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Législatives 2022 : "La démobilisation électorale s'annonce massive", selon un politologue

"Tout l'enjeu, notamment pour la Nupes, c'est de maintenir un niveau de mobilisation important de ces jeunes qui ont massivement soutenu Jean-Luc Mélenchon en avril dernier", estime sur franceinfo le politologue Tristan Haute.

Article rédigé par franceinfo
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Une urne dans un bureau de vote à Vertou (Loire-Atlantique), lors du premier tour des élections législatives, le 11 juin 2017. (LOIC VENANCE / AFP)

"La démobilisation électorale s'annonce massive", anticipe vendredi 10 juin sur franceinfo Tristan Haute, maître de conférence en science politique à l’Université de Lille et co-auteur du livre Extinction de vote ?, paru en janvier 2022. Selon le dernier sondage Ipsos Sopra Steria pour Radio France et France Télévisions, l'abstention risque de battre un nouveau record, lors de ces élections législatives. L'institut de sondage prévoit une abstention à 54% contre 51,3% lors des législatives de 2017.

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Selon Tristan Haute, cela ne signifie pas forcément un désintérêt pour la politique. Seulement, une partie des électeurs se tournent vers "d'autres formes de participation politique moins formelles ou moins institutionnelles."

franceinfo : Comment vous expliquez-vous ce manque d'intérêt pour ces élections législatives ?

Tristan Haute : Ce n'est pas nouveau. On a en France un phénomène d'abstention intermittente qui touche particulièrement les élections législatives qui arrivent juste après la présidentielle. Cette élection est perçue traditionnellement, depuis l'inversion du calendrier électoral en 2002, comme un scrutin de ratification qui vise finalement à doter le président de la République d'une majorité. On voit que cela pourrait être différent cette fois-ci. Mais la démobilisation électorale s'annonce massive. On a vu un niveau de participation extrêmement faible, lors des élections de 2020, de 2021. Alors il y a eu un effet sanitaire pendant un temps mais ensuite, la crise sanitaire a surtout été un prétexte, une explication un peu facile.

C'est assez paradoxal parce que finalement les textes qui régissent notre quotidien sont votés à l’Assemblée nationale. Et les Français sont demandeurs de plus de démocratie.

Oui, c'est assez paradoxal. Mais le système électoral tel qu'il est n'est pas forcément visible aux yeux des électeurs. Les enjeux ne sont pas forcément perçus par les électeurs. Donc, tout le travail des partis politiques est un travail de mobilisation électorale qui justement consiste à faire prendre conscience aux électeurs des enjeux, de la nécessité du vote, de l'utilité du vote. Parce qu’aujourd'hui, on voit que même lors du scrutin présidentiel, le vote est parfois perçu comme inutile. Certains s'y résignent, entre guillemets, mais on voit un vote qui est de plus en plus perçu comme inutile, en comparaison avec d'autres formes de participation politique moins formelles ou moins institutionnelles.

Et notamment par les jeunes qui seraient les plus nombreux à décider de s'abstenir, selon les études.

Oui, c'est quelque chose qu'on observe à l’élection présidentielle mais c'est quelque chose qu'on observe encore plus lors des élections législatives et lors des élections locales. Des jeunes qui participent de manière très intermittente aux élections mais qui ne sont pas désintéressés par la politique. Ce n'est pas de l'individualisme, c'est aussi le recours à d'autres formes de participation politique. On a connu les marches pour le climat, les manifestations contre les violences policières et le racisme... Autant de mobilisations des franges différentes de la jeunesse. Et tout l'enjeu, notamment pour la Nupes, c'est de maintenir un niveau de mobilisation important de ces jeunes qui ont massivement soutenu Jean-Luc Mélenchon en avril dernier.

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