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Infographies Crise énergétique : pourquoi le risque de coupures d'électricité cet hiver s'éloigne progressivement en France

La baisse de la consommation et la hausse de la disponibilité du parc nucléaire permettent au gestionnaire du réseau de transport d'électricité de se montrer plus optimiste, tout en restant vigilant d'ici le début du printemps.
Article rédigé par Brice Le Borgne
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Une éolienne et une ligne haute tension à Campbon (Loire-Atlantique), le 17 janvier 2023. (LOIC VENANCE / AFP)

Le signal Ecowatt est vert depuis le début de l'hiver. L'outil, chargé de surveiller la consommation et d'alerter sur le risque de coupures d'électricité, pourrait conserver sa couleur rassurante jusqu'au printemps, si l'on en croit les prévisions de RTE. "L'essentiel des risques est derrière nous", a assuré mercredi 18 janvier sur franceinfo Xavier Piechaczyk, président du directoire de gestionnaire du réseau de transport d'électricité français.

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D'après l'actualisation publiée mercredi, le risque de tensions sur le réseau électrique est maintenu à "moyen" pour la fin de l'hiver, alors qu'il était "élevé" selon des prévisions précédentes. Thomas Veyrenc, directeur du pôle stratégie, prospective et évaluation de RTE, a toutefois souligné mercredi matin lors d'une conférence de presse la "nécessité impérative d'une vigilance jusqu'à la fin de l'hiver".

Une baisse de consommation inédite

La réduction de la consommation d'électricité observée depuis plusieurs mois constitue le premier facteur expliquant cette situation. D'après le point hebdomadaire de RTE, publié mardi, la baisse est chiffrée à 8,2% sur les quatre dernières semaines par rapport à la période 2014-2019.

Cette diminution concerne l'industrie, les bureaux mais aussi le secteur résidentiel. Difficile de savoir, néanmoins, si ces réductions s'expliquent par un prix de l'électricité plus élevé, dissuadant les entreprises de fonctionner à plein régime, ou s'il s'agit aussi des effets de la campagne de sensibilisation menée auprès des particuliers.

Fin décembre, la consommation a été particulièrement faible. RTE l'explique par des effets habituels liés à l'activité réduite lors de cette période, mais aussi du fait des températures anormalement hautes pour la saison, qui ont réduit de plus de 10 GW les besoins en chauffage des bâtiments.

Le parc nucléaire de nouveau disponible

L'autre cause majeure de ces prévisions revues à la baisse tient à la disponibilité croissante de la production du parc nucléaire français. Alors que près de la moitié des réacteurs étaient à l'arrêt cet été, EDF a pu redémarrer à temps ces unités au fil de l'hiver, pour finalement aboutir à une disponibilité des trois quarts du parc nucléaire, d'après RTE.

Fin décembre et début janvier, la forte baisse de consommation a même conduit EDF à mettre à l'arrêt un des quatre réacteurs de Tricastin. Depuis début janvier, la production nucléaire a pu remonter pour atteindre les 45 GW que RTE avait intégrés à ses prévisions. Elle demeure néanmoins "basse par rapport à l'historique", selon Thomas Veyrenc. Ainsi, la production nucléaire effective ne se situe qu'à 67% des capacités maximales de l'ensemble du parc français.

La disponibilité du parc nucléaire va encore être renforcée avec le redémarrage, d'ici fin janvier, de deux des plus gros réacteurs du parc, Civaux 1 et Chooz 2, qui étaient touchés par des travaux liés à la corrosion sous contrainte. Mais cette période de forte disponibilité nucléaire sera de courte durée : les opérations de maintenance prévues en 2023 vont commencer, avec l'arrêt de neuf réacteurs. Les capacités de production devraient donc repasser en dessous de la barre de 40 GW à la fin du mois de février.

Le gaz et l'hydraulique à des niveaux satisfaisants

L'énergie hydraulique représente un autre ingrédient du mix électrique français pour affronter des pics de consommation survenant dans la journée. Si la sécheresse estivale a suscité des inquiétudes, le remplissage des lacs des centrales hydro-électriques a finalement retrouvé des niveaux au-dessus des normales, grâce à une gestion prudente de la ressource, notamment liée, là encore, à la baisse de consommation.

Enfin, les cuves de gaz en France sont remplies à près de 80%, un niveau bien plus favorable que les 55% des années précédentes. Ces stocks s'avèrent inédits pour la période, alors même que la production d'électricité grâce au gaz a été très forte en 2022, pour compenser le ralentissement du nucléaire. "L'inquiétude sur le plan du fonctionnement des centrales au gaz se dissipe pour la fin de cet hiver, confirme RTE. En revanche, l'hiver 2023-2024 reste à ce stade sous surveillance."

Tous ces paramètres, auxquels s'ajoute une production intense des éoliennes, ont par ailleurs contribué à une situation exceptionnelle fin décembre et début janvier. La France est ainsi redevenue exportatrice d'électricité, alors qu'elle était importatrice pendant une très grande partie de 2022, et que l'hiver est souvent synonyme d'importations. "On a exporté près de 2 TWh [térawatt-heure] depuis début janvier", a détaillé Thomas Veyrenc. Cette évolution devrait cependant prendre fin ces jours-ci, en raison des températures plus proches, voire inférieures aux normales hivernales.

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