Afin de prévenir toute propagation du virus de la peste porcine africaine en France par la Belgique, le gouvernement a décidé le 14 janvier la création d’une "zone blanche", vide de sangliers, à la frontière franco-belge. Une mesure salutaire mais tardive aux yeux des éleveurs de porcs, très inquiets, comme l'a constaté franceinfo à Brouennes, dans la Meuse. Des mesures préventives dans les fermesGigantesque et moderne, le hangar abritant quelque 5 000 porcs semble invulnérable, mais il n’est situé qu’à une vingtaine de kilomètres du lieu de découverte, en Belgique, des deux derniers sangliers morts. "On a peur, ça se rapproche malheureusement", constate Véronique Boksebeld, responsable administrative de cette grosse exploitation. L'entreprise avait pourtant pris les devants, dès le début de l’alerte en septembre, quand la maladie a été détectée sur des sangliers en Belgique. L'exploitation a mis en place un nouveau portail électrique, une clôture métallique et un renforcement des mesures sanitaires notamment pour les camions venant chercher les porcs. "Le chauffeur doit impérativement, à l'aide d'un pulvérisateur, désinfecter les roues de son véhicule. À ce moment précis, il revêt une combinaison et une paire de bottes à usage unique", explique l'éleveuse. La crainte d'une "catastrophe financière"Malgré ces mesures, l’exploitation a perdu des clients. Un abattoir refuse ses bêtes et Véronique Boksebeld craint désormais pour la part principale de l’élevage tournée vers l’exportation. "Si demain, on devait avoir le malheur d'être contaminé ou d'être dans une région qui ne puisse pas exporter, cela veut dire que notre produit doit rester sur le marché français, or, malheureusement, les abattoirs en France ne sont pas du tout demandeurs de notre produit. Pour nous, ce serait une catastrophe financière énorme". Selon l'éleveuse, il est plus que temps de créer une "zone blanche" sans sangliers. "C'est beaucoup, beaucoup trop tard, mais allons-y, chassons, chassons...", lance-t-elle.Une solution unique, mais sensiblePour François Evrard, le vétérinaire qui intervient sur ce grand élevage de la Meuse, la chasse représente aussi la seule solution. "En l'absence de vaccins, on est obligés de faire confiance à la chasse", explique-t-il. "Le problème, c'est que des sociétés de chasse qui essayent depuis des années de maintenir des populations de sangliers correctes pour offrir à leurs actionnaires une chasse digne de ce nom, quand on leur demande de tuer tout le monde, ils feront quoi l’année prochaine ?", s'interroge le vétérinaire. L'intérêt des chasseurs contre ceux des éleveurs... qui redoutent aussi un nouvel effondrement des cours en cas d’épizootie. La peste porcine redoutée par les éleveurs de la Meuse - un reportage de Jérôme Jadot écouter