Pertes pour les agriculteurs, régions touchées, aides de l'Etat... Ce que l'on sait de l'épisode de gel qui a frappé la France
La vague de froid et l'épisode de gel de cette semaine ont fortement touché les cultures de nombreuses régions. Le ministre de l'Agriculture a déclenché le régime de calamité agricole. Franceinfo fait le point sur la situation.
Le monde agricole est en état d'urgence. Les cultures de nombreuses régions, du nord de la France à la vallée du Rhône en passant par le Sud-Ouest, ont été touchées par un violent épisode de gel après la vague de froid ressentie ces derniers jours. Le ministre de l'Agriculture a déclenché, dans la soirée du jeudi