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Infographie Qui sont les parrains des candidats à l'élection présidentielle ?

Article rédigé par franceinfo - Théo Uhart
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des maires au 100e Congrès des maires en 2017 à Paris. (JACQUES DEMARTHON / AFP)

Un maire sans étiquette de 59 ans : voilà le portrait-robot des quelque 13 427 élus qui ont apporté leur signature à l'un des douze candidats à l'élection présidentielle de 2022.

Le feuilleton aura duré plusieurs semaines, et au bout du compte, ils sont 12 sur la ligne de départ, douze à avoir obtenu les 500 signatures nécessaires pour être officiellement candidats à l'élection présidentielle. Et si on a beaucoup parlé du profil des candidats, on a moins parlé de celui des élus qui les parrainent. Âge, profession, genre, mandat... franceinfo vous dresse le portrait type des 13 427 parrains des candidats à l'Elysée.

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Un homme de 59 ans, maire sans étiquette et ancien cadre

"Le portrait-robot du parrain à l'élection présidentielle ressemble à celui de l'élu", souligne d'emblée la politiste Jessica Sainty. Et première caractéristique : les parrains sont des maires à plus de 66%. Il faut dire qu'ils composent l'essentiel des plus de 42 000 parrains habilités à donner leur signature, aux côtés des conseillers régionaux et départementaux, des présidents d'intercommunalité, des députés, sénateurs et députés européens, et des membres des collectivités à statut particulier (Assemblée de Corse, métropole de Lyon, conseil de Paris, assemblées ultra-marines...). 

Plus de sept parrains sur dix sont des hommes et plus d'un sur dix est un ancien cadre. C'est la catégorie socio-professionnelle la plus représentée parmi les élus ayant parrainé des candidats, suivi par les cadres de la fonction publique et les cadres administratifs. L'âge moyen du parrain est de 59 ans. Enfin, dans ce tableau général, notons que plus 8 355 parrains sur les 13 427, soit les deux tiers d'entre eux, n'ont pas d'étiquette politique.

Yannick Jadot attire les jeunes élus, les plus anciens privilégient Zemmour

Si ces portraits-robots se ressemblent sur de nombreux points, et consacrent tous les poids des maires parmi les parrains, certains candidats se détachent. Ainsi, Yannick Jadot, candidat EELV, et Marine Le Pen, du Rassemblement national, affichent les moyennes d'âge les plus basses. Les parrains de l'écologiste affichent une moyenne d'âge de 53,9 ans et ceux de la candidate RN 55,8 ans. "Cela s'explique par la logique partisane derrière les parrainages, explique Jessica Sainty. Les élus EELV et RN ont été élus avec des listes plus jeunes que les autres listes lors des municipales notamment, et cela se reflète ici." 

Eric Zemmour affiche, lui, une moyenne d'âge de ses parrains plus élevée que la moyenne, aux alentours de 62 ans. "Ce n'est pas étonnant en raison des positions et des orientations de sa campagne. Il s'ancre dans les valeurs d'une France traditionnelle, qui séduit une frange plus âgée de l'électorat", analyse la politiste. Jean Lassalle et Nathalie Arthaud convainquent également des élus plus âgés, chez qui "il y a aussi une volonté de permettre l'expression d'opinions politiques plus marginales pendant l'élection présidentielle".

Les partis ne sont pas morts

Dernier enseignement de cette analyse des 13 427 parrainages validés par le Conseil constitutionnel : la chute annoncée du nombre de parrainages n'a pas eu lieu. Il y a très précisément 829 parrainages de moins entre 2017 et 2022, et un candidat qualifié de plus. Alors, comment expliquer les cris d'offraie poussés par certains candidats à l'élection ces dernières semaines  ? "Ces débats, on les a avant chaque élection présidentielle depuis Jean-Marie Le Pen, rappelle Jessica Sainty. Pour autant, le système se maintient. Cela fait partie du jeu politique aujourd'hui. On ne peut pas dire qu'il y a un ras-le-bol des élus alors qu'ils encore 13 000 à parrainer un candidat."

Les parrainages, "c'est aussi une façon pour les partis de rappeler qu'ils ne sont pas morts", analyse enfin Jessica Sainty, prenant l'exmple du Parti socialiste et des Républicains. Anne Hidalgo arrive troisième du décompte des parrainages avec 1 440 signatures et Valérie Pécresse est en tête de la course en réunissant 2 636 parrainages. "Les parrainages traduisent une implantation locale. C'est plus compliqué pour d'autres partis, comme La France insoumise, EELV ou le Rassemblement national, qui ont moins de bastions locaux. Leurs élus changent d'une élection à l'autre". Et ils doivent donc recommencer la recherche des parrainages à chaque rendez-vous présidentiel. Un effet bien visible dans les chiffres : la candidate PS et celle de LR auraient pu se contenter du flux des parrainages venus de Benoît Hamon et de François Fillon pour se qualifier, sans chercher à convaincre de nouveaux élus.

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