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Est-il vrai que la France n'a pas connu une seule année sans grève à la SNCF depuis 1947 ?

Les relevés des ressources humaines de la SNCF confirment que l'entreprise n'a pas connu une seule année sans mouvement social depuis plus de soixante-dix ans. Mais les grèves qui ont eu un impact à grande échelle sont plus rares.

Article rédigé par Benoît Zagdoun
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un voyageur sur un quai vide de la gare Saint-Lazare, le 16 décembre 2019, pendant la grève contre la réforme des retraites. (BERTRAND GUAY / AFP)

La grève illimitée contre la réforme des retraites est entrée, vendredi 20 décembre, dans sa 16e journée. A la SNCF, la mobilisation a certes faibli par rapport au premier jour du conflit, où plus d'un cheminot sur deux avait cessé le travail, mais elle reste suffisante, notamment parmi les conducteurs de train, pour limiter fortement le trafic à l'approche des fêtes de fin d'année.

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Alors que le mouvement ne semble pas près de s'essouffler, un internaute affirme sur Twitter que "depuis 1947, il n'y a pas eu une année sans grève à la SNCF".

La réponse se trouve dans la base de données en libre accès de la SNCF. La direction des ressources humaines de l'entreprise a établi un relevé des journées de travail perdues par agent à cause des mouvements sociaux ayant affecté l'entreprise entre 1947 et 2018. Au-delà de cette date, les archives sont incomplètes. Il ressort de ce décompte que le groupe n'a effectivement jamais connu une seule année sans conflit social depuis plus de soixante-dix ans.

Une année record en 1968

L'année 1956 est celle où l'entreprise a perdu le moins de journées de travail par agent (0,01), avec 2 500 jours de grève deposés par les plus de 360 000 cheminots, devant 1952 (0,03) et 1959 (0,04). L'année où la SNCF a été la plus touchée par les grèves a logiquement été 1968, avec 14,63 journées perdues par agent, soit près de 4,7 millions de jours de grève posés par les près de 320 000 cheminots d'alors.

Les années 1953 et 1947, marquées par une série de grèves d'ampleur dans la société française, complétent ce podium, avec respectivement 7,52 et 6,49 jours de travail perdus par agent. Les grandes grèves de 1995 ont coûté 5,82 jours de travail par agent à l'entreprise, soit un peu plus d'un million de jours de grève décidés au total par les plus de 180 000 employés.

Ces écarts s'expliquent par l'importance variable de ces conflits sociaux. Certains sont des répercussions de mouvements nationaux, par exemple contre la réforme des retraites en 1995. D'autres sont la conséquence de grèves très localisées dans certaines régions, certains secteurs ou certains corps de métiers de l'entreprise, qui ont de fait un impact minime voire nul au niveau national. 

Pendant l'hiver 1986-1987, la grève dure ainsi quatre semaines et se prolonge même pendant les fêtes de fin d'année. Les cheminots protestent notamment contre leur nouvelle grille des salaires. En 1997, ce sont les seuls contrôleurs qui font grève pendant une dizaine de jours, comme le rappelle L'Obs. Ils réclament des effectifs supplémentaires et des primes revalorisées. En 2001, ce sont cette fois les agents de conduite qui cessent le travail pendant deux semaines pour de meilleurs salaires. En 2010, la SNCF connaît une première grève, en avril, contre la réoranisation de sa branche fret, puis en octobre, les cheminots rejoignent le mouvement contre la réforme des retraites. En 2014, la grève dure deux semaines contre la réforme ferroviaire.

Des grèves récentes très suivies

Parmi les dix années au cours desquelles les grèves ont été les plus suivies à la SNCF, on retrouve quatre années appartenant à la dernière décennie (dans l'ordre : 2018, 2010, 2007 et 2016) et quatre remontant à avant les années 1980.

Mis à part quelques conflits majeurs, le nombre de jours de grèves déposés par les cheminots chaque année semble avoir diminué depuis les années 1980. Mais cette baisse mathématique est en partie la conséquence de la diminution des effectifs en équivalent temps plein de l'entreprise, qui ont été divisés par plus de trois sur la période, passant de 462 300 en 1947 à 142 236 en 2018.

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