Municipales : malgré leurs casseroles, ils ont brillé au premier tour
Eric Raoult, Patrick Balkany, Jacques Mahéas... En dépit de leurs casseroles, ces candidats ont été réélus dès le premier tour ou affichent un bon résultat en vue du second tour.
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Leur score est bon, et il a de quoi étonner. Alors que leur nom est cité dans des affaires politico-judiciaires, plusieurs personnalités ont été réélues sans souci dès le premier tour des municipales, dimanche 23 mars, ou affichent un score honnête en vue du second tour. Passage en revue de ces maires ou potentiels élus auxquels les affaires ne semblent pas poser problème.
Patrick Balkany à Levallois-Perret
L'affaire. On ne compte plus les casseroles du maire haut en couleur de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine). Patrick Balkany, au pouvoir depuis 25 ans et déjà condamné pour "injures" et "menaces", est tour à tour visé par une enquête pour "blanchiment de fraude fiscale", accusé d'emploi fictif présumé et soupçonné d'emploi d'un policier municipal pour son compte personnel. La campagne électorale a tourné autour de ces accusations, son rival divers droite Arnaud de Courson s'étant donné la mission de le battre.
Le résultat. C'était peine perdue. Parti grand favori, Patrick Balkany n'a laissé aucune chance à son adversaire. Le maire sortant, candidat à un cinquième mandat, a été réélu dès le premier tour, avec 51,57% des voix contre 32,37% pour son rival.
Georges Tron à Draveil
L'affaire. Les fantômes du passé collent à la peau de Georges Tron. L'actuel maire de Draveil (Essonne), accusé en 2011 de viols et agressions sexuelles sur une collaboratrice, a vécu une campagne très difficile, malgré le non-lieu prononcé dans cette affaire fin 2013. L'ancien secrétaire d'Etat de Nicolas Sarkozy a dû affronter des adversaires bien décidés à lui faire barrage.
Le résultat. En vain. En dépit du contexte, Georges Tron inflige un camouflet à ses adversaires. Le maire sortant de Draveil est lui aussi réélu dès le premier tour avec 57,51% des voix, laissant des miettes à Jean-Jacques Lejeune (14,23%) et Philippe Olivier (12,85%).
Caroline Bartoli à Propriano
L'affaire. Pas question pour les Bartoli de perdre la mairie. Le maire PRG de Propriano (Corse-du-Sud), Paul-Marie Bartoli, a écopé d'un an d'inéligibilité en mai 2013 pour dépassement de frais de campagne. Son épouse, Caroline Bartoli, s'est donc présentée à sa place afin de lui laisser le temps de revenir. Son interview calamiteuse sur France 3 Corse ViaStella, qui a mis en lumière son amateurisme, a été le point d'orgue de sa campagne.
Le résultat. Que nenni ! Malgré son apparente inexpérience, l'épouse Bartoli a été élue dès le premier tour, avec près de 70% des voix, très loin devant le nationaliste Jacques Luciani qui recueille seulement 30,51% des suffrages. Elle devrait démissionner pour qu'une nouvelle élection soit organisée dès que son mari sera à nouveau éligible.
Eric Woerth à Chantilly
L'affaire. L'actuel maire de Chantilly (Oise) est cité dans l'affaire Bettencourt. En 2013, l'ancien ministre de Nicolas Sarkozy a été renvoyé devant le tribunal correctionnel, aux côtés de Patrice de Maistre, pour "trafic d'influence". Les enquêteurs accusent Eric Woerth et l’ex-gestionnaire de fortune de la milliardaire d'échange de bons procédés. Le député-maire UMP est accusé d'avoir octroyé une Légion d'honneur au gestionnaire de fortune contre un emploi pour sa femme. Il est également renvoyé en correctionnelle pour "abus de faiblesse" à l'encontre de Liliane Bettencourt pour recel d'une somme remise par Patrice de Maistre.
