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"J'ai eu beau reconnaître mon erreur, on continue de s'acharner" : un journaliste de BFMTV dénonce les menaces de certains "gilets jaunes"

Dimanche, lors d'un duplex depuis les Champs-Elysées à Paris, Barthélémy Bolo a désigné, à tort, une zone de chantier comme étant la conséquence de dégradations commises par les "gilets jaunes". Depuis, il fait l'objet de menaces sur les réseaux sociaux. 

Article rédigé par Raphaël Godet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Capture d'écran d'un reportage sur les Champs-Elysées diffusé dimanche 25 novembre 2018 sur BFMTV. (BFMTV)

"Je ne pensais pas vivre un truc pareil un jour." Après une erreur à l'antenne de BFMTV, dimanche 25 novembre, Barthélémy Bolo a reçu des menaces sur les réseaux sociaux. Le journaliste a montré une zone de chantier sur les Champs-Elysées, dépourvue de pavés, en la présentant à tort comme une conséquence d'un dépavage lors de la manifestation des "gilets jaunes" la veille. Il s'agissait en réalité d'une piste cyclable en construction. Il dénonce depuis un "acharnement" contre sa personne.

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Franceinfo : Que s'est-il passé dimanche ?

Barthélémy Bolo : Au lendemain du rassemblement des "gilets jaunes" qui a mal tourné, ma chaîne m'a envoyé sur les Champs-Elysées pour faire des duplex. A l'antenne, j'ai montré une zone de chantier où il n'y avait plus de pavés. J'ai expliqué qu'ils avaient été utilisés par les manifestants. Je me suis trompé, c'était une erreur d'appréciation de ma part. Mais ça n'empêche que des "gilets jaunes" ont bel et bien enlevé une partie des pavés sur la zone de travaux où je me trouvais.

Et depuis ?

Depuis, c'est un tombereau de merde qui me tombe sur la tête. Ça a commencé dimanche, juste après ce fameux duplex. Mais ça s'est vraiment amplifié lundi matin. Je suis littéralement cloué en place publique par le tribunal des réseaux sociaux. Ce sont des centaines de commentaires plus insultants les uns que les autres. On menace de me casser la gueule, on me dissuade de remettre les pieds sur les lieux d'une manifestation des "gilets jaunes"... J'ai eu beau reconnaître mon erreur sur Twitter lundi matin, on continue de s'acharner. Je pensais que ça allait éteindre l'incendie. Bien au contraire, ça continue de plus belle.

Comment le vivez-vous ?

Très mal. J'ai coupé les réseaux sociaux, je ne regarde plus la télé. Mes proches ont peur pour moi, et ça, c'est quelque chose qui n'est pas acceptable. Je ne suis que journaliste. Il y a quelques mois, il m'était déjà arrivé des problèmes lors d'une manifestation de lycéens contre les violences policières. J'avais reçu un coup de ceinture qui m'a ouvert le crâne. Mais le harcèlement sur les réseaux sociaux, c'est encore plus violent finalement : il déstabilise psychologiquement, il provoque des angoisses… Pour être tout à fait franc, je ne pensais pas vivre un truc pareil un jour. J'ai décidé de porter plainte, mercredi, pour "menaces" et "harcèlement". On ne peut pas laisser passer ça, il ne faut pas que les gens se sentent en impunité.

Allez-vous malgré tout continuer à traiter le mouvement des "gilets jaunes" ?

Je suis actuellement en arrêt de travail parce que la peur de l'agression est trop forte. Mais d'un commun accord avec la chaîne, il a été décidé de ne pas me remettre sur les "gilets jaunes" pendant quelque temps. On verra ensuite comment les choses évoluent. Mon histoire arrive dans un contexte particulier pour nous, journalistes à BFMTV. Nous sommes constamment visés par les manifestants. A Toulouse, l'un de nos journalistes a également été agressé samedi. Ce n'est plus possible.

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