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"Gilets jaunes" : "Quand est-ce que ça va cesser ?", s'interrogent des commerçants épuisés par la casse et des pillages

Des boutiques ont été endommagées, parfois pillées, en marge de la manifestation des "gilets jaunes" à Paris. Les commerçants du quartier Saint-Lazare à Paris témoignent, lundi, de leur exaspération. 

Article rédigé par franceinfo - Claire Leys
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une boulangerie dévastée en marge de la mobilisation nationale des "gilets jaunes" dans le quartier Saint-Lazare samedi 8 décembre 2018. (ERIC FEFERBERG / AFP)

Le début de semaine s'annonce difficile en région et à Paris pour les commerçants qui ont subi des dégradations, en marge de l'acte IV des "gilets jaunes". À Paris, quartier Saint-Lazare, lundi 10 décembre, l'heure est au nettoyage et au calcul du manque à gagner, alors qu'un cinquième épisode de manifestation nationale est dans l'air.

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Arnaud saigne. Ce commerçant vient de se couper avec du verre brisé en nettoyant sa boutique. Sur la façade, des graffitis et à l'intérieur, des meubles endommagés. "Ils ont brisé les vitres, tout a été pillé. Je pense que ceux qui ont fait ça sont en train de dormir, à l'heure où on parle", confie-t-il. Il ne sait pas quand il pourra rouvrir. À quelques mètres, c'est l'impression d'un cauchemar qui se répète pour Safiatou. C'est la deuxième fois que son Franprix est ravagé par des casseurs cagoulés. "Le magasin est défoncé", témoigne-t-elle. Les vitres du magasin sont en train d'être remplacées par des planches en bois. Le coût se monte déjà à 28 000 euros pour la commerçante. "Samedi prochain, on ne va pas ouvrir", sinon ce sera "toujours des pertes, des pertes...", déplore-t-elle. 

"L'outil de travail" visé 

Franck n'en peut plus. Samedi, 16 personnes ont fait irruption dans son magasin de chaussures orthopédiques. Ordinateurs, marchandise, les casseurs ont tout pris dans l'atelier. Dimanche, lorsque le ministre de l'Économie, Bruno Le Maire, est venu constater les dégâts, Franck l'a directement interpellé. "Il va falloir qu'on puisse se protéger, se défendre. Quand vous travaillez et que vous vous faites piller, casser, quand vous perdez votre outil de travail, nous aussi, à un moment donné, on devient vraiment pas contents. Et ce n'est pas du tout notre but, déclare ce commerçant. C'est pour ça que je me suis adressé à monsieur le ministre, pour qu'on puisse savoir quand est-ce que ça va cesser. Ça ne dépend pas de nous." 

"Des touristes annulent pour janvier"

Les hôteliers aussi exigent la fin de cette casse. Dans le quartier Saint-Lazare, l'entrée très chic d'un hôtel cinq étoiles est dissimulée derrière des palissades entièrement taguées. Samedi, les clients sont restés cloîtrés. L'établissement n'a pas subi de dégâts, mais lorsque les touristes appellent Rayane, la réceptionniste, ce n'est plus pour réserver une chambre. "On a énormément d'annulations. Il y a même des clients qui ont demandé à annuler des réservations en janvier. Venir à Paris et ne pas pouvoir voir la tour Eiffel ou l'Arc de Triomphe, ça ne sert un peu à rien pour eux", déclare-t-elle. Les réservations de fin d'années ont reculé d'au moins 10%, selon les professionnels de l'hôtellerie.

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