Résultats des législatives 2022 : comment les candidats LR limitent la casse après une élection présidentielle ratée
La droite voit son espace politique se réduire d'élection en élection, mais résiste encore localement. Avec 13,6% des voix au soir du premier tour, le bloc de droite est la quatrième force politique et vise désormais 50 à 80 députés dimanche prochain.
La droite poursuit son morcellement. Au soir du premier tour des élections législatives, dimanche 12 juin, le bloc de droite (LR-UDI-DVD) obtient 13,6% des voix, loin des 21,5% des voix obtenus au premier tour en 2017. La droite espère désormais obtenir entre 50 et 80 sièges à l'Assemblée nationale, selon une estimation Ipsos-Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France, France 24 et les chaînes parlementaires. Après le cuisant échec de la présidentielle, où Valérie Pécresse n'avait pas franchi la barre des 5% (4,78%), il s'agit d'une nouvelle défaite, même si son ampleur est moins forte qu'attendu. "Contrairement au RN et à LFI, nous sommes force de proposition et voulons redresser notre pays. Je demande aux Français de nous faire confiance car nous, nous voulons réformer notre pays", a réagi Christian Jacob, le président du parti, dimanche soir sur France 2.
Malgré l'enchaînement de mauvais sondages, les cadres Les Républicains avaient repris espoir grâce à une bonne campagne de terrain. "L'impression qu'on a ne correspond pas à ce qu'on dit au niveau national", confiait un ténor du parti à franceinfo quelques jours avant le premier tour. "Par rapport à il y a cinq ans, où on sentait sur le terrain un vrai moment Macron, ce n'est pas le cas lors de cette campagne. Vous verrez, on sera entre 70 et 100 [députés élus]", prédisait même Daniel Fasquelle, le trésorier de LR, avant le premier tour.
"Ils risquent de perdre la moitié de leurs effectifs"
Le maire du Touquet (Pas-de-Calais) a semble-t-il vu un peu large et LR va surtout chercher à limiter la casse désormais, puisque l'estimation nationale en sièges d'Ipsos-Sopra Steria leur donne entre 50 et 80 sièges dimanche soir. "Ils peuvent sauver les meubles, mais ils auront quand même beaucoup moins de députés qu'avant, ils risquent de perdre la moitié de leurs effectifs [une centaine de députés lors de la dernière législature]", analyse Pascal Perrineau, politologue et professeur des universités à Sciences Po. Comme lors de l'élection présidentielle, LR se retrouve pris en tenaille entre les macronistes et l'extrême droite. "Je ne sais pas si l'étiquette LR coûte quelque chose mais elle ne rapporte plus rien", confiait un candidat LR aux Echos pendant la campagne.
Pour tenter d'exister, les cadres du parti ont donc cherché à se présenter comme le "vote utile", selon les mots de Christian Jacob, pour garantir une politique de droite à la tête de l'Etat. "Nous ne sommes pas là pour bloquer les choses, mais pour les faire avancer, pour permettre que le pays se réforme. Rien ne se fera avec le président de la République et sa majorité", a expliqué le patron des LR en conférence de presse. "Il faut clairement faire passer le message que, si on veut une politique de droite dans le pays, il faut des députés LR, ajoute Daniel Fasquelle. On ne s'opposera pas systématiquement, mais on pèsera pour que la politique du gouvernement penche à droite."
Un ancrage local efficace
La catastrophe d'un groupe restreint à l'Assemblée, un temps annoncée, semble donc s'éloigner pour LR et ses alliés, grâce notamment à un solide et historique ancrage local. "Ils ont une bonne couverture du territoire avec quelques élus bien implantés, un personnel politique qui a parfois démontré sa qualité de gestion dans les territoires", explique Pascal Perrineau.
"Pour essayer de sauver les meubles, ils ont fait une campagne très locale, et non une campagne nationale."
Pascal Perrineau, politologueà franceinfo
"On a vu des électeurs de droite qui ont voté Macron revenir vers nous pour rétablir un peu le balancier", confirme Daniel Fasquelle.
Pour le moment, Les Républicains ont réussi à retenir la majorité de leurs troupes. Après le départ de quelques figures du parti comme l'ancien ministre Eric Woerth, le président de la région Paca, Renaud Muselier, ou le nouvel entrant au gouvernement Damien Abad, certains cadres ont craint une fuite massive des élus vers la macronie, mais elle ne s'est pas produite.
"On nous a dit : 'Vous allez voir'. Et finalement, les fuites ne sont pas si importantes que cela", confirme Pascal Perrineau, qui ne croit pas non plus à une désertion d'ampleur post-législatives. "Ils vont sans doute choisir une autre stratégie, avec un soutien ponctuel à la majorité sur certains textes, mais je ne crois pas à une fuite massive. D'autant que la campagne des macronistes n'est pas bonne."
Changement de patron et de génération
Pour LR, le chantier de la reconstruction va rapidement s'ouvrir après ce scrutin, sur les ruines des deux dernières présidentielles perdues dès le premier tour. Christian Jacob a prévu de passer la main après les législatives et sa succession doit se jouer lors d'un congrès. Laurent Wauquiez peut-il le remplacer ? Les qualités du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes "ne sont pas à prouver, il a démontré dans sa région la solidité qui est la sienne, estime sur franceinfo Christian Jacob. Mais il peut y en avoir d'autres aussi dans notre famille politique."
Xavier Bertrand, six mois après son échec à la primaire de la droite, se montre aussi très actif dans la séquence électorale actuelle. "La marque Bertrand n'a pas été abîmée par la présidentielle. Il a maintenant envie de construire quelque chose", assure à L'Express un proche du président de la région Hauts-de-France. De son côté, le finaliste de la primaire en face de Valérie Pécresse, Eric Ciotti, en campagne pour les législatives dans les Alpes-Maritimes, compte bien faire entendre sa voix lui aussi. "Si Wauquiez n'y va pas, il ira", assure au JDD un cadre du parti.
Mais les ténors de droite vont peut-être aussi prendre en compte la demande de renouvellement. Dans Le Figaro, plusieurs jeunes candidats estiment qu'il faut désormais s'appuyer sur la nouvelle génération pour refonder le parti. "Il faut de nouveaux visages, car l'image de la droite est celle d'une vieille génération", confie un candidat au quotidien.
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