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"Si ça continue comme ça dans deux-trois jours on ferme la baraque" : La Réunion sous tension au huitième jour de la mobilisation des "gilets jaunes"

Depuis le début de la mobilisation des "gilets jaunes", la situation est tendue sur l'île de la Réunion. Pour cette huitième journée de mobilisation, les manifestants ont prévu de se réunir autour des 21 barrages de l'île, notamment celui du Port Est, lieu stratégique.

Article rédigé par franceinfo, Benjamin Mathieu
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des "gilets jaunes" à Sainte-Marie sur l'île de la Réunion, le 22 novembre 2018. (RICHARD BOUHET / AFP)

La colère des "gilets jaunes" se poursuit samedi 24 novembre. Pour ce huitième jour de mobilisation, des manifestants ont prévu de se réunir un peu partout en France métropolitaine, notamment sur le Champ-de-Mars à Paris où la manifestation a été autorisée par le ministère de l'Intérieur. Sur l'île de la Réunion, la situation reste très tendue. 

Ce qui frappe le plus sur cette île de 800 000 habitants c'est l'impression que le temps est suspendu. Personne dans les rues, ni piéton, ni voiture et cela bien avant 21 heures, l'heure de l'entrée en vigueur du couvre-feu décidé par la préfecture depuis mardi. Vendredi soir, ce couvre-feu n'a pas été respecté par quelques centaines de "gilets jaunes" qui manifestaient juste devant les fenêtres du préfet. De leur côté, les commerçants vivent une période compliquée avec une activité restreinte. C'est le cas dans cette pizzeria du centre-ville tenue par Jean-Pierre, le gérant, qui se dit victime de pressions pour fermer son restaurant dès 20 heures : "Il y a des gens qui viennent, qui s'amusent, on ne sait pas qui ils sont, ils passent et disent qu'il faut fermer et par sécurité on préfère fermer [...] Nos fournisseurs ne peuvent pas venir jusqu'ici pour nous livrer, par conséquent on essaye de courir partout dans les grandes surfaces pour essayer de ravitailler mais si ça continue comme ça dans deux-trois jours on ferme la baraque comme on dit !"

Pour les habitants aussi c'est la "débrouille"

Les difficultés rencontrées pour les commerçants sont les mêmes du côté des habitants. Pour eux aussi, c'est la "débrouille". Ils se lèvent tôt le matin pour aller faire leurs courses et éviter ainsi les barrages filtrants présents sur toute l'île et qui ralentissent vraiment la circulation. Sur la Nationale 1 qui ceinture l'île, les Réunionnais ne trouvent pas forcément de quoi se ravitailler, c'est donc le bouche-à-oreille qui fonctionne ici. Pour exemple, ce groupe Facebook d'entraide créé il y a quelques jours et devenu très populaire "Tienbo974", 974 étant le numéro du département de La Réunion. On y trouve des bons plans pour du poisson ou des légumes provenant de grossistes locaux, car ceux qui appartiennent aux grands groupes qui alimentent l'île sont bloqués, soit au niveau des barrages, soit dès le Port Est, le poumon économique de l'île où arrivent les marchandises, bloqué par les "gilets jaunes". 

Port Est, site stratégique de l'île

Samedi, les 21 barrages de l'île vont être de nouveau actif et on attend deux gros rassemblements : le premier devant la préfecture de Saint-Denis pour maintenir la pression sur l'Etat, l'autre à Port Est, sur la façade ouest à une vingtaine de kilomètres de la préfecture où les "gilets jaunes" empêchent les camions de livraison de sortir du port. Ces derniers craignent une tentative de reprise en main par les forces de l'ordre de ce site stratégique, voire vital pour l'île. Ils seront donc nombreux pour le protéger coûte que coûte, c'est leur moyen de pression le plus efficace.

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