Présidentielle : FO ne donne pas de consigne de vote, mais souligne son combat contre l'extrême droite
Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière, ne donne pas de "consigne de vote formelle à nos adhérents ou à nos salariés" mais rappelle que "Force ouvrière a toujours combattu les idées d’extrême droite".
En ce 1er mai 2017, on est loin du bloc unitaire syndical comme en 2002 contre le Front national. Les syndicats célèbrent ce lundi le 1er mai en ordre dispersé. Les uns, comme la CGT, FSU, FO et Solidaires veulent appeler à "faire barrage" à Marine Le Pen mais sans appeler à voter pour Emmanuel Macron. Leur mot d'ordre : en finir avec "les reculs sociaux qui font le terreau de l'extrême droite". D'autres comme la CFDT et l'Unsa appellent à voter pour Emmanuel Macron. Enfin, des militants de la France insoumise proposent un autre rendez-vous pour dire "non au chantage entre le libéralisme d'un côté et le fascisme de l'autre".
"Nous ne donnons pas une consigne de vote formelle à nos adhérents ou à nos salariés", a rappelé Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrière lundi 1er mai sur franceinfo, voulant respecter son "mandat" et la "conception de l'indépendance syndicale".
franceinfo : Pourquoi les syndicats ne peuvent-ils pas faire bloc ?
Jean-Claude Mailly : On s’est réunis à deux reprises et on n’a pas réussi à se mettre d’accord, entre ceux qui voulaient rester sur l’élection présidentielle, y compris en donnant une consigne de vote, et ceux qui voulaient aussi rappeler que le 1er-Mai est également une journée de revendications et de solidarité. Il faut rappeler que le 1er-Mai n’est pas la journée du travail, ça c’est Pétain en 1940. C’est une journée de solidarité internationale et de revendications.
Cette année, le contexte est particulier. Force ouvrière a toujours combattu les idées d’extrême droite et se positionne contre le racisme, la xénophobie, l’antisémitisme.
Jean-Claude Mailly, secrétaire général de Force ouvrièreà franceinfo
Pour autant, nous ne donnons pas une consigne de vote formelle à nos adhérents ou à nos salariés. Nous ne sommes pas des directeurs de conscience, et chacun dans l’isoloir fera ce qu’il voudra.
Dans des circonstances exceptionnelles, un leader syndical comme vous ne doit-il pas dire quelque chose ?
Non, en tant que leader syndical, je suis porteur d’un mandat. C’est une tradition dans l’organisation syndicale. Cela fait partie de notre conception de l’indépendance syndicale.
On ne dit pas rien non plus. La banderole commune va être "Contre les reculs sociaux, terreaux de l’extrême droite".
Jean-Claude Mailly, secrétaire général Force ouvrièreà franceinfo
Depuis 2002, on crie au loup tous les cinq ans. On constate une montée du Front national. Malheureusement, tant que l’on ne s’attaquera pas au vrai problème, en France comme ailleurs, l'extrême droite montera. Je rappelle que l’ensemble des syndicats européens demande que l’on mette fin aux logiques d’austérité.
Est-ce-qu’il y a différentes manières de faire barrage au Front national au deuxième tour ?
Le prochain président de la République, si c’est Emmanuel Macron, va avoir une responsabilité énorme sur les épaules pendant cinq ans. Soit on prend des mesures sur le plan économique et social et mécaniquement, ce que j’appelle les mouvements de rejet de l’autre en France comme ailleurs, vont diminuer, soit on ne le fait pas, et ils vont continuer d’augmenter. Je ne veux pas culpabiliser les électeurs. Encore une fois, je n’ai pas à donner de consignes de vote.
Vous refusez de vous positionner, est-ce aussi parce que 24 % des sympathisants de Force ouvrière votent Front national ?
Tant que l’on ne s’attaque pas aux causes, on se retrouve dans ce genre de situation. Il y a une forme de cynisme des dirigeants successifs qui ont contribué à cela. En 2017, la situation n’est pas la même qu’en 2002.
En 2002, il y a eu un choc, alors qu'aujourd’hui on était préparés, on nous l’avait annoncé depuis un an.
Jean-Claude Mailly, secrétaire général Force ouvrièreà franceinfo
Je ne dis pas non plus que la peste et le choléra, c’est pareil. Je ne mets pas les deux partis sur le même plan d’égalité.
Avec quel candidat le dialogue est le plus favorable avec les syndicats ?
Sur l’affaire Whirlpool, je considère qu'Emmanuel Macron a respecté la démocratie sociale et représentative en rencontrant d’abord les syndicats. Il est allé sur le terrain après. Il n’a pas fait qu’une opération de communication. Je l’ai rencontré avant le premier tour. C’est possible que l’on se rencontre assez rapidement. La date n’est pas fixée. J’aurai toujours des choses à lui dire sur son programme économique et social. Cela étant, on garde notre conception d’indépendance. En revanche, je ne rencontrerai pas Marine Le Pen. J’ai déjà dit que je ne le souhaitais pas. Si elle est élue, le dialogue sera très compliqué. Il y a des déclarations de sa part qui sont anti-syndicales. Cela a toujours été le fait de l’extrême droite.
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