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Incendies en Grèce : "Je n'étais pas préparé à ce que j'allais trouver", raconte un photographe

Photographe grec indépendant, Angelos Tzortzinis est l'un des premiers témoins des incendies qui ont ravagé, lundi 23 juillet, les alentours d'Athènes. Il raconte à franceinfo l'histoire derrière ses photos.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un homme tient son fils en regardant les incendies à Rafina (Grèce), le 23 juillet 2018. (ANGELOS TZORTZINIS / AFP)

Une épaisse fumée orange ou bleutée, des regards apeurés et des carcasses de voitures carbonisées : c'est ce qui interpelle sur les clichés réalisés par Angelos Tzortzinis. Ce photographe grec indépendant, récompensé à plusieurs reprises pour son travail depuis 2009, a été sollicité par l'Agence France presse (AFP), lundi 23 et mardi 24 juillet. Il a capturé les images impressionnantes des incendies qui ont ravagé les alentours de la capitale grecque, Athènes. Des dizaines de corps ont été retrouvés. Comment témoigner d'un tel désastre ? Angelos Tzortzinis, raconte à franceinfo comment il a photographié ces feux, les plus meurtriers depuis plus d'une décennie.

"Les journalistes du bureau de l'AFP à Athènes m'ont appris que des feux de forêt faisaient rage dans plusieurs villages, à environ 40 kilomètres d'Athènes. Je me suis donc dirigé vers ces villages. Mais je n'étais pas préparé à ce que j'allais trouver", relate le photographe, qui a pourtant couvert le tremblement de terre meurtrier à Haïti, en janvier 2010. Angelos Tzortzinis commence par chercher la route qui le conduira jusqu'aux feux. "C'était très difficile, car de nombreuses routes étaient bloquées par la police, et parce que la fumée épaisse limitait considérablement la visibilité", précise-t-il.

"Beaucoup de personnes étaient piégées"

"A un moment, j'ai vu des personnes qui regardaient les incendies depuis un bâtiment abandonné. J'ai réussi à les atteindre, et j'ai pris ces photos. Personne ne parlait. Ils étaient juste là, à fixer le feu. Ils ne pouvaient pas croire ce qu'ils étaient en train de voir", raconte Angelos Tzortzinis, qui est alors à hauteur de Rafina, un des endroits les plus touchés par les incendies.

Des personnes regardent le feu à Rafina (Grèce) le 23 juillet 2018. (ANGELOS TZORTZINIS / AFP)

Le photographe poursuit sa route. Il arrive alors à Mati. Cette petite ville côtière, située à l'est d'Athènes, est l'une des plus touchées. Elle a été réduite en cendres. Mais lorsqu'Angelos Tzortzinis s'y rend, l'ampleur du désastre n'est pas encore connue. Il fait nuit. "Beaucoup de personnes étaient piégées, elles cherchaient une issue alors que le feu était très proche. Certaines ont réussi à atteindre le bord de mer, où des pêcheurs et des volontaires de la Croix-Rouge aidaient les habitants à s'échapper. Malheureusement, tous ne sont pas parvenus à s'échapper", témoigne-t-il. Des dizaines de personnes sont mortes dans cette ville. D'autres sont toujours portées disparues.

Des habitants du village de Mati (Grèce) évacués le 23 juillet 2018 après les incendies. (ANGELOS TZORTZINIS / AFP)

"Dans des moments comme ceux-là, on ne peut rien dire de plus"

Puis Angelos Tzortzinis s'aventure dans les rues de Mati. Il fait nuit noire : "Il n'y avait plus d'électricité dans les rues." Il parvient quand même à prendre quelques photos, sur lesquelles apparaissent les carcasses des voitures détruites par le feu. 

Des voitures brûlées le 23 juillet 2018 à Mati (Grèce). (ANGELOS TZORTZINIS / AFP)

Ce n'est que mardi, au petit matin, qu'il réalise l'ampleur du désastre. Il prend d'autres photos des carcasses de voitures.

Des voitures brulées à Mati, en Grèce, après un incendie, le 24 juillet 2018.  (ANGELOS TZORTZINIS / AFP)

Le photographe apprend aussi que les corps calcinés de 26 personnes, regroupés sur un même terrain, ont été retrouvés. Ils étaient "par groupes de 4 ou 5 personnes, peut-être des familles, des amis ou des inconnus qui s'étaient enlacés dans une dernière tentative de se protéger, alors qu'ils tentaient de gagner la mer, à 30 ou 40 mètres de là", a déclaré à l'AFP Vassilis Andriopoulos, un des sauveteurs de la Croix-Rouge qui a découvert l'horrible spectacle. "Dans des moments comme ceux-là, on ne peut rien dire de plus", conclut Angelos Tzortzinis.

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