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"Scandalisées" par la réautorisation des néonicotinoïdes sur les betteraves, 14 organisations écrivent au ministre de l'Agriculture

"Comment peut-on sérieusement aujourd’hui prétendre défendre la biodiversité et accorder de telles dérogations ?", s'interrogent les 14 organisations, dont Générations futures, Greenpeace ou WWF France, dans une lettre au ministre de l'Agriculture.

Article rédigé par Anne-Laure Barral, franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Des betteraves touchées par la jaunisse virale véhiculée par les pucerons verts, le 31 juillet 2020 à Amiens (Somme). (DOMINIQUE TOUCHART / MAXPPP)

Quatorze organisations ont écrit lundi 17 août au ministre de l'Agriculture et de l’Alimentation pour lui demander "de ne pas déroger à l’interdiction des néonicotinoïdes", indique une lettre que franceinfo a pu consulter. Elles se disent "scandalisées" par l'intention du gouvernement d'accorder une dérogation aux cultivateurs de betteraves à sucre dont la production a chuté cette année, à cause de la jaunisse virale véhiculée par les pucerons verts.

Parmi les signataires de cette lettre, on trouve notamment les ONG Générations futures, Greenpeace, WWF France, le mouvement Nous voulons des coquelicots ou encore le syndicat Confédération paysanne.

Nos organisations sont scandalisées par cette décision ministérielle qui constitue un recul important du gouvernement sur la question de ces insecticides.

14 organisations

dans une lettre au ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation

"Cette décision est d’autant plus inacceptable que l’Anses [Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail] admettait dans un avis sur les néonicotinoïdes de 2018 qu’il n’y avait pas d’impasse technique pour cette culture", écrivent les organisations.

"Pour tenter de justifier cette position, le gouvernement, par la voie de la ministre de l’Écologie ainsi que la présidente de la FNSEA, expliquent que la culture de la betterave étant récoltée avant floraison, cette dernière n’attirait pas les pollinisateurs et l’usage des néonicotinoïdes en enrobage de semence sur cette culture serait donc sans conséquence sur les abeilles", pointent les signataires de la lettre.

"Ces matières actives toxiques peuvent mettre plusieurs années à se dégrader"

Ils ne sont pas rassurés par les récents tweets de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, indiquant qu'il "sera interdit de planter des cultures à fleurs lors de la prochaine saison pour ne pas attirer les pollinisateurs". Selon eux, "l’exposition des abeilles et autres pollinisateurs aux néonicotinoïdes se fait aussi, et peut-être même surtout, par les fleurs sauvages (…) Les plantes se trouvant à proximité des cultures traitées aux néonicotinoïdes sont largement contaminées, conduisant ainsi à une contamination importante du pollen ramené dans les ruches". Les signataires de cette lettre affirment aussi que les néonicotinoïdes sont "persistants" et que "ces matières actives toxiques peuvent mettre plusieurs années à se dégrader".

Les 14 organisations estiment, par ailleurs, qu'en "ouvrant cette boîte de Pandore du recours au dérogation pour les néonicotinoïdes", le gouvernement "a ouvert la voie à des demandes émanant d’autres producteurs, maïsiculteurs en tête (…) Comment peut-on sérieusement aujourd’hui prétendre défendre la biodiversité et accorder de telles dérogations ?", concluent-elles.

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