Cet article date de plus d'un an.

"Ça fait deux mois qu'il y a un problème avec le ministre du Travail" : ambiance très tendue au gouvernement en raison de la réforme des retraites

Dans l'attente de la fameuse journée de mobilisation du 7 mars, le niveau de tension est monté d'un cran au gouvernement sur la réforme des retraites, alors que des rumeurs de possible remaniement n'arrangent rien.
Article rédigé par franceinfo - Paul Barcelonne
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La Première ministre Elisabeth Borne (à droite) et le ministre du Travail Olivier Dussopt (à gauche) assistent à une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, le 28 février 2023. Photo d'illustration. (BERTRAND GUAY / AFP)

Éclats de voix et portes qui claquent. En attendant le 7 mars et la mobilisation contre la réforme des retraites, l'ambiance est très tendue au gouvernement. Mardi, c'est la journée qui fait cauchemarder l'exécutif. Le ministre des Transports Clément Beaune a appelé, vendredi 3 mars, les Français qui le peuvent à "télétravailler", pendant que le débat parlementaire continue au Sénat.

>> Réforme des retraites : transports, écoles, industries A quoi faut-il s'attendre pour la journée de mobilisation de mardi ?

Le niveau de tension au gouvernement est alimenté bien sûr par les entourages, spécialistes des petites phrases. Exemple avec un portrait d'Olivier Dussopt, publié le 26 février dans Le Monde (article réservé aux abonnés), quand le ministre du Travail se targue de n'avoir "qu'un chef", en la personne d'Emmanuel Macron. Elisabeth Borne - dans des propos qui ont fuité dans les mêmes colonnes - qualifie Olivier Dussopt comme "celui qui est tout rouge et qui fait la gueule"

Juste des "boules puantes" aux yeux de certains mais suffisantes pour plomber l'ambiance. Un important conseiller du pouvoir n'hésite pas à parler de "dialogue rompu" entre deux figures en première ligne sur la réforme des retraites. Contacté par franceinfo, Olivier Dussopt dément. Il assure même être "très aligné" avec la Première ministre : "On se parle tous les jours, on se voit quasiment tous les jours", nous déclare le ministre du Travail.

Une communication hasardeuse

Le ministre du Travail cristallise la tension mais c'est aussi la communication hasardeuse du gouvernement qui a mis le feu aux poudres. Plusieurs gouttes d'eau ont fini par faire déborder le vase. Dès la présentation de la réforme, Olivier Dussopt a été vilipendé pour sa prétendue mauvaise gestion des concertations avec les partenaires sociaux. Elisabeth Borne avait d'ailleurs demandé un petit délai supplémentaire en décembre

D'autres regrettent les errements de plusieurs ministres sur les carrières longues et sur les retraites des femmes. Cette semaine, et alors que se rapproche la perspective des blocages et d'une grève reconductible, le nombre exact de bénéficiaires de la retraite minimale à 1 200 euros a cristallisé les tensions et mis le gouvernement sur les nerfs. "L'erreur initiale vient du ministre du Travail, c'est lui qui a écrit le texte", insiste encore un conseiller qui ne le ménage pas, et embraye : "Ça fait deux mois que je dis qu'il y a un problème avec Olivier Dussopt."

"La peur du remaniement"

Les rumeurs de possible remaniement à venir n'arrangent rien. C'est là encore un énième conseiller de l'exécutif qui parle : "Chacun a peur du remaniement, et de ce jeu de billard à quatre bandes." En clair, les tensions sont exacerbées par l'hypothèse de changements dans l'équipe gouvernementale et la volonté de chacun de sauver sa tête. "Les textes qu'on porte à l'avenir et surtout avec qui", traduit un stratège. "Je ne sais pas si Macron est énervé ou pas, admet un autre, mais il ne peut pas se réjouir de ça".

Ces dernières heures, et c'est classique au temps des tempêtes, le vent du remaniement souffle avec beaucoup de force. Un passage obligé pour tourner la page des retraites. Une réforme maudite, qui a d'ores et déjà laissé des traces et des cicatrices au sein de l'exécutif. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.