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SNCF : ces trois grandes grèves qui ont permis aux cheminots d'obtenir gain de cause

Les syndicats de la SNCF ont appelé à une grève de deux jours toutes les semaines  du 3 avril au 28 juin. Depuis 1953, la compagnie ferroviaire a été marquée par plusieurs grèves des cheminots, qui voulaient défendre leur statut. Petit rappel historique.

Article rédigé par franceinfo
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Des TGV à la gare de Lyon, le 13 mars 2018, à Paris.  (DAVID SEYER / CROWDSPARK / AFP)

Vous prenez souvent le train ? Nul doute que vous avez scruté avec anxiété le planning des jours de grève envisagés à l'échelon national par les syndicats de la SNCF. Une forme de mobilisation assez inédite puisqu'elle prévoit deux jours d'arrêt de travail par semaine du début avril à la fin juin.

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L'objectif est de faire reculer l'exécutif sur son projet de réforme qui prévoit, entre autres, la fin du recrutement au statut de cheminot et l'ouverture à la concurrence. De grandes grèves à la mobilisation exceptionnelle avaient, par le passé, fait changer d'avis le gouvernement ou la direction de la SNCF.

1953 : le gouvernement Laniel laisse tomber sa réforme des retraites

Investi en juin 1953, le Premier ministre Joseph Laniel prône la rigueur budgétaire, d'autant que la guerre coloniale en Indochine contribue à plomber les finances. Le 11 juillet, écrit Le Monde diplomatique, "les députés lui accordent pour trois mois l’habilitation à légiférer par décrets-lois en matière économique et sociale. Ils autorisent notamment l’exécutif à modifier les conditions d’avancement et de départ à la retraite des fonctionnaires et personnels des services publics". 

Il est notamment question, détaille le mensuel, d'un blocage des salaires et "d’un recul de deux ans de l’âge de départ, du basculement d’agents dits 'actifs' –"roulants" de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) (...) autorisés à partir plus tôt– dans la catégorie des 'sédentaires'."

Le gouvernement compte sur la démobilisation due aux congés du mois d'août pour faire passer le texte sans heurts. Pour la forme, les fédérations de fonctionnaires appellent à une grève de 24 heures, mais elles vont rapidement se faire déborder. Ils sont 2 millions de grévistes le 7 août, et 4 millions le 13 août. Ni les décrets de réquisition ni l'armée ne réussiront à briser le mouvement. Le 25 août, un accord entre les syndicats et le gouvernement se traduit par l'abandon de tous les décrets envisagés.

Hiver 1986-1987 : la direction de la SNCF doit retirer sa grille salariale "au mérite"

A l'époque, Jacques Chirac gouverne à Matignon, François Mitterrand préside à l'Elysée et la Ve république connaît sa première cohabitation. La direction de la SNCF affronte alors la plus longue grève qu'elle ait connue contre un de ses projets. Les arrêts de travail vont durer 29 jours contre le projet de modification de la grille des salaires, qui diminue considérablement la part d’avancement à l’ancienneté. Mi-décembre, les cheminots de Paris-Nord se mettent en grève contre ce projet de grille des salaires "au mérite", jugée arbitraire. Le lendemain, la grève devient nationale. 

Début janvier, 90 des 94 dépôts ferroviaires sont en grève. Quelque 90% du personnel roulant et 70% des sédentaires cessent le travail. Le trafic des trains est totalement paralysé en pleines fêtes de fin d'année, se remémore Le Figaro. La grève s'achève mi-janvier. Le mouvement a coûté très cher à la compagnie. Selon le gouvernement de l'époque, cité dans un rapport du Sénat, l'entreprise a perdu près de 950 millions de francs. Mais au terme d’un mois de grève, les cheminots ont obtenu le retrait de cette nouvelle grille qu'ils rejetaient.

1995 : Alain Juppé recule sur les régimes spéciaux des cheminots

A l'Elysée, Jacques Chirac a succédé à François Mitterrand, et son Premier ministre Alain Juppé présente à l'Assemblée à l'automne un plan destiné à "boucher" le trou de la Sécurité sociale. Le plan en question prévoit, entre autres, la fin des régimes spéciaux de retraites, dont celui de la SNCF, et un projet de restructuration de la compagnie publique ferroviaire, avec la fermeture de gares et de lignes non rentables. 

Fonctionnaires et transports publics se mobilisent. Le 24 novembre, rappelle Le Parisien,  les cheminots entament "une grève générale et reconductible". Le 29 novembre, il n'y a plus ni métro ni train, mais Alain Juppé entend encore rester "droit dans ses bottes".

Le 7 décembre, il nomme un médiateur pour mettre fin au conflit avec la SNCF.  Et quatre jours plus tard, le Premier ministre annonce qu'il ne touchera pas aux régimes spéciaux. Le conflit se termine sur la démission du président de la SNCF Jean Bergougnoux, qui paie symboliquement les pots cassés.

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