: Récit "Le premier qui passait par là se prenait un coup" : 20h47, samedi, un assaillant sème la panique au cœur de Paris
Un passant a été tué et quatre personnes blessées samedi soir à Paris par un homme armé d'un couteau qui a crié "Allah Akbar". L'attaque a été revendiquée par le groupe jihadiste Etat islamique.
C'est un quartier très fréquenté le samedi soir. A deux pas de l'Opéra Garnier, dans le 2e arrondissement de la capitale, touristes et Parisiens profitent des nombreux bars, restaurants et théâtres du secteur. Il est 20h47, samedi 12 mai, lorsqu'un appel téléphonique est passé à police-secours : un homme armé d'un couteau s'en prend à des passants entre l'Opéra et la Bourse, rue Monsigny, à proximité de la rue Saint-Augustin.
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"Nous étions en train de dîner et nous avons entendu un bruit dans la rue absolument terrible, avec des hurlements et des gens qui tapaient", raconte Lisa, une habitante du quartier, à Europe 1. Jonathan est serveur dans un restaurant coréen. Il est à quelques dizaines de mètres de l'attaque. "Je le revois encore en train de marcher dans la rue, taper dans les commerces, les mains pleines de sang, avec son couteau dans la main..", dit-il, encore sous le choc, à franceinfo.
Ça me fait des flashs. Il était comme fou.
Jonathan, un témoin de l'attaqueà franceinfo
Barbe non taillée, cheveux bruns, jogging noir, l'assaillant "s'est approché calmement, ça contrastait avec la panique qu'il y avait autour de lui, les gens qui criaient et couraient. Il a dit 'Allah Akbar', deux fois, tout doucement, c'était glaçant", confie Romain à l'AFP. A mesure qu'il progresse dans la rue, l'effroi s'empare des terrasses. Chacun tente de se mettre à l'abri. "On a vu des personnes se ruer à l'intérieur du restaurant en hurlant qu'un homme était dehors avec un couteau ensanglanté", explique Laurent au Parisien. Avec sa petite amie, il est attablé dans un établissement japonais. "Des gens se jetaient par terre, paniqués", se souvient-il.
"Tout est allé très vite"
"Les gens étaient en panique parce qu'ils sentaient bien que le premier qui passait par là se prenait un coup, abonde Lisa. Nous avons bien vu qu'il essayait d'attraper des gens mais ils partaient en courant très vite." Tout se passe très rapidement. L'assaillant agresse au couteau cinq personnes. L'une des victimes, un homme âgé de 29 ans, succombe à ses blessures. Deux autres personnes sont grièvement blessées : un homme de 34 ans et une femme de 54 ans. Une femme de 26 ans et un homme de 31 ans sont plus légèrement blessés.
Dans la panique, des passants tentent également de venir en aide aux victimes. "Il y avait une femme qui s'affolait, qui allait de trottoir en trottoir en regardant autour d'elle, raconte Milan à franceinfo. Il y avait déjà des gens qui s'occupaient très bien d'elle, quelqu'un qui prenait son pouls, on lui a apporté énormément de bandages d'un hôtel, on compressait une plaie à la jambe."
Dans les cinq minutes qui suivent le premier appel à police-secours, une patrouille de police arrive sur les lieux. "Tout est allé très vite, détaille à franceinfo Loïc Travers, secrétaire général du syndicat de police Alliance. Nos collègues qui ont été requis sont arrivés extrêmement tôt. Cet équipage de trois collègues de police-secours a pu intervenir, et eux-mêmes ont été pris à partie par l'agresseur."
"Tire, tire, je vais te planter !"
Quand l'auteur des coups de couteau voit les policiers, il se rue sur eux et les menace : "Tire, tire, je vais te planter !". "Une première fois, la solution a été d'utiliser le Taser, mais il n'y a pas eu de résultat, et c'est la raison pour laquelle ils ont dû faire usage de leur arme à deux reprises pour neutraliser l'assaillant, alors qu'un de nos collègues était plus particulièrement visé par l'attaque au couteau", précise Loïc Travers. Neuf minutes après l'appel à police-secours, l'assaillant est abattu.
Sébastien se trouve sur la terrasse bondée d'un café. "On a entendu deux coups de feu, on ne savait pas ce que c'était, on a vu des gens partir en courant et on est partis en courant aussi. La terrasse était blindée et tout le monde est parti d'un coup", raconte-t-il à l'AFP. Son ami Maxime ajoute : "On a croisé quelqu'un qui sortait de l'immeuble et qui a dit avoir vu l'assaillant égorger quelqu'un. Des gens se sont réfugiés dans le bar."
Forcément, on entend trois coups de pétard, au vu des antécédents du 13-Novembre, on cherche pas, on court.
Elisa, une témoin de l'attaqueà l'AFP
Karine aussi est attablée en terrasse au Bistrot d'Edmond. Encore sous le choc, elle décrit la scène à franceinfo : "On a entendu des coups de feu, ils nous ont tous fait rentrer dans le bar. Ça s'est passé très vite, on n'a pas cherché à savoir ce qu'il se passait. On a eu assez peur sur le coup." Rapidement, un périmètre de sécurité est mis en place. Un nombre impressionnant de véhicules de police, de pompiers et de de secours convergent. Les blessés sont pris en charge, pendant que touristes et riverains sont bloqués derrière les rubans de sécurité.
"La France paye une nouvelle fois le prix du sang"
Peu après minuit, le groupe Etat islamique revendique l'attaque. "L'auteur de cette attaque au couteau à Paris est un soldat de l'Etat islamique et l'opération a été menée en représailles envers les Etats de la coalition" internationale antijihadiste en Irak et en Syrie, déclare une "source sécuritaire" à Amaq, l'agence de presse de l'EI.
Depuis le commissariat du 3e arrondissement, le Premier ministre Edouard Philippe salue dans la nuit "l'exceptionnelle réactivité des forces de police". "Cette rapidité dans la réaction, dit-il, a de toute évidence évité un bilan plus lourd." En week-end au fort de Brégançon (Var), le président de la République, Emmanuel Macron, réagit sur son compte Twitter. "La France paye une nouvelle fois le prix du sang, constate-t-il, mais ne cède pas un pouce aux ennemis de la liberté."
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