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Grèves à la SNCF : les syndicats bousculés par la base qui veut "plus de rapidité dans l'obtention des résultats des revendications", explique un spécialiste

La négociation annuelle obligatoire sur les salaires débute à la SNCF. La direction et les syndicats ont jusqu'à la mi-janvier pour se mettre d'accord. Mais les marges de manœuvre de la SNCF semblent "limitées", d'après le directeur de la lettre d'information Mobilettre.com.

Article rédigé par franceinfo
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Une nouvelle grève débute à la SNCF mercredi 7 décembre alors que la direction et les syndicats commencent à discuter des salaires. Les fêtes de fin d'année sont en jeu (illustration). (LIONEL BONAVENTURE / AFP)

Gilles Dansart, spécialiste du ferroviaire, directeur du média d’information Mobilettre.com, spécialisé des questions relatives aux mobilités et aux transports, a estimé mercredi 7 décembre sur franceinfo que les syndicats traditionnels de la SNCF sont bousculés par la base qui demande "plus de rapidité dans l'obtention des résultats des revendications". Après le mouvement des contrôleurs ce week-end, une nouvelle grève débute alors que commencent les négociations sur les salaires avec la direction. Le mouvement pourrait perturber le trafic lors des fêtes de fin d’année. "Beaucoup de choses vont dépendre de ce que la direction va mettre aujourd'hui sur la table", dit-il. Mais les marges de manœuvre de la SNCF "restent limitées", selon lui.

franceinfo : Pourquoi une grève alors que les négociations n’ont pas commencé ?

Gilles Dansart : C'est une question de rapport de force. Il y a le feu un peu partout à la SNCF. D’ailleurs, les chiffres de la mobilisation ne sont pas uniformes parce que cela dépend des situations locales. Pour trois des quatre grands syndicats de la SNCF, c’est une manière de peser sur une négociation importante, ce qu'on appelle le NAO, négociation annuelle obligatoire, qui va fixer les rémunérations pour l'année 2023.

Peut-on dire que l’ambiance sociale est explosive à la SNCF ?

En tout cas elle est très chaude. Il y a un peu partout des foyers de mobilisation. Le conflit des contrôleurs n'est pas fini parce qu'il est très difficile à maîtriser d'ailleurs, aussi bien pour la direction que pour les syndicats, puisque c'est une sorte de coordination et de mouvement un peu spontané dans cette corporation des contrôleurs. Il y a des mouvements en Île-de-France. À Saint-Lazare, c’est un peu chaud depuis hier. Il y a des rivalités syndicales, il y a l'émergence de coordination un peu partout, des aiguilleurs de SNCF Réseau qui rendent un peu difficile ce matin la circulation sur l'axe Sud-Est. Donc oui, il y a beaucoup d'éléments dans tous les sens à la SNCF aujourd'hui qui font parler de climat un peu chaud.

Est-ce que les syndicats ne se font pas déborder par la base ?

Traditionnellement, la SNCF est une entreprise très syndiquée, avec des taux de vote lors des élections professionnelles qui sont très élevés. On a connu des 80%, mais ils ont baissé. Et notamment de la part des jeunes, il y a maintenant une sorte de défiance vis-à-vis de la structuration syndicale parce que, un peu à la manière des "gilets jaunes", ils demandent plus de rapidité dans l'obtention des résultats des revendications.

"Ils ont plus de radicalité et ils s'inscrivent moins dans une démarche de compromis et de recherche de solutions telle que les proposent les syndicats traditionnels."

Gilles Dansart, spécialiste du ferroviaire

à franceinfo

Ça bouscule pas mal les quatre grands syndicats que sont la CGT, l’UNSA, la CFDT et Sud-Rail.

Doit-on craindre une grève pendant les fêtes de Noël ?

Beaucoup de choses vont dépendre de ce que la direction va mettre aujourd'hui sur la table lors de cette négociation annuelle. Quelles seront les propositions d'augmentation des rémunérations en 2023 ? C'est un élément très important aujourd'hui qui va déterminer une partie de la façon dont la fin d'année va se passer. Mais c'est vrai qu'il y a pas mal d'inquiétudes aujourd'hui du côté de la SNCF.

Quelles sont les marges de manœuvre de la direction ?

Ses marges de manœuvre restent limitées. Il y a une part de la SNCF qui fait de très bonnes affaires. Les TGV et les Intercités ont été remplis cet été avec de confortables marges. Mais la SNCF est une organisation beaucoup plus grande que celle des TGV et des Intercités qui finalement n'est qu'une petite partie de l'entreprise. Tout le reste n'est pas forcément en très bon état. La partie réseaux souffre des subventions insuffisantes de la part de l'État. Donc les marges ne sont pas si importantes que ça. Ça dépend aussi de l'État qui, à mon avis, regarde avec beaucoup d'attention le dossier parce qu'il ne peut difficilement se permettre un hiver agité après plusieurs hivers, les années précédentes, un peu perturbées pour les Français.

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