Comité d'entreprise à Air France : "Les manifestants étaient chauffés à blanc, comme de véritables bêtes"
Des centaines de salariés en colère ont pris à partie plusieurs dirigeants d'Air France ce lundi matin lors du comité central d'entreprise. Francetv info revient sur les événements.
Torse nu, un homme fuit le siège d'Air France, en escaladant les grillages, suivi d'une foule de manifestants... La scène, d'une tension inhabituelle, a lieu pendant le comité central d'entreprise d'Air France : l'homme est Xavier Broseta, le DRH de la compagnie aérienne.
Lundi matin, le comité d'Air France a été interrompu par des centaines de manifestants qui protestaient contre le plan de restructuration annoncé le 2 octobre. Violentés, des membres de la direction ont été obligés de s'enfuir sous la protection de vigiles. Au total, sept personnes ont été blessées, dont une grièvement. Francetv info a interrogé plusieurs syndicalistes présents lors de cette réunion hors du commun.
"Virons nos patrons"
"La présentation du plan de restructuration venait de se terminer lorsqu'on nous a avertis que le siège était envahi par les manifestants en colère", témoigne Béatrice Lestic, secrétaire générale de la CFDT Air France, contactée par francetv info. Le "folklore habituel" des manifestants s'est alors transformé en véritable chaos. Sous les slogans "Dégage" et "Virons nos patrons", Frédéric Gagey, le PDG d'Air France, est rapidement conduit vers la sortie, suivi de près par les élus du comité.
Le directeur des ressources humaines d'Air France, Xavier Broseta, n'a pas le temps de sortir qu'il est submergé par un flot de manifestants scandant "De Juniac, démission !" Complètement "déchaînés", les manifestants commencent alors à prendre à partie le dirigeant et à le suivre, sans que la sécurité puisse intervenir. Dans une scène de confusion totale, "un homme crie au mégaphone : 'Lâchez-les tout de suite !'" explique à francetv info Jean-Pierre Bernasse, syndicaliste Unsa aérien, présent lors du comité. "On ne pouvait pas du tout suivre ce qu'il se passait."
C'était vraiment chaud, il y avait beaucoup de bruit et énormément de monde. C'est vite devenu l'anarchie.
Au bout de quelques instants, Xavier Broseta parvient à quitter les lieux. Torse nu, un morceau de chemise au bras, le visage paniqué, il escalade le grillage aidé de vigiles, pour se sauver, sous les huées des manifestants. Le responsable de l'activité long-courrier chez Air France, Pierre Plissonnier, est lui aussi bousculé. Il s'enfuit en courant, la chemise déchirée.
Je n'aurais jamais imaginé que cela irait aussi loin. C'est indigne de la part de ces salariés, mais je sais qu'il s'agit d'individus isolés.
Air France annonce porter plainte
A midi, alors que le calme est revenu au siège, la direction d'Air France annonce porter plainte pour "violences aggravées", commises notamment sur Xavier Broseta, qui "a manqué de se faire lyncher". De leur côté, la plupart des syndicats d'Air France condamnent les débordements : "C'est une véritable honte, je suis sidéré par ce qui vient de se passer", lance Ronald Noirot, responsable de la CFE-CGC, membre du CCE, contacté par francetv info. "En trente-cinq ans passés à Air France, je n'ai jamais vu cela."
On a assisté à quelque chose de très grave. Les manifestants étaient chauffés à blanc, comme de véritables bêtes.
#UNSA condamne fermement l'agression du DRH d'Air France. La violence physique contre les personnes ce n'est pas du syndicalisme #AirFrance
— UNSA Cie Aériennes (@SelfUNSA) 5 Octobre 2015
Seule la CGT se montre plus mesurée et exprime sa volonté de "calmer les choses", sans faire part de ses regrets. "On ne voulait pas que le CCE soit envahi", admet Mehdi Kemoune, secrétaire général adjoint du syndicat, mais "on avait prévenu la direction que la situation pourrait dégénérer", appelant même à renforcer la sécurité. "Comme d'habitude, elle ne nous a pas écoutés. Maintenant, qu'elle en assume les conséquences".
En milieu d'après-midi, la direction d'Air France a annoncé être prête à reprendre les discussions avec son personnel, sans donner de précisions sur une quelconque date.
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