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Hausse des prix du carburant : les principales mesures annoncées par Edouard Philippe pour apaiser le mécontentement

Le Premier ministre a dévoilé mercredi une série de mesures pour aider les Français qui subissent la hausse des prix des carburants et de l'énergie, à trois jours de la mobilisation des "gilets jaunes", le 17 novembre.

Article rédigé par franceinfo
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Edouard Philippe lors d'une séance de questions au gouvernement, le 13 novembre 2018, à l'Assemblée nationale à Paris. (AFP)

"Non, on ne va pas annuler la taxe carbone", a commencé par répondre Edouard Philippe sur RTL, mercredi 14 novembre, au sujet de la hausse des prix du carburant. Après avoir rappelé les engagements écologiques d'Emmanuel Macron pendant la campagne présidentielle, le Premier ministre a voulu faire preuve de compréhension vis-à-vis de l'inquiétude des Français au sujet de leur pouvoir d'achat tout en se montrant ferme sur le mouvement des "gilets jaunes" : "La loi s'applique, (...) l'entrave à la circulation, c'est sanctionné."

Pour tenter d'apaiser le mécontentement, le chef du gouvernement a fait plusieurs annonces pour aider les Français à faire face à la hausse des prix du carburant et de l'énergie. L'ensemble du plan doit encore être détaillé, mais le Premier ministre a tracé les grandes lignes de ces nouvelles mesures dont le coût est évalué à "500 millions d'euros". Franceinfo revient sur les cinq principales annonces.

1Une "super-prime" à la conversion

"Nous allons développer massivement la prime à la conversion, a annoncé Edouard Philippe. Pour les 20% des Français les plus modestes, la monter de 2 000 à 4 000 euros, pour des véhicules d’occasion, moins consommateurs." Matignon précise à franceinfo que cette prime pourra permettre aux Français de changer leur véhicule contre un véhicule électrique ou hybride, mais aussi pour racheter des véhicules diesel neufs ou récents. La prime pourra atteindre  jusqu'à 5 000 euros dans le cas d'un véhicule hybride ou électrique, neuf ou d’occasion, précise encore Matignon à franceinfo.

Le Premier ministre a aussi pris un exemple concret pour un couple avec deux enfants gagnant 1,8 smic, soit 2 697,25 euros. "Ils n'étaient pas dans la cible, ils vont être dans la cible et ils vont pouvoir être accompagnés." Le chef du gouvernement a poursuivi les exemples chiffrés : "Vous avez un Français qui a acheté une 206 diesel au milieu des années 2000, qui consomme 6 litres aux 100. Avec la super-prime, il va pouvoir acheter un véhicule, y compris d'occasion, plus récent, qui lui permettra de passer à une consommation peut-être de 5 litres aux 100. Une C3 essence d'occasion, vous pouvez l'acheter à 5 500 euros, cela veut dire que le reste à charge pour le Français, ce sera 1 000 à 1 500 euros."

Difficile de savoir combien de Français seront tentés de changer de véhicule grâce à cette "super-prime", mais le Premier ministre se fixe des objectifs élevés."La prime à la conversion automobile, on s'était engagé à en financer 500 000 sur le quinquennat. Au cours des dix-huit premiers mois, on en a déjà fait 280 000, ça veut dire que c'est un instrument qui marche. (...) On va viser un million de primes à la conversion, on va doubler l'objectif." 

2L'élargissement de l'indemnité kilométrique 

Le gouvernement souhaite aussi aider ceux qui ne seront pas concernés par cette "super-prime" à la conversion. "On va faire autre chose, on va viser les grands rouleurs, en modifiant et en élargissant (...) le système d'indemnité kilométrique", a ajouté Edouard Philippe. Ce système, utilisé par "cinq millions des Français", permet à ceux qui utilisent beaucoup leur voiture de bénéficier d'un abattement fiscal en déclarant leurs revenus aux frais réels.

"Nous allons élargir ce système (...), notamment pour les petites cylindrées, a poursuivi le locataire de Matignon, pour faire en sorte, que ceux qui roulent beaucoup, mais avec des voitures qui consomment peu ou polluent peu puissent être avantagés." Là encore, difficile de savoir qui sera concerné. Néanmoins, "à partir de 60 ou 70 km par jour, on peut être considéré comme un gros rouleur", a estimé le Premier ministre.

3La défiscalisation des aides régionales

Comme l'avait souhaité le président de la République, Edouard Philippe a aussi annoncé que le gouvernement défiscalisera les aides à l'achat de carburant versées par les collectivités territoriales, à l'image de ce que font les Hauts-de-France. La région présidée par Xavier Bertrand a mis en place une aide de 20 euros par mois pour les habitants qui sont contraints de faire plus de 30 km en voiture par jour pour aller travailler. Le Premier ministre a également annoncé qu'une défiscalisation serait mise en place pour les aides régionales au covoiturage.

4L'élargissement du chèque énergie

Selon Edouard Philippe, le sujet de l'énergie est "au moins aussi important" que celui des carburants. Il a d'abord confirmé l'augmentation de 150 à 200 euros du chèque énergie, une mesure déjà prévue dont le coût avoisine les 200 millions d'euros. Cette aide est versée aux ménages modestes pour les aider à payer leurs factures d'énergie (gaz, électricité, etc.). Le chef du gouvernement a surtout ajouté que le chèque énergie sera élargi pour toucher 5,6 millions de foyers, contre 3,6 millions actuellement. 

5La suppression des chaudières au fioul

Edouard Philippe a aussi fixé l'"objectif ambitieux" de supprimer toutes les chaudières individuelles au fioul d'ici à dix ans en France. "Notre objectif est de permettre aux Français de se libérer de cette énergie chère, étrangère et polluante", a débuté le chef du gouvernement.

"Nous allons développer la prime à la conversion des chaudières pour faire en sorte que les Français puissent se libérer de cette contrainte extraordinaire d'utiliser le fioul pour se chauffer", a déclaré le Premier ministre. Il promet de prendre en charge "un tiers du coût global de transformation".

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