Législatives 2022 : à Marignane, l'ombre du Rassemblement national cristallise les critiques des autres candidats
Dans la 13e circonscription des Bouches-du-Rhône, le Rassemblement national semble bien positionné pour remporter les élections législatives. Les autres candidats se mobilisent donc contre le candidat du parti de Marine Le Pen.
Lunettes de soleil sur le nez et pile d'affiches à l'effigie de son candidat à la main, Marine Le Pen arpente les allées du marché de Marignane (Bouches-du-Rhône), mardi 24 mai. "Il faut aller voter aux législatives !", lance-t-elle aux habitants. "Bonjour madame Le Pen", lui répond l'un d'eux. L'ex-candidate à l'élection présidentielle fait campagne avec une stratégie : tenter de se présenter comme seule opposante à Emmanuel Macron, alors que la gauche a beaucoup fait parler d'elle ces dernières semaines.
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Marine Le Pen ne se déplace pas à Marignane par hasard : la circonscription est "prenable". Voilà pourquoi elle a choisi un de ses proches, Franck Allisio, comme candidat. Mais le député sortant de droite Éric Diard résiste. Élu pour la première fois en 2002, il fait cette année partie de la poignée de candidats Les Républicains qui n'a aucun macroniste face à lui. L'angle d'attaque est donc tout trouvé pour le candidat Rassemblement national :
"Si c'est l'un des rares candidats à ne pas avoir de concurrent LREM en face, c'est qu'il a dû lourdement taper à la porte d'Emmanuel Macron pour arriver à cet accord boîteux qui fera que, si par malheur il est élu le 19 juin, ça fera un macroniste de plus. Si je le bats, ça fera un macroniste de moins."
Franck Allisio, candidat RN dans la 12e circonscription des Bouches-du-Rhôneà franceinfo
Sur le marché, face à Marine Le Pen, Éric Diard se défend. "Non, Emmanuel Macron n'est pas avec moi. Je ne suis pas Emmanuel Macron. Les choses sont claires." Pour autant, il reste vague quant à son avenir en cas de réélection à l'Assemblée nationale. "J'espère que je serai dans l'opposition, qu'il y aura suffisamment de personnes dans l'opposition de droite pour faire des groupes. Pour l'instant, je ne veux rien dire."
La gauche cible le RN
Face à ce candidat sortant bien implanté et à la charge du RN, la gauche unie est en embuscade. L'insoumise Isabelle Chauvin rappelle donc aux électeurs un souvenir : l'expérience municipale ratée du FN dans la région, à Marignane et Vitrolles, à la fin des années 1990. "Ce sont des personnes qui ont cassé le social et n'ont rien fait pour leur commune ni pour la culture. Ils ont jeté la discrimination. On se souvient d'eux, de leur incurie, de leur outrecuidance, de leurs outrances. C'est tout. Ça a marqué les populations qui les rejettent." Mais l'argument ne fonctionne pas forcément. "Je n'ai pas de souvenir, je vous le dis sérieusement", admet Nathalie sans détour. "C'est oublié, on a un autre point de vue du RN actuellement."
De son côté, le candidat Lutte ouvrière François Roche entend bien aussi alerter contre le risque RN . "Marine Le Pen est une ennemie des travailleurs parce qu'elle n'est pas pour les luttes. On ne l'a jamais vu manifester lors d'une journée d'action ou de grève, quand on se battait pour les retraites ou les salaires. Elle divise aussi les travailleurs en faisant croire que c'est entre Français et étrangers que la question se joue." Enfin, Franck Allisio devra aussi faire avec un représentant de Reconquête!, Jacques Clostermann, qui a refusé de répondre à franceinfo.
Tous ces risques pourraient bien faire que cette terre promise du RN demeure une terre imprenable. Mais le principal d'entre eux pour le parti de Marine Le Pen reste, ici comme ailleurs, l'abstention. Les électeurs du Rassemblement national y sont les plus sensibles. Voter aux élections législatives "ne sert à rien", postule ainsi Adeline, qui a voté pour Marine Le Pen aux deux tours de la présidentielle. "À partir du moment où elle n'a pas été élue présidente, je ne vois pas à quoi ça sert de voter pour ça", glisse-t-elle, fataliste.
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