Qui est Michaël Chiolo, l'agresseur présumé de deux surveillants à la prison de Condé-sur-Sarthe ?
Agé de 27 ans, il purgeait une peine de trente ans de prison pour des faits de droit commun mais avait été jugé suffisamment dangereux pour être placé dans l'un des deux établissements les plus sécurisés de France. Il a été interpellé, avec sa compagne, mardi soir.
L'agresseur présumé de deux surveillants de la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne) à coups de couteau en céramique en criant "Allah Akbar", mardi 5 mars, était connu pour sa radicalisation. Il a été interpellé dans la soirée de mardi par le Raid. Michaël Chiolo, 27 ans, purgeait une peine de trente ans de prison pour des faits de droit commun mais avait été jugé suffisamment dangereux pour être placé dans cette maison centrale, l'un des deux établissements les plus sécurisés de France.
Il purgeait une peine de trente ans de prison
Michaël Chiolo a été condamné pour sa participation à la séquestration, suivie de la mort d'un homme de 89 ans, à Montigny-lès-Metz (Moselle). En compagnie de deux complices, il s'était rendu chez lui pour le cambrioler. Roger Tarall, ancien résistant et survivant du camp nazi de Dachau, avait été retrouvé mort asphyxié le 17 avril 2012 à son domicile, les mains attachées dans le dos, la bouche bâillonnée, quasiment momifié.
Condamné à 28 ans de prison devant la cour d'assises de la Moselle, à Metz en 2015, Michaël Chiolo a écopé d'une peine plus lourde, trente ans de réclusion, en appel devant la cour d'assises de la Meurthe-et-Moselle, à Nancy.
Le fils de la victime, Alain Tarall, se souvient bien de Michaël Chiolo. "A Metz déjà, lors du premier procès, il ne cessait de tenir son chapelet musulman. Je me souviens de ses sourires lorsqu'il me regardait. Des sourires de satisfaction, c'était glaçant", confie-t-il au Républicain Lorrain. A Nancy, en appel, "il avait été beaucoup plus virulent. Sa dangerosité était évidente. A l'énoncé du verdict, il avait menacé tout le monde, les juges et les jurés. Je crois que personne n'y avait prêté attention à l'époque. Ca résonne particulièrement aujourd'hui", poursuit-il.
Il s'est radicalisé en prison
Originaire de Saint-Avold (Moselle), Michaël Chiolo s'est converti à l'islam en 2010. Mais c'est surtout lors de son incarcération en 2012 qu'il s'est radicalisé. D'abord détenu à la maison d'arrêt de Metz, Michaël Chiolo "était jeune et très seul à la maison d'arrêt", se souvient son avocat de l'époque auprès du Républicain Lorrain, qui ajoute que "les milieux radicalisés lui ont tendu la main".
Incarcéré successivement dans plusieurs prisons, le jeune homme aurait été au cœur de "nombreux incidents de détention", poursuit Me Cédric Demagny auprès du Républicain Lorrain. Le journal indique par exemple qu'il aurait forcé des codétenus à boire jusqu'à huit litres d'eau par jour pour se purifier le corps.
Lors de son passage à Nancy, il s'était également fait remarquer pour son prosélytisme, se souvient la déléguée régionale FO pénitentiaire, Fadila Doukhi, citée par France Bleu. La radio affirme que, même à l'isolement, Michaël Chiolo parvenait à communiquer avec d'autres détenus. L'un d'eux aurait même demandé à quitter le quartier d'isolement pour échapper à cette tentative d'emprise religieuse.
En prison, il s'est lié avec Cherif Chekatt, auteur de l'attentat du marché de Noël de Strasbourg en décembre 2018. Les deux hommes ont passé 175 jours de détention ensemble, puis ont continué à correspondre par courrier, selon les informations de France Télévisions.
L'avocate Pauline Brion, qui l'a défendu par le passé, se souvient d'un garçon "intelligent, très cultivé", sans formation ni profession, "devenu un peu vagabond". Il avait, selon elle, rencontré sa compagne en prison. "Il avait écrit à quelqu'un après sa conversion pour qu'on lui trouve une épouse", relate-t-elle.
Il a été condamné pour apologie du terrorisme
En novembre 2015, alors qu'il était déjà incarcéré à Mulhouse dans l'attente de son jugement en appel, Michaël Chiolo avait été condamné à un an de prison ferme pour avoir demandé à ses codétenus de "rejouer" l'attaque du Bataclan dans la cour de la maison d'arrêt. "Après Paris, j'aurais continué en province", aurait dit le jeune homme à un codétenu, selon des propos rapportés par les surveillants de la maison d'arrêt.
La ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a indiqué que le suspect était inscrit au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT). On ne sait en revanche pas s'il était détenu au sein du quartier réservé aux personnes radicalisées au sein de la prison de Condé-sur-Sarthe.
Adolescent, il était fasciné par le nazisme
Son premier procès d'assises, en 2015, avait mis l'accent sur l'attirance de l'accusé pour le nazisme au moment de son adolescence. "Des dossiers photos avaient été présentés", se souvient Me Demagny auprès de France Bleu. Michaël Chiolo collectionnait les posters d'Adolf Hitler.
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