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"Ils avaient la bave aux lèvres" : un journaliste de BFMTV visé par des "gilets jaunes" à Toulouse raconte son agression

Des reporters des chaînes BFMTV et CNews ont été agressés par des manifestants en marge d'un rassemblement dans la ville rose. "Ils avaient la haine, ils voulaient se faire un journaliste", témoigne Jean-Wilfrid Forquès.

Article rédigé par Thomas Baïetto - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des manifestants du mouvement des "gilets jaunes", le 24 novembre 2018 à Toulouse (Haute-Garonne). (PASCAL PAVANI / AFP)

Au téléphone, Jean-Wilfrid Forquès semble secoué. "Je dis souvent que le danger est plus au coin de la rue qu'au bout du monde. Hier, je l'ai vérifié dans ma ville", confie-t-il à franceinfo. Correspondant pour BFMTV à Toulouse, le journaliste a été violemment pris à parti, samedi 24 novembre, avec des confrères de CNews, par des manifestants en marge d'un rassemblement de "gilets jaunes". Le reporter revient sur cette agression pour laquelle il a porté plainte.

Franceinfo : Que s'est-il passé ?

Jean-Wilfrid Forquès : Nous suivions une manifestation d'environ 1 000 personnes près du Capitole. Quand nous étions à côté d'eux, on a entendu toute une série de "compliments" : "cette chaîne de merde", "enfoiré de BFM". Nous avons changé d'endroit pour faire une image en direct. J'ai dit à mon JRI, "on va se mettre là, il y a cinq CRS, on sera en sécurité". Mais les policiers sont partis.

A ce moment-là, nous avons été serrés. 200 personnes se sont rapprochées de nous. Pour la première fois de ma vie, je travaillais avec une bonnette noire [la mousse du micro, habituellement bleue avec le logo de la chaîne], mais j'ai beau avoir une bonnette rouge, verte à damier ou à carreau, à Toulouse, je suis identifié.

Je vis dans la ville, pas sur une autre planète. Ils ont commencé à dire, 'c'est l'autre enfoiré de BFM, la chaîne de Macron, ces bâtards de BFM'.

Jean-Wilfrid Forquès

à franceinfo

Pendant de longues minutes, ils ont crié "BFM collabo, BFM collabo". Ça, c'est le premier truc qu'on n'oublie pas. CNews a aussi été prise à partie.

A quel moment avez-vous compris que vous étiez en danger ?

Au bout d'un moment, un mec a donné le top départ, en criant "dégagez, sinon on vous défonce". C'était des mecs avec des "gilets jaunes", mais ils avaient la bave aux lèvres. Ils avaient la haine, ils voulaient se faire un journaliste.

Là, j'ai vu arriver sur moi un tsunami de 'gilets jaunes'. Mon garde du corps – je travaille avec deux gardes du corps depuis une semaine – m'a dit 'cours cours, dépêche-toi'.

Jean-Wilfrid Forquès

à franceinfo

Vingt à trente personnes m'ont foncé dessus, j'ai fait 100 m en sprintant, en me disant "si tu tombes, c'est terminé". J'ai voulu d'abord me réfugier dans un fourgon de police mais il était vide, je suis rentré dans un magasin et mes deux gardes du corps ont fait écran. Ils ont été monstrueux, remarquables. La police a ensuite chargé pour éloigner les manifestants.

C'est la première fois que vous êtes confrontés à ce type de situation ?

Oui. Cela fait 31 ans que je fais ce métier. J'ai couvert des guerres, des conflits sociaux, des catastrophes. Je dis souvent que le danger est plus au coin de la rue qu'au bout du monde, hier, je l'ai vérifié dans ma ville. J'ai pris une bonne décharge électrique sur la tête.

C'est la presse en général qui est visée, on est tous dans le même bateau.

Jean-Wilfrid Forquès

à franceinfo

Si un média lâche, tout le monde lâche. Dans la rue, cela peut être quelqu'un de France Bleu, de Midi Libre ou de CNN... Cela peut arriver à une personne inexpérimentée. Hier, c'est tombé sur moi et c'est un sentiment désagréable.

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