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Infographies Présidentielle : entre 2017 et 2022, le grand mercato des parrainages

Article rédigé par franceinfo - Théo Uhart
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Illustration sur les parrainages des candidats à l'élection présidentielle. (MICHEL THOMAS / MAXPPP)

franceinfo a scruté les transferts de parrainages entre 2017 et 2022. On fait le point sur les mouvements de parrains d'un candidat à l'autre, illustration des difficultés que connaissent chacun des camps.

Mais d'où viennent les parrainages des 12 candidats à l'élection présidentielle ? Pour y répondre, on a fait correspondre le fichier des parrainages de 2022 à celui d'il y a cinq ans. Premier constat : la moitié des parrainages de cette année sont ceux d'élus qui n'avaient parrainé personne en 2017. 

>> INFOGRAPHIE. Le portrait-robot des parrains de 2022

Un renouvellement des parrainages qui s'expliquent par le fait qu'un parrain de 2017 sur deux a perdu la possibilité de donner sa signature cette année, soit parce qu'ils ne sont plus élus, soit parce qu'ils sont élus à des postes qui ne permettent pas d'endosser la candidature de quelqu'un (dans l'opposition d'un conseil municipal par exemple). 

Ce qui se dessine, c'est surtout la force des partis traditionnels. Anne Hidalgo a en effet récupéré 568 parrainages de Benoît Hamon, Valérie Pécresse 946 signatures de François Fillon. Les candidates du Parti socialiste et des Républicains n'auraient donc pas eu besoin de convaincre de nouveaux élus pour se qualifier. "C'est une façon pour les partis de montrer qu'ils existent encore", analyse la politiste Jessica Sainty. À l'inverse, c'est pour Yannick Jadot que le chemin a été le plus long : le candidat écologiste n'a récupéré que 134 parrainages de 2017. Et il a donc dû rassembler les signatures de 578 élus qui n'avaient pas parrainé en 2017.

Des transferts à surveiller

À droite d'abord, les mouvements de parrainages de François Fillon soulignent assez bien les difficultés des Républicains. Si évidemment une large partie des élus ont suivi Valérie Pécresse, 81 parrains de François Fillon ont choisi cette année d'appuyer la candidature d'Éric Zemmour. Cela représente tout de même un parrain sur dix du candidat de Reconquête! Et 80 de plus ont suivi Emmanuel Macron, et c'est bien là le symbole d'un parti pris en tenaille entre La République en marche et l'extrême-droite.

À gauche, c'est autour de Jean-Luc Mélenchon que les choses ont bougé. L'absence de soutien du Parti communiste a rendu la nécessité de réunir 500 signatures bien plus difficile pour le candidat insoumis : sur les 400 parrains de Jean-Luc Mélenchon qui ont à nouveau parrainé quelqu'un cette année, un sur quatre a préféré Fabien Roussel.

Deux élus ont fait le grand écart, en parrainant Jean-Luc Mélenchon en 2017 et Éric Zemmour en 2022. "Je ne tolère pas que des candidats qui représentent 10 à 15% de l'opinion ne soit pas candidats quand des gugusses comme Anne Hidalgo qui représentent 2% ont les parrainages facilement. Ce n'est pas cohérent", selon l'un de ces deux élus, Jean-Luc Issanchou, maire d'une commune du Tarn-et-Garonne, Belbèze-en-Lomagne. Élu depuis plus de vingt ans, il assure "parrainer un candidat différent" à chaque élection et fustige les élus "qui n'ont pas assumé" le "privilège" qu'ils ont à pouvoir parrainer quelqu'un.

2 000 parrains passent leur tour

Dernier enseignement : 2 000 parrains de 2017 pouvaient à nouveau parrainer quelqu'un cette année et ne l'ont pas fait. Il faudrait les interroger tous individuellement pour pouvoir en connaître les raisons précises, mais quelques tendances peuvent se dégager. D'une part, les pressions dont ont témoigné certains élus et la publicité des parrainages ont pu freiner certains élus locaux. D'autre part, les difficultés d'un camp politique ou de l'autre ont pu en décourager d'autres : 630 parrains de François Fillon ont ainsi fait l'impasse cette année, malgré la candidature de Valérie Pécresse.

Même chose à gauche, où Anne Hidalgo égare 200 parrains. Benoît Tirant, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine, illustre bien ces tensions à gauche. L'ex-encarté au Parti socialiste aurait souhaité parrainer "une candidature de rassemblement de gauche". Voyant que les choses n'en prenaient pas le chemin, il s'est un temps interrogé sur la possibilité de soutenir Hélène Thouy, la candidate du Parti animaliste qui n'a pas réuni suffisamment de signatures pour poursuivre l'aventure. "Mais je ne suis pas totalement opposé à la chasse, je suis entouré de chasseurs au Conseil régional", explique l'élu.

L'aurait-il parrainé si les signatures n'étaient pas publiques ? "Oui, confie Benoît Tirant. Il s'agit d'apporter une voix dans le débat, et c'est pris comme un soutien. Cela crée des difficultués." Ce qui ne manquera pas de relancer les débats dans cinq ans, pour la prochaine échéance présidentielle.

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