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Air France : le DRH à la chemise arrachée raconte son agression

Xavier Broseta, le cadre d'Air France agressé par des salariés en colère, témoigne dans "Le Parisien".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le Directeur des ressources humaines d'Air France, Xavier Broseta, le 5 octobre 2015. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

"C'est la cohue, ça pousse, ça tire." Xavier Broseta, le directeur des ressources humaines d'Air France, dont la chemise avait été arrachée par des salariés en colère lors d'une réunion annonçant un plan de restructuration menaçant 2 900 postes, revient sur cette agression dans l'édition du 26 octobre du Parisien.

"Tous les boutons sautent, ma chemise y reste"

Le 5 octobre quand le comité central d'entreprise débute, "l'ambiance est déjà tendue", raconte Xavier Broseta au Parisien. Le DRH de la compagnie de la compagnie aérienne reçoit des textos réguliers pour l'informer que les manifestants approchent. "Vers 10h15, ils sont près du siège. A ce stade, nous avons encore confiance dans le portail", confie-t-il. "Tout s'accélère quelques minutes plus tard, je reçois un texto d'un collègue qui est dehors, dans la foule : 'Evacuez'." Le secrétaire de la séance, un syndicaliste de la CGT, souhaite poursuivre les discussions, pensant "qu'il n'y a pas le feu" puis "tout est confus".

Alors que le PDG d'Air France Frédéric Gagey a déjà été évacué, des responsables syndicaux tentent de protéger Xavier Broseta et d'autres membres de la direction. "C'est la cohue, ça pousse, ça tire, on tente d'aller dans une autre salle. Ma veste se déchire, je la prends dans mes bras avec mes affaires. Nous sommes poursuivis", se remémore le responsable.

Dehors, "quelqu'un m'attrape par derrière, tire le col de ma chemise, si fort que le bouton du col lâche. On me tire fort vers l'arrière et moi je tire fort dans l'autre sens pour me dégager. Tous les boutons sautent, ma chemise y reste", ajoute-t-il. Avec un autre dirigeant d'Air France, ils escaladeront une grille pour échapper aux manifestants. L'image fera le tour du monde.

"Nous ne sommes pas dans un esprit de vengeance"

Xavier Broseta a porté plainte car "certaines formes de violence n'ont pas leur place dans une négociation", estime-t-il. Dix-huit salariés sont concernés par des procédures de sanctions, 12 pour les dégradations de matériel ou ouverture frauduleuse des portes d'accès au siège et six pour des agressions physiques. Cinq personnes sont par ailleurs poursuivies par la justice pour violences en réunion. Le DRH souhaite des sanctions "les plus justes et les plus proportionnées possibles" : "Nous ne sommes pas dans un esprit de vengeance", déclare-t-il.

Le responsable regrette surtout de "ne pas avoir été compris par certaines personnes", notamment de politiques qui ont réagi à l'incident. Il raconte avoir reçu plus de 1 000 messages de soutien, dont certains de salariés et de syndicalistes : "Beaucoup au syndicat regrettent que ça soit tombé sur toi. Je sais que tu fais ton travail le plus honnêtement possible", lui par exemple écrit un membre de la CGT. Il assure lui-même avoir beaucoup d'estime pour les syndicalistes : "Je suis et reste convaincu [qu'ils] sont de grands bienfaiteurs de l'humanité."

Il propose des contrats en fonction de la productivité

Le DRH veut maintenant tourner la page et espère sortir la compagnie de l'impasse. Il propose aux salariés de choisir entre trois contrats de travail, en fonction de leur productivité. "Dans le premier, le salarié accepte d'atteindre la productivité demandée, son salaire reste identique à celui d'aujourd'hui. Dans le deuxième, il travaille encore plus, mais gagne plus. Dans le troisième, enfin, il peut refuser de suivre cette hausse de la productivité, mais alors sa rémunération diminue", explique Xavier Broseta au quotidien. "On a fait cette proposition aux pilotes, on peut l'étendre aux hôtesses et aux stewards, indique le responsable. C'est sur la table."

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