauve. Son mari revient dans leur maison familiale, dont tout le terrain est parti en fumée. Il raconte la scène à ses petits-enfants. "Elle est partie en quatrième vitesse, en laissant la porte ouverte, avec la voiture. Parce que les autres, les voisins, comme des abrutis, ils regardaient le feu, ils étaient même sortis dehors."

Un paysage lunaire, presque une scène de guerre 

Dans les rues, les carcasses de voitures calcinées se comptent par dizaines. On découvre aussi par endroit des cadavres d’animaux domestiques. Le feu a frappé au hasard et avec une grande violence, les rafales de vents à plus de 100 km/h ont rendu le feu incontrôlable, les pins que l’on retrouve ici dans tous les jardins ont favorisé la propagation de l'incendie. 


Dans une petite villa, le carrelage au sol a explosé sous la chaleur. Stavroula, une vieille dame, a eu la peur de sa vie. Elle estime que les pompiers l’ont abandonnée.
"Je suis revenue et j’ai vu toutes les maisons tout autour brûler, flamber comme des cierges et je n’ai vu pas un seul véhicule de pompiers".

Les pompiers, eux, n’avaient jamais connu une telle catastrophe. Ils ont été complètement dépassés par l’ampleur des incendies tout autour d’Athènes, et craignent désormais que parmi les dizaines de disparus, se trouvent un grand nombre de pompiers volontaires morts en combattant le feu. La question est désormais de savoir s'il reste des dizaines de disparus ou des centaines comme le disent certains. Pour le moment, le bilan est loin d'être définitif.  

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