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Élections régionales et départementales : les jeunes n'entendent pas se mobiliser pour le second tour

Près de 87% des 18-24 ans et 83% des 25-34 ans n’ont pas voté au premier tour, le 20 juin. La grande majorité des jeunes abstentionnistes contactés par franceinfo comptent en faire de même pour le second tour, dimanche.

Article rédigé par franceinfo - Charlotte Causit
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Un bureau de vote du 11e arrondissement de Paris, le 20 juin 2021, lors du premier tour des élections régionales. (DELPHINE LEFEBVRE / HANS LUCAS / AFP)

Après le record d'abstention du premier tour, le sursaut attendu aura-t-il lieu dans les urnes dimanche 27 juin pour le second tour ? En amont du premier tour de cette nouvelle messe électorale, franceinfo avait contacté des jeunes de 18-25 ans pour prendre le pouls de cette génération d'électeurs. Les retours alors obtenus laissaient présager une abstention massive. En cause : un manque de lisibilité des scrutins régionaux et départementaux, un sentiment d'illégitimité ou encore un manque d'intérêt pour la "politique politicienne" et le sentiment de ne pas être concerné.

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Ce signal préoccupant s'est confirmé à la sortie des urnes dimanche 20 juin selon une enquête Ipsos/Sopra Steria pour France Télévisions. Près de 87% des 18-24 ans et 83% des 25-34 ans n’ont pas voté. Le chiffre de l'abstention atteint 66,7% pour l’ensemble de la population, selon le ministère de l'Intérieur. Jamais en France, une élection n'avait aussi peu mobilisé.

"On n'en a même pas parlé entre nous"

Recontactés par franceinfo dans l'entre-deux-tours, la majorité de ces jeunes confirment maintenir leur décision. Certains, à l'image de Léna, n'avaient d'ailleurs pas pris connaissance des chiffres de l'abstention. "Ah oui, 87%, quand même !", s'exclame la jeune femme de 20 ans. "C'est impressionnant, mais si on y réfléchit bien, ce n'est pas étonnant."

Ces chiffres ne la feront pas changer d'avis. Dimanche prochain, elle ne votera pas. "Je n'ai pratiquement personne dans mon entourage qui est allé voter au premier tour. On n'en a même pas parlé entre nous, tellement cela ne nous intéresse pas", appuie Léna, qui recherche actuellement un emploi en Moselle. Rien n'a été fait pour intéresser les jeunes à ce scrutin, regrette-t-elle. Tous les jeunes interrogés critiquent une absence de communication des candidats sur les réseaux sociaux.

Parmi ceux joints par franceinfo, seul Julien, la vingtaine, en recherche d’emploi à Saint-Michel-sur-Orge (Essonne) envisage d'aller voter au second tour après s'être abstenu au premier. Même s'il n'avait pas reçu la propagande électorale, le jeune homme aurait "bien aimé voter" dimanche dernier. "J’avais oublié, je n’y ai pensé qu’en fin d’après-midi dimanche, et j’avais la flemme de sortir", raconte-t-il à franceinfo.

Le chiffre des 87% d'abstention et les discours politiques l'ont-ils fait changer d'avis ? Peu probable. "Ça me fait culpabiliser, mais, au fond, il y a 66% d’abstention, donc il n'y a pas que les jeunes qui ne votent pas", pointe le jeune homme.

Une abstention politique

Loin de s'en vouloir, les jeunes justifient leur abstention, à l'instar d'Elias, 25 ans, ingénieur dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Il a décidé une semaine avant la tenue du premier scrutin d'opter pour "un non-vote de mécontentement", explique-t-il. Après une année éprouvante liée à la crise sanitaire, les politiques ont échoué à répondre aux attentes des jeunes, estime-t-il. Habitué à se mobiliser et à aller voter "parce qu'en tant que citoyen, on a un devoir et que certains pays se battent pour le droit de vote", il a pourtant décidé de passer son tour, cette fois-ci. Comme sept de ses proches.

Selon lui, le signal d'alerte du premier tour n'a pas eu beaucoup d'écho auprès des jeunes : "Quand j'ai entendu le porte-parole du gouvernement dire que les gens ne s'étaient pas déplacés à cause du Covid, cela m'a bien fait rire !". Un rire jaune, pour le jeune, qui fustige des campagnes électorales focalisées sur les enjeux sécuritaires, alors que le sujet ne fait pas partie du champ des compétences des régions. Le taux d'abstention des jeunes électeurs ne peut donc pas, selon lui, être seulement attribué à la supposée "flemme" ou "manque de conscience politique" de cette nouvelle génération.

"Il faudrait que les politiques se regardent dans un miroir et se remettent en question au lieu de sortir un tas d'excuses et d'essayer d'accabler certaines personnes."

Elias, 25 ans, abstentionniste

à franceinfo

Comme Elias, Clément, étudiant en communication en Bourgogne-Franche-Comté a décidé de s'abstenir lors des deux tours pour manifester son opposition politique. "Bien que je ne sois pas allé voter, je m'intéresse à la politique", assure-t-il. Pour le jeune homme de 20 ans, qui connaît bien sa région et ses enjeux, il était "hors de question de voter par dépit". Et les derniers discours de la classe politique ne l'ont pas fait changer d'avis, au contraire : "Je n'ai pas pris part au premier tour donc je ne vois pas pourquoi je prendrais position au second. Je ne ressens aucun engouement pour un candidat ou un programme.".

De même, les appels à "faire barrage" à l'extrême droite au second tour ne trouvent pas beaucoup d'écho auprès des jeunes abstentionnistes interrogés par franceinfo. "Je ne vote pas pour des idées auxquelles je ne m'identifie pas", explique ainsi Tom, étudiant à Saint-Etienne (Loire). Ce dernier s'est finalement décidé à voter "à la dernière minute", au premier tour. Une démarche qu'il réitérera dimanche.

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