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"Bonnets rouges" : Paul et Anne, chefs d'entreprise autonomistes

Francetv info a rencontré à Quimper ce couple de patrons de PME, qui se dit "asphyxié" par l'écotaxe.

Article rédigé par Salomé Legrand - Envoyée spéciale en Bretagne
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Paul (C), un "Bonnet rouge" de Quimper (Finistère), lors de la manifestation du 2 novembre 2013.  (FRANCETV INFO )

Le bonnet rouge est momentanément remisé sur une jolie console en bois, entre une lanterne et un présentoir à fruits en porcelaine. Paul et Anne, un dynamique couple de quinquas, reçoivent chez eux, où ils parlent régulièrement breton, et prennent le temps d'expliquer leur nouveau combat, leur "beau défi". Ils ont défilé à Quimper (Finistère), où ils résident, le 2 novembre, et recommenceront le 30, et encore après s'il le faut. "Ni droite, ni gauche", ils votent aussi bien écolo qu'UMP "en fonction des personnes", mais jamais pour les extrêmes. "Bonnets rouges" et fiers de l'être, ils sont excédés par la situation. 

"L'écotaxe, c'est la goutte d'eau, la stupidité à la con"

"Les lois sont passées à l'aveuglette car le gouvernement est aux abois pour trouver de quoi boucler le budget. Mais en attendant, on n'a pas supprimé un député, un sénateur, un huissier", s'agace Paul. Cheveux blancs clairsemés sur le haut du crâne, yeux clairs derrière de petites lunettes finement cerclées de noir, il a monté seul son entreprise d'élagage et paysagisme, qui compte aujourd'hui 70 salariés. 

"On est en train de se faire asphyxier", martèle ce patron directement concerné par l'écotaxe. Une enveloppe de 8 000 euros pour équiper tous ses véhicules et "un coup de portique" à chaque aller-retour chez au moins un tiers de ses clients. Pour lui, ça commence à faire beaucoup. "On ne peut pas prendre le train avec notre outillage", souligne Anne, cheveux courts auburn, parée de bijoux discrets. Elle aussi travaille pour l'entreprise familiale, comme l'un de leurs quatre enfants. 

"L'écotaxe, c'est la goutte d'eau, la stupidité à la con", s'étrangle Paul. Du coup, le jour de l'opération contre le portique de Pont-de-Buis, il fait place nette dans son agenda chargé. "Je me suis dit : 'Tu peux pas laisser les gens courageux démonter les portiques sans être au moins au deuxième rang pour leur dire 'c'est bien, ce que vous faites'.'" C'était "un cri de désespoir face à ceux qui n'envoient pour tout dialogue que les CRS".

"Tous nos salariés manifestent avec nous"

Le couple empile les griefs : la TVA remontée de 7% à 19,6% en juillet, les enquêtes diverses et variées auxquelles il faut répondre tous les quinze jours "sous peine d'amende" et les "contrôles de tout"Ou encore le fonctionnement "à l'envers" de Pôle emploi, qui leur a refusé les aides pour embaucher une jeune femme en réinsertion, après un contrat saisonnier dans leur entreprise. "Il aurait fallu qu'on fasse le dossier avant de la connaître. Après, même si elle cochait toutes les cases, c'était impossible", s'agace Anne.

Anne, "Bonnet rouge" de Quimper (Finistère), lors de la manifestation du 2 novembre 2013. (FRANCETV INFO )

Mais ce qui les a le plus révoltés, c'est qu'on ose dire que les licenciés manifestaient avec ceux qui les exploitaient ou qui supprimaient leurs emplois. "Tous nos salariés manifestent avec nous, tous nos camions portent le bonnet rouge, pas un ne nous voit comme ça", insiste-t-elle. Et Paul, en écho : "Tous les dimanches, tous les fameux licencieurs jouent au foot avec leurs futurs licenciés. On est dans la même boutique avec les mêmes inquiétudes." Il ne veut pas d'un chèque pour la Bretagne, comme les 15 millions d'euros débloqués par Jean-Marc Ayrault : "C'est avec des gens, des idées qu'on fait les choses."

"Que les régions gèrent leurs impôts" 

Anne, qui a été présidente de l'association des écoles en langue bretonne Diwan, veut "une expérimentation sur la Bretagne" et souhaite "que les régions gèrent leurs impôts". Et d'ajouter : "On peut comprendre qu'à Marseille, ils n'aient pas les mêmes besoins que nous. La France doit être rebâtie sur ses territoires." "Il faut une décentralisation, et vite. Le centre économique de l'Europe se déplace vers l'est, or, nous, on est complètement à l'ouest, dans une situation quasi insulaire. On a besoin de plus d'autonomie pour faire face", estime-t-elle, perdant momentanément son sourire.

La suppression des trains de nuit pour Paris qui les empêche de prendre des rendez-vous le matin, le coût de l'aller-retour en avion, la promesse d'accélérer la construction du TGV, lancée par De Gaulle et reprise par Jean-Marc Ayrault : pour Paul et Anne, ça suffit. "On a autre chose à faire de notre temps que de démonter les portiques."

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