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Le retour de Gaston Lagaffe fait débat : "Si on est un ‘amoureux’ de la série, on peut trouver dommage qu'on déflore une icône", commente Jean-Pierre Mercier

Les éditions Dupuis ont décidé de passer outre la volonté clairement exprimée de Franquin à ce que son personnage Gaston Lagaffe ne lui survive pas.

Article rédigé par franceinfo, Julien Langlet
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Créatif, écologiste, chantre de la flemme, Gaston Lagaffe créé par Franquin en 1957, a sévi 30 ans à la rédaction du "Journal de Spirou", au propre comme au figuré. (ALEXANDRE MARCHI / MAXPPP)

Le retour de Gaston Lagaffe annoncé pour octobre par les éditions Dupuis qui célèbre son centenaire, fait clairement polémique. Son créateur, le Belge André Franquin, ne souhaitait pas voir son héros lui survivre. Mais les éditions Dupuis ont décidé de passer outre et de le ressusciter sous le crayon du Canadien Delaf [Les nombrils].

"On y va au culot" a commenté la directrice générale des éditions Dupuis au micro de franceinfo, qui insiste sur la modernité du "personnage iconique". La nouvelle a été annoncée jeudi 17 mars, au Festival international de la BD d'Angoulême. Ce tome 22 s'appelle Le retour de Lagaffe. "La vraie bonne question, c'est la créativité par rapport à des générations montantes", estime sur franceinfo Jean-Pierre Mercier, ancien conseiller scientifique à la Cité internationale de la bande dessinée et de l'image à Angoulême, commissaire de l'exposition Goscinny.

franceinfo : quelles sont les chances de succès de ce futur Gaston face au manga ?

Jean-Pierre Mercier : Ces classiques existent, ils se vendent. On voit qu'effectivement Astérix continue avec de nouveaux dessinateurs. C'est comme au cinéma, ce sont des systèmes de franchises. La vraie bonne question, c'est la créativité par rapport à des générations montantes aujourd'hui. Et il est clair que la culture manga est très forte chez les moins de 40 ans. C'est entre un tiers et la moitié des ventes de bandes dessinées en France. Donc, la question qu'on peut se poser : est-ce que c'est en reprenant des personnages un peu anciens, en essayant de les relooker, de les lifter, de les rajeunir un peu pour les mettre à l'air du temps, qu'on peut réussir ? Je ne sais pas. Je n'ai pas la réponse. Des fois, cela peut marcher, Astérix en est la preuve, d'autres tentatives ont moins été couronnées de succès.

Tintin, c'est le dernier résistant à cette tendance ? C'est une bonne ou une mauvaise chose ?

Ça dépend de quel point de vue on se place. Si on est un "amoureux" de la série, qu'on soit amoureux de Tintin, de Gaston ou d'Astérix, on peut trouver dommage qu'on déflore comme ça des icônes. Mais on sait bien, par exemple, que pour tous les classiques de la littérature, que ce soit Les trois mousquetaires ou Le comte de Monte-Cristo, je pense à Alexandre Dumas, en l'occurrence, il y a eu des films qui ont été plus ou moins loin du texte d'origine. Et là, c'est exactement la même chose. La vraie bonne question derrière tout ça, c'est : est-ce qu'il vaut mieux laisser un personnage dans sa période historique, qu'il devienne un classique, quitte à être "daté" ou est-ce qu'il faut essayer de le mettre dans l'air du temps ?

De quoi cela dépend-il ?

En fait, cela dépend du choix de l'éditeur, des auteurs, des volontés des auteurs, en l'occurrence Hergé pour Tintin qui avait dit : "Non, il n'y aura pas de Tintin après moi". Franquin l'avait dit aussi, sauf que légalement, cela a été moins bien "bordé".

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