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Violences du 14-Juillet : les trois failles du dispositif policier

Le traditionnel défilé militaire a donné lieu dimanche à des affrontements entre les forces de l'ordre et des manifestants se réclamant du mouvement des "gilets jaunes". Les mesures de sécurité prévues n'ont pas permis d'éviter des débordements.

Article rédigé par franceinfo
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Les forces de l'ordre sur l'avenue des Champs-Elysées à Paris, dimanche 14 juillet, lors des affrontements avec des manifestants peu après le défilé militaire. (SAMUEL BOIVIN / NURPHOTO / AFP)

Ce sont des images qui rappellent les manifestations tendues du mouvement des "gilets jaunes" cet hiver. Dimanche 14 juillet, des manifestants se sont rendus sur les Champs-Elysées lors du défilé militaire pour protester contre la politique d'Emmanuel Macron. La situation a dégénéré, donnant lieu à des affrontements parfois violents avec les forces de l'ordre. Malgré le faible nombre de manifestants, entre 150 et 200, la police a eu bien du mal à reprendre l'avenue. Trois failles dans le dispositif de sécurité peuvent l'expliquer.

Les forces de l'ordre ne sont pas parvenues à filtrer les "gilets jaunes"

Dimanche, un arrêté préfectoral interdisait "tout rassemblement de personnes se revendiquant du mouvement des gilets jaunes" dans le périmètre des Champs-Elysées. Encore fallait-il pouvoir faire la différence entre les spectateurs, venus nombreux ce jour-là pour assister à la parade militaire, et les "gilets jaunes". Car ces derniers n'ont pas revêtu leur vêtement emblématique pour manifester. La fouille des sacs n'a pas non plus permis de les repérer, la plupart d'entre eux étant venus sans matériel particulier.

La maire (LR) du 8e arrondissement, Jeanne d'Hauteserre, a pointé du doigt lundi matin sur franceinfo le "manque d'anticipation" des autorités : "On ne pensait pas du tout à ça avec le système de filtrage qui avait été mis en place pour empêcher les 'gilets jaunes' d'accéder aux Champs-Elysées. Apparemment, ils ont quand même pu accéder sans porter de gilets jaunes."

Une distinction entre badauds et manifestants tout aussi compliquée pour les forces de l'ordre au moment d'intervenir, pointe la maire du 8e arrondissement : "Ne sachant pas qui est 'gilet jaune' et qui ne l'est pas, les forces de l'ordre ne font pas trop la différence entre touristes ou non. On leur dit d'évacuer donc ils évacuent."

Les débordements se sont produits au moment de la "relève des forces"

"La préfecture de police a mis en place un dispositif de type service d'ordre alors qu'il aurait fallu peut-être mettre en place un dispositif pour contenir des violences urbaines", a critiqué dimanche soir Philippe Goujon, le maire (LR) du 15e arrondissement. Interrogé par franceinfo lundi matin, David Michaux, secrétaire National CRS Unsa Police, pointe une autre explication : le moment où se sont produits les débordements. En effet, l'intervention des forces de l'ordre a été compliquée par "la relève des forces", qui a eu lieu après le défilé.

"Le moment de l'interpellation et de l'action de la police s'est faite au moment où avait lieu la relève des forces, explique David Michaux. Le dispositif du défilé était levé, les équipes du matin étaient relevées par celles de l'après-midi et c'est là que les débordements se sont produits."

Dans les nombreuses vidéos des affrontements partagées sur les réseaux sociaux dimanche après-midi, on peut effectivement constater que les CRS semblent désorganisés, certains se trouvant même isolés pendant les violences.

Le mobilier urbain utilisé pour encadrer le défilé a servi de barricades aux manifestants

Lors des premières interpellations, une partie des manifestants s'est emparée des barrières de sécurité dressées le long des trottoirs des Champs-Elysées pour en faire des barricades, comme on peut le voir sur une vidéo relayée sur Twitter par le maire du 17e arrondissement, Geoffroy Boulard. Ce système, connu des forces de police, avait déjà été utilisé lors des précédentes manifestations de "gilets jaunes" pour entraver les charges de CRS.

La préfecture de police de Paris a d'ailleurs pris l'habitude de faire retirer, avant chaque samedi de manifestation, le mobilier urbain pouvant servir de barricades. Selon nos informations, dimanche 14 juillet, le matériel de chantier présent sur les Champs-Elysées avait bien été retiré mais les forces de l'ordre n'ont pas eu le temps d'enlever les barrières de sécurité, les affrontements ayant eu lieu à la fin du défilé militaire.

A l'issue des échauffourées, 152 personnes ont été interpellées. Parmi eux figuraient trois figures du mouvement des "gilets jaunes" : Maxime Nicolle, Eric Drouet et Jerôme Rodrigues. Ils ont tous les trois été relâchés en milieu d'après-midi.

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