: Reportage Pour ou contre le retour de Gaston Lagaffe ? Les Bruxellois divisés
La justice a examiné lundi le litige qui oppose les éditions Dupuis à la fille du dessinateur Franquin : les premiers ont annoncé une suite aux aventures du "roi des gaffeurs" contre la volonté de son créateur. Une situation qui déchire la bdsphère franco-belge. Certains y voient une prolongation du patrimoine, d'autres une trahison.
Avec son pull vert et ses gaffes à répétition, Gaston Lagaffe, né en 1957 dans le journal Spirou, est un monument à Bruxelles, capitale de la bande dessinée. Son retour annoncé en mars par les éditions Dupuis sous la plume d’un autre dessinateur suscite bien des débats, d’autant plus que la fille de Franquin s’y oppose. Disparu en 1987, le père de Gaston Lagaffe avait en effet expressément exprimé de son vivant son refus que son héros lui survive. Un litige que la justice a examiné une première fois lundi 16 mai. En attendant "la décision judiciaire sur le fond qui interviendra en septembre", les éditions Dupuis ont décidé de suspendre la parution du nouvel album, "afin de permettre un débat serein et objectif, en attendant", peut-on lire dans un communiqué diffusé lundi.
Croisé dans les allées de la librairie "Multi BD", Olivier, la cinquantaine, est "archi fan" de Gaston et l’idée d’un retour en librairie comme on l’a vu avec Astérix ou Lucky Luke ne lui pose pas de problème. "À partir du moment où c’est dans l’esprit, que ça reste conforme à ce que faisait Franquin à l’époque... Il y a eu plein de reprises, ça se passe super bien", observe-t-il. Bernard Vandenhoute, le responsable des lieux, abonde : "Si l’esprit reste intact, pourquoi pas ? Ça a le mérite de faire vivre une série."
"Une série sans nouveautés, c’est une série qui disparaît."
Bernard Vandenhoute, manager de Multi BDà franceinfo
Un avis que ne partage pas du tout Philippe Capart, que l’on retrouve dans sa librairie éditrice "La crypte tonique". On "trahirait" Franquin, estime-t-il.
"Il y a une mauvaise foi de la part de ceux qui ont acheté les droits d’exploitation, qui frise vraiment la tartufferie. Il y a un souci qui peut avoir de terribles répercussions sur les auteurs aujourd’hui, qu’ils soient morts ou vivants, parce que c’est un premier jalon d’attaque contre le droit moral", tranche-t-il. Une inquiétude partagée par de nombreux auteurs de BD dont Zep ou Geluck qui font circuler une pétition.
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