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"Gilets jaunes" : à quoi faut-il s'attendre pour "l'acte 6" de la mobilisation ?

Une nouvelle journée d'actions est prévue samedi 22 décembre, avec un dispositif allégé par rapport au week-end dernier. 

Article rédigé par franceinfo
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Un "gilet jaune" devant les forces de l'ordre lors de "l'acte 5" du mouvement sur les Champs-Elysées, à Paris, le 15 décembre 2018.  (ZAKARIA ABDELKAFI / AFP)

Malgré un essoufflement lors de "l'acte 5" et les annonces du gouvernement, ils ne désarment pas. Des "gilets jaunes" appellent à un "acte 6", samedi 22 décembre, premier jour des vacances de Noël. La mobilisation s'annonce protéiforme, avec des actions en région parisienne, en province mais aussi aux frontières. Franceinfo fait le point sur ce qui est prévu à l'heure actuelle.  

Des rassemblements à Versailles et à Paris

Eric Drouet, l'un des leaders du mouvement, a appelé sur une page Facebook à un rassemblement à Versailles à partir de 8 heures samedi. "Fini Paris et ses petites rues !", peut-on lire dans la description. Le choix de cette ville, ancien siège de la royauté française, n'est pas un hasard pour celui qui avait appelé à "entrer dans l'Elysée"Le château de Versailles et le reste du domaine seront d'ailleurs fermés, en prévision d'une possible manifestation. Plusieurs centaines de personnes pourraient répondre à cet appel, d'après le préfet des Yvelines.

Comme le signale le Huffington Post, une autre page Facebook intitulée "Acte 6 Préparons Noël à Paris !" invite à un rassemblement place de l'Opéra, à Paris, à partir de 10 heures. "Tous assis pour dissuader les forces de l'ordre de nous charger" et "pour nous distinguer des casseurs", précise l'évènement, auquel plus de 400 participants étaient inscrits jeudi. 

Toujours dans la capitale, la place de l'Etoile et le parvis de la Défense pourraient également être des lieux de convergence, comme l'écrit BFMTV.

Les commerces parisiens, qui devraient accueillir de nombreux clients à trois jours de Noël, ont été "invités à faire preuve de vigilance" par la préfecture de police.

... mais des actions concentrées en province 

Une carte a été partagée ces derniers jours sur les messageries privées des "gilets jaunes" sur Facebook, relayée aussi auprès de certains journalistes de franceinfo. Elle y appelle à une opération "Paris vide", avec des actions dans 14 villes de province, dont Lille, Toulouse, Strasbourg ou encore Nantes. "Personne à Paris, cela empêchera d'être retenus aux portes de la capitale, les gardes à vue...", peut-on y lire. 

Carte partagée sur Facebook en vue de "l'acte 6" du mouvement des "gilets jaunes", le 22 décembre 2018. (DR)

À Bordeaux, où 4 500 "gilets jaunes" étaient mobilisés samedi dernier, davantage que dans la capitale, aucune manifestation n'a été déclarée selon la préfecture, bien que des appels aux rassemblements circulent sur les réseaux sociaux.

Musées et jardins publics resteront fermés. Le match de Ligue 1 Bordeaux-Amiens, prévu samedi à 21 heures, a été reporté à dimanche 17 heures.

Le collectif "Gilets jaunes constructifs" appelle à manifester "pacifiquement" puis à "réaliser les achats de Noël dans les commerces situés sur le parcours de la manifestation". Les manifestations des 8 et 15 décembre avaient été marquées par des violences dans la ville.

Fabrice Schlegel, un des fondateurs du mouvement à Dole (Jura), est lui en faveur d'"une sorte de trêve des confiseurs", craignant que le mouvement ne se "radicalise", avec des "énervés qui ne vont pas rentrer à la baraque comme ça".

... et un appel à bloquer les frontières  

"L'acte 6" se veut avant tout européen, avec un appel à bloquer les frontières avec les pays limitrophes. Sur la page Facebook consacrée à l'évènement, qui comptait plus d'un millier de participants vendredi, les "gilets jaunes" sont invités à bloquer les camions et non les particuliers, afin de respecter la "libre circulation des personnes".

Des points de blocage sont prévus au niveau des frontières franco-belge (Maubeuge-Bettignies, Tourcoing, Dunkerque, Hertain), franco-allemande (Strasbourg-Kehl, Gambsheim), franco-espagnole (Le Perthus/Le Boulou, La Jonquera) et franco-italienne (Menton-Vintimille). Les ports de Saint-Nazaire, de Brest et de Saint-Malo pourraient aussi être concernés. En Auvergne-Rhône-Alpes, un blocage est prévu au rond-point de la vigie, à Chamonix.

Priscilla Ludosky, l'une des figures du mouvement, précise sur sa page Facebook qu'elle sera à la frontière espagnole samedi. "La mobilisation aux frontières n'est pas nouvelle. Beaucoup de gens dans les régions sont venus à Paris, cette fois, on leur propose de rejoindre les 'gilets jaunes' des frontières", explique-t-elle au Parisien. Selon elle, certains militants s’organisent avec des "compagnies de car sympathisantes" pour rejoindre les frontières ou prévoient de faire du covoiturage. La porte-parole appelle les "gilets jaunes" européens à rejoindre les manifestants français à la frontière pour porter les mêmes revendications sur le pouvoir d'achat et la "souveraineté"

Un dispositif de sécurité allégé

Le ministère de l'Intérieur a recensé 3 680 manifestants en France jeudi, le plus bas niveau depuis le début du mouvement, selon les chiffres communiqués à franceinfo. Le dispositif de sécurité sera donc adapté samedi, explique-t-on place Beauvau, indiquant que la "mobilité" et la "réactivité" restent les stratégies privilégiées par les forces de l'ordre. 

Selon BFMTV, 59 unités de forces mobiles seront déployées dans toute la France, soit plus de 4 100 CRS et gendarmes mobiles. A Paris, 17 unités seront déployées, soit 1 230 CRS et gendarmes mobiles, précise la chaîne, rappelant qu'ils étaient 4 600 le 1er décembre et jusqu'à 8 000 le 8 décembre dans la capitale. Franceinfo n'a pas eu confirmation de ces chiffres.

Contactée, la préfecture de police de Paris se contente d'indiquer que "le dispositif de sécurité sera adapté pour assurer la protection des institutions et la sécurité des biens et des personnes". Les mots d'ordre sont également "réactivité et mobilité", avec un système de "quadrillage" policier dans la capitale. Comme les week-ends précédents, des contrôles d'identité et fouilles de sacs seront également effectués dans les gares. 

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