Gilet pare-lame, cellules adaptées... À la prison de Luynes, un nouveau quartier est dédié à la prise en charge de la radicalisation
Alors que le procès de l'attentat de la prison d'Osny démarre mardi, franceinfo a visité le nouveau quartier de prise en charge de la radicalisation à Luynes, dans les Bouches-du-Rhône.
C'était le premier attentat jihadiste en prison. Le 4 septembre 2016, un détenu radicalisé tentait d'assassiner deux surveillants de la maison d'arrêt d'Osny, dans le Val d'Oise. Bilal Taghi, 27 ans, est jugé à partir de mardi 19 novembre devant la cour d'assises spéciale de Paris.
Depuis cette attaque perpétrée en détention, la prise en charge des détenus radicalisés a complètement changé. Dans les Bouches-du-Rhône, la prison de Luynes vient d'inaugurer un quartier entier de prise en charge de la radicalisation.
Une prison à l'intérieur de la prison
Dans le long couloir, seules deux cellules sont occupées pour l'instant. Mais ce quartier de prise en charge de la radicalisation pourra accueillir jusqu'à 19 détenus d'ici un an. Un espace complètement étanche du reste de la maison d'arrêt. Une sorte de prison dans la prison, où les mesures de sécurité sont renforcées.
Impossible en effet d'approcher les pensionnaires. Tous ont fait l'objet d'une évaluation poussée, comme l'explique François Toutain, le chef de la mission de lutte contre la radicalisation violente dans les prisons : "Si précédemment, les détenus étaient pris en charge de façon principalement sécuritaire, l'attentat d'Osny en 2016 a mis en avant la nécessité d'une évaluation de l'ensemble des détenus terroristes et des détenus radicalisés pour déterminer le bon niveau de prise en charge, adapté à leur profil de dangerosité et d'imprégnation idéologique."
Des surveillants formés et équipés
"Bonjour monsieur, présentez les mains s'il vous plait", demande le surveillant pénitentiaire à un détenu. "On va procéder à la palpation de sécurité comme à chaque fois." Équipé d'un gilet pare-lame, Sofiane a suivi une formation avant de s'occuper de détenus radicalisés. Pour lui, "comme pour les policiers, comme pour les gendarmes", le risque d'agression fait partie du métier. "Je fais tout pour que ça n'arrive pas, avec de la discussion, de la communication non violente pour essayer d'arranger une situation de conflit."
Pour l'y aider, psychologues, éducateurs, spécialistes religieux se relaient auprès des détenus pour tenter de les "désengager de la violence" selon les mots de l'administration pénitentiaire. "Il faut compter un an et demie environ de prise en charge", explique Naoufel Gaied, le chef adjoint de la mission de lutte contre la radicalisation violente, "pour qu'une personne puisse envisager de revenir à une détention ordinaire c'est-à-dire qu'on considère qu'on a endigué le risque prosélyte et le risque de passage à l'acte violent dans un contexte pénitentiaire."
Trois quarts des détenus sont ainsi réaffectés en détention ordinaire après avoir été pris en charge pour leur radicalisation. Les profils les plus durs, eux, sont placés à l'isolement. Ils sont 70 dans ce cas-là, aujourd'hui, dont Bilal Taghi.
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