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Vidéo Violences policières : quand le logiciel qui recense les interventions des forces de l'ordre a des "trous"

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Envoyé spécial. Violences policières : quand le logiciel qui retrace les interventions des forces de l'ordre a des "trous"
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Article rédigé par France 2
France Télévisions

Fracture de la boîte crânienne, gros hématome dû à un impact de LBD... Des images vidéo montrent ce qui est arrivé à Maria le 8 septembre 2018, en marge d'une manifestation des "gilets jaunes" à Marseille. Que s'est-il passé ? Curieusement, dans le logiciel policier qui répertorie les interventions des forces de l'ordre, certaines données manquent... Extrait d'une enquête d'"Envoyé spécial" à voir le 11 juin 2020.

Fracture de la boîte crânienne avec œdème sur le cerveau, gros hématome sur la cuisse dû à un tir de LBD : Maria, 20 ans, est restée onze jours à l'hôpital. Que s'est-il passé le samedi 8 décembre 2018 rue de la Glace, à Marseille ? Vers 18h30, la jeune fille se trouve par hasard à l'angle de la rue Saint-Ferréol. Non loin de là, les "gilets jaunes" manifestent. 

La suite est visible sur des images vidéo filmées par un riverain. Il y a aussi sept témoins qui, tous, racontent l'extrême violence des forces de l'ordre. Les policiers ont laissé la jeune fille au sol, en sang. Qui sont-ils ? Qui est leur responsable ? 

Maria a tenté de porter plainte à deux reprises, juste après les faits. Selon elle, dans les deux commissariats où elle s'est rendue, les policiers auraient refusé de prendre sa plainte. Ils lui auraient affirmé qu'un signalement à l'IGPN suffisait – ce qui est faux. 

"Un rapport de synthèse de Pégase apparaissait comme tronqué sur la tranche 14h37 - 23h21"

Cinq mois plus tard, quand une enquête est enfin ouverte, des preuves précieuses ont été effacées. Les images de vidéosurveillance des échanges radio de la police n’ont pas été conservées, il est trop tard pour avoir accès aux images de vidéosurveillance et aux échanges radio de la police. Reste le logiciel Pégase, qui recense les interventions des forces de l'ordre. Il aurait pu permettre de savoir quelle brigade se trouvait sur les lieux. Mais curieusement, pour le jour où Maria a été frappée, son rapport de synthèse apparaît comme "tronqué sur la tranche horaire 14h37 - 23h21", selon les termes du premier compte rendu de l'IGPN : il ne mentionne aucune donnée.

Que s'est-il passé ? L'IGPN a auditionné la fonctionnaire de police marseillaise en charge de Pégase. On lui a demandé si ce type de dysfonctionnement était fréquent. Sa réponse est très claire : "Depuis ma prise de fonction, en septembre 2017, précise sa déposition, je ne suis jamais tombée sur une fiche qui présentait un tel trou. Pour moi, il ne s'agit pas d'un problème sur le logiciel Pégase."

Dans son compte rendu, l'IGPN écrira pourtant exactement le contraire. Le rapport de la police des polices évoque un "dysfonctionnement informatique s'étant déjà ponctuellement produit par le passé". Pourquoi la "police des polices" conclut-elle à un bug informatique alors qu'il paraît peu probable pour la fonctionnaire en charge de Pégase ? A ce jour, aucune réponse. 

Extrait de" Violences policières : quelle justice ?", une enquête à voir dans "Envoyé spécial" le 11 juin 2020.

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