Agression de Condé-sur-Sarthe : "L'évaluation d'un risque est toujours très compliquée"
Le détenu radicalisé a blessé grièvement deux surveillants dans une prison de l'Orne après avoir passé le week-end en unité de vie avec sa compagne. "Des détenus peuvent être très calmes pendant un certain temps et soudainement passer à l'acte", explique un directeur de prison.
Le détenu radicalisé qui a blessé grièvement deux surveillants à la prison de haute sécurité de Condé-sur-Sarthe (Orne) ne "montrait pas des signes de passage à l'acte violent ou imminent", a expliqué sur franceinfo Damien Pellen, premier secrétaire du syndicat national des directeurs pénitentiaires (SNDP).
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Déjà condamné pour apologie du terrorisme, il n'était pas placé en unité pour détenus radicalisés et venait de passer le week-end en unité de vie avec sa compagne.
franceinfo : L'agresseur avait été condamné pour apologie du terrorisme. A Condé-sur-Sarthe, il n'était pas dans une unité pour détenus radicalisés. Comment cela se fait-il ?
Damien Pellen : L'unité pour détenus radicalisés n'a ouvert qu'en septembre 2018 donc Michaël Chiolo est arrivé bien avant l'ouverture de ces quartiers. Au quotidien, il n'était pas quelqu'un qui montrait des signes de passage à l'acte violent ou imminent. Toute notre difficulté au sein de l'administration pénitentiaire, c'est d'évaluer la potentialité d'un passage à l'acte.
Comment faites-vous pour évaluer la dangerosité ?
L'évaluation d'un risque est toujours très compliquée. On le voit avec les faits d'hier. Des détenus peuvent être très calmes pendant un certain temps et soudainement passer à l'acte. Quand il y a des difficultés d'ordre psychiatrique, on sent monter la crise. Sur le fanatisme religieux, on a beaucoup plus de difficulté à lire le prochain passage à l'acte.
Le détenu de Condé-sur-Sarthe dans l'Orne avait passé le week-end en unité de vie avec sa compagne. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Ce sont des appartements qui ont une pièce commune, avec une ou deux chambres, et qui permettent aux personnes détenues de recevoir des visites après acceptation et une procédure particulière en interne. Elles ont entre 6h et 72h à passer avec leur famille. Il y a des contrôles régulièrement, à des heures définies pour voir si tout se passe bien au sein de ces unités de vie. C'est la direction des établissements qui décide dans le cadre d'une commission pluridisciplinaire, où il y a un rapport du service d'insertion et de probation et où il y a les avis émis par les personnels qui travaillent en détention. Pour un établissement accueillant des détenus qui sont majoritairement condamnés à plus de 20 ans, [cette possibilité] ne me paraît pas du tout étrange. Ce sont des décisions qui se prennent régulièrement. La longueur de peine ne fait pas forcément la dangerosité en détention.
Dans quels cas peut-on fouiller les visiteurs ?
Il a la possibilité de palper les familles avec leur accord. On ne le fait pas systématiquement, on le fait quand on a un doute. Si la famille refuse, on peut ne pas l'autoriser à entrer dans l'établissement pénitentiaire. Encore faut-il avoir des éléments pour qu'on puisse diligenter cette palpation et des éléments probants, quand une personne sonne aux portiques, quand on a des éléments objectifs le jour où elle arrive dans l'établissement, pour pouvoir soumettre le visiteur à une palpation. Cela peut être un comportement, un son qu'on entend, une forme qu'on reconnaît, style portable ou autre. La deuxième solution, c'est l'appel aux forces de l'ordre qui agissent dans un cadre légal. Le cadre légal dévolue aux forces de l'ordre ne s'applique pas à l'administration pénitentiaire, notamment pour les entrées.
Pour fouiller un visiteur vous êtes obligés d'appeler la police ?
Oui, il n'y a pas de prescription légale qui nous permette de fouiller un visiteur ou de le faire systématiquement.
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