Le résultat. Malgré tout, Eric Woerth conserve un poids certain à Chantilly. Le candidat est réélu dès le premier tour avec le score spectaculaire de 74,61% des voix. Loin devant son rival socialiste Dominique Louis-Dit-Trieau (25,39%).
Jacques Mahéas à Neuilly-sur-Marne
L'affaire. 71 ans, un septième mandat et aucun soutien affiché. La réputation du maire sortant de Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis), Jacques Mahéas, pâtit toujours de sa condamnation pour agression sexuelle sur une employée municipale, rappelle Le Parisien. L'affaire lui a valu, en 2010, d'être condamné en appel à une amende de 10 000 euros, sans compter les dommages et intérêts. Une condamnation "qui ne figure plus aujourd'hui à son casier judiciaire", précise Le Parisien. Il a été exclu du Parti socialiste en 2011, qui a investi Abdelhak Kachouri face à lui.
Le résultat. Le mauvais contexte et la campagne tendue ont pourtant tourné à l'avantage de Jacques Mahéas, réélu haut la main avec près de 50 points d'avance sur le candidat PS. Le maire sortant a ainsi recueilli 64,98% des voix, devant le candidat UMP Zartoshte Bakhtiari (19,61%) et le socialiste Abdelhak Kachouri (15,41%).
Jean-Pierre Bechter à Corbeil-Essonnes
L'affaire. Le nom de Jean-Pierre Bechter, maire UMP de Corbeil-Essonnes (Essonne), revient dans une affaire de soupçons d'achats de vote, liée à Serge Dassault, ancien maire de la ville lui-même visé par une enquête. Le bras droit du sénateur UMP, dont l'immunité parlementaire a été récemment levée, a été mis en examen début janvier dans cette affaire. Ce qui ne l'a pas empêché de se représenter à la tête de la ville.
Le résultat. Et ces dossiers l'handicapent peu, révèlent les résultats du premier tour. Jean-Pierre Bechter profite d'une large avance sur son adversaire de gauche Bruno Piriou en vue du second tour. Il a recueilli 45,47% des voix contre 22,33% pour le candidat communiste.
Jacques Mellick à Béthune
L'affaire. Son nom vous dit sans doute quelque chose : Jacques Mellick, maire PS de Béthune de 1977 à 1996, puis de 2002 à 2008, est un revenant. En 1997, l'actuel conseiller municipal de cette ville du Pas-de-Calais a écopé de cinq ans d'inéligibilité, pour avoir livré un faux témoignage en faveur de Bernard Tapie dans l'affaire VA-OM.
Le résultat. Cela ne l'a pas empêché de faire un retour positif. L'ancien maire socialiste a annoncé début février sa candidature "sans contrainte de parti", afin que Béthune "retrouve son rang". Pari réussi. Jacques Mellick arrive en tête du premier tour, avec 22,58% des voix, en ballottage favorable face au maire sortant Stéphane Saint-André, investi par le PS, qui comptabilise 20,62%.
Eric Raoult au Raincy
L'affaire. Fin de campagne difficile pour Eric Raoult. Cinq jours avant le premier tour, l'actuel maire UMP du Raincy (Seine-Saint-Denis), candidat à sa réélection, s'est vu accusé de harcèlement moral et sexuel par l'une de ses anciennes collaboratrices. Selon Le Figaro, la femme de 33 ans a fait authentifier par huissier "plusieurs centaines" de messages au contenu aussi éloquent que grivois pour appuyer ses dires. Face au scandale, Eric Raoult a été obligé de s'expliquer sur son comportement, évoquant "un moment de faiblesse" face à "une aguicheuse qui [lui a] tendu un piège".
Le résultat. Les curieuses justifications de l'ancien ministre n'ont visiblement pas convaincu tout le monde. Si Eric Raoult arrive en tête du premier tour avec 32,88% des suffrages, il est talonné de près par Jean-Michel Genestier (liste divers droite), qui obtient lui 32,17%. Réussira-t-il à faire oublier l'affaire d'ici le second tour ?
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