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Crise énergétique : ce que contient la circulaire de Matignon envoyée aux préfets en cas de coupures d'électricité

Après avoir obtenu la veille du gouvernement de premier détails, franceinfo s'est procuré ce document ce jeudi et vous en dévoile tous les principaux points.
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La Première ministre Elisabeth Borne a adressé une circulaire aux préfets pour faire le point sur la conduite à tenir en cas de coupures de courant volontaires cet hiver. (AURELIEN ACCART / RADIOFRANCE)

La Première ministre Elisabeth Borne a adressé une circulaire aux préfets pour faire le point sur la conduite à tenir en cas de coupures de courant volontaires cet hiver. franceinfo s'est procuré ce document ce jeudi, après avoir obtenu la veille du gouvernement de premier détails. Ce plan vise à anticiper et préparer les départements à d'éventuelles coupures programmées d'électricité. L'objectif est ainsi d'éviter la panne générale, le black-out, et de garantir la sécurité des biens et des personnes. 

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Information

Dans l'hypothèse où le réseau serait mis à très rude épreuve, ces coupures interviendront uniquement aux heures de pointe, entre 8h et 13h et de 18h à 20h, et ne dureront que maximum deux heures. Elles ne concerneront jamais toute une région ou tout un département, mais des zones plus petites. La veille d'une coupure de courant, on pourra vers 17h renseigner son adresse sur le site, vers lequel le site Ecowatt renverra également, pour savoir si l'on est directement touché par ces délestages. D'éventuels derniers ajustements seront visibles à partir de 6h du matin, le jour de la coupure. La Corse échappe au risque car elle ne dépend pas de l'approvisionnement du continent.

Des infrastructures protégées

14 000 sites ont été définis comme prioritaires, il s'agit des gendarmeries, casernes de pompiers, commissariats, hôpitaux et sites sensibles. Cette liste, confidentielle, comprend également les personnes hospitalisées à domicile, grâce à des informations tenues à jour par les Agences régionales de santé. Le risque de coupures concerne donc 60% de la population, indique le gouvernement. Les seuls qui seront épargnés sont ceux qui bénéficient du voisinage d'une infrastructure protégée. "Évidemment quand on dresse la carte ne serait-ce que des hôpitaux parisiens, couper des lignes électriques est un casse-tête qu'on ne sait pas résoudre", indique une source gouvernementale à franceinfo. En Île-de-France, un maximum de secteurs délestables à Paris et dans sa petite couronne ont donc été identifiés pour que la région francilienne contribue à l'effort. 

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Numéros d'urgence

La question de l'accès aux numéros d'urgence est une des préoccupations essentielles depuis plusieurs semaines, car sans électricité il n'y a pas de téléphone fixe ni d'antenne-relais. Ce chantier n'est pas encore tout à fait abouti, admet le gouvernement. Pour joindre les numéros d'urgence, il faudra composer le numéro d'urgence unique 112, mais celui-ci ne sera peut-être pas accessible partout. Les préfets auront accès à une cartographie des zones sans aucune couverture des appels urgents (y compris le 112) fournie par les opérateurs. Elle leur permettra d'organiser des solutions, comme des gardes postées dans les commissariats, gendarmeries et casernes de pompiers. Un renforcement de la présence des forces de l'ordre sur la voie publique est aussi évoqué.

Personnes vulnérables

Les patients à haut risque vital seront en premier lieu contactées par Enedis ou tout autre distributeur d'électricité pour s’assurer de leur information et de leur connaissance du signal Ecowatt rouge. Enedis tiendra informées les Agences régionales de santé (ARS) de toute situation particulière qui nécessiterait une prise en charge adaptée. Si c'est le cas, il reviendra aux préfets d’assurer, sur indication de l’ARS concernée, l’organisation des éventuels déplacements de ces personnes.

S'agissant des personnes vulnérables, les préfets devront, en liaison avec les maires, s'assurer qu'elles auront connaissance du signal Ecowatt rouge et, en cas d’équipement médical, que celui-ci a une alimentation électrique autonome suffisante pour une coupure électrique supérieure à deux heures. Dans le cas contraire, les services de secours devront évaluer la nécessité de procéder à une évacuation préventive des personnes concernées vers l’établissement de santé le plus proche de leur lieu de résidence, ou un site prévu à cet effet disposant d’une alimentation électrique.

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Transports

Pour éviter que des voyageurs ne se retrouvent bloqués en pleine voie parce que la signalisation serait coupée, des trains pourraient être annulés. Les préfets vont aussi devoir se pencher sur le cas des villes où il y a un métro. Il faudra s'assurer qu'un métro ou tramway puisse parcourir toute sa ligne sans s'arrêter avec des passagers à bord dans un tunnel. En cas de coupure d'électricité, les feux tricolores et l'éclairage public ne fonctionneront pas non plus. Les préfets devront ainsi demander aux populations de limiter au maximum les déplacements en voiture le temps du délestage.

Établissements scolaires

Les écoles se situant dans un secteur concerné par un délestage le matin n’accueilleront pas les enfants pour l’ensemble de la demi-journée. En effet, le gouvernement ne veut pas que les écoles soient ouvertes sans lumière, sans chauffage et sans dispositif d'alarme. Les collèges et lycées pourront également être touchés par des coupures en soirée.

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