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Elections municipales 2020 : le coronavirus, raison numéro 1 de l'abstention record au premier tour du scrutin

Le premier tour des élections municipales a été marqué par une abstention de 54,5%, en hausse de 18 points par rapport à 2014.

Article rédigé par franceinfo
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Dans un bureau de vote de Besançon (Doubs), le 15 mars 2020, lors du premier tour des élections municipales. (MAXPPP)

Une abstention record pour un scrutin municipal. En pleine épidémie de coronavirus, le premier tour des élections municipales a été marqué, dimanche 15 mars, par une abstention de 54,5%, selon une estimation Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions, Radio France et les chaînes parlementaires.

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Jamais une élection municipale n'avait connu une telle désertion des bureaux de vote. Elle est, cette année, de 18 points supérieure à celle du premier tour de 2014 (36,45%), qui avait déjà établi un record. Alors que près des deux tiers des inscrits s'étaient déplacés pour voter en 2014, ils étaient dimanche moins de la moitié. Exceptionnellement anormale pour une élection municipale, cette abstention s'explique en grande partie par la crise sanitaire connue par la France, confrontée au coronavirus. Un sondage Ipsos* réalisé juste avant le premier tour, les 13 et 14 mars, permet d'en savoir plus sur le profil des abstentionnistes.

Une abstention due en grande partie au coronavirus

Depuis l'allocution d'Emmanuel Macron, jeudi soir, et plus encore depuis les annonces d'Edouard Philippe samedi soir, la question du maintien ou non des élections municipales s'est posée. De nombreux politiques, mais aussi des soignants, jugeaient que ce maintien était "une folie", alors que les Français étaient dans le même temps invités à rester confinés chez eux.

Sans surprise, parmi les raisons qui ont poussé les électeurs à ne pas se rendre aux urnes, l'épidémie de coronavirus figure au premier rang : 39% des potentiels abstentionnistes l'ont désignée comme l'une des principales causes de leur non-venue aux urnes.

Deuxième raison invoquée : l'impression que ces élections ne changeront rien à leur vie quotidienne (33%), puis le sentiment que les résultats de leur commune étant connus d'avance, leur vote n'y changerait rien (27%).

Les raisons de l'abstention au premier tour des élections municipales. (IPSOS/SOPRA STERIA)

L'abstention est particulièrement élevée chez les personnes qui se disent insatisfaites de la gestion du dossier du coronavirus par le gouvernement (62% d'abstentionnistes). Chez les personnes qui au contraire s'en disent satisfaites, il y a quasiment autant d'abstentionnistes (49%) que de votants (51%).

Une abstention particulièrement élevée chez les jeunes

Les personnes âgées, les plus vulnérables face au coronavirus, ne sont pas les moins nombreuses à être allées voter. C'est même tout le contraire : les électeurs les plus jeunes sont ceux qui se sont le moins déplacés aux urnes. Et l'abstention décroît à mesure que l'âge des électeurs avance, selon ce sondage.

Ainsi, les 18-24 ans n'ont été que 30% à se rendre aux urnes, tandis que 62% des 60-69 ans, et même 63% des 70 ans et plus, sont allés voter. Les femmes se sont par ailleurs davantage abstenues (59%) que les hommes (50%).

Profil des abstentionnistes selon le sexe et l'âge. (IPSOS/SOPRA STERIA)

Les partisans de la majorité les plus assidus

A qui a profité cette abstention massive ? Difficile de le dire, au vu des résultats ville par ville. Selon notre sondage Ipsos, ce sont néanmoins les sympathisants de La République en marche et du MoDem qui se sont le plus déplacés (61% de votants, contre 39% d'abstentionnistes). Parmi les sympathisants de droite, 55% sont allés voter (64% pour les proches de l'UDI, 50% pour ceux de LR).

Les électeurs de gauche sont encore un peu moins nombreux (44%) à être allés voter. Les sympathisants du Rassemblement national n'ont été que 40% à glisser un bulletin dans l'urne, et parmi ceux qui ne se sentent proches d'aucun parti, seulement 31%.

Profil des abstentionnistes aux élections municipales selon leur sympathie partisane. (IPSOS/SOPRA STERIA)

Les plus modestes moins mobilisés

C'est une constante observée lors de tous les scrutins : les électeurs les plus modestes ont été les moins nombreux à aller voter. Les Français dont le revenu est inférieur à 1 200 euros par mois se sont abstenus à 71%. Chez ceux ayant des revenus supérieurs à 2 000 euros, les abstentionnistes ont été environ aussi nombreux que les votants.

Le profil des abstentionnistes aux élections municipales selon la catégorie de revenus. (IPSOS/SOPRA STERIA)

* Enquête réalisée les 13 et 14 mars auprès de 2 000 personnes inscrites sur les listes électorales, représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus.

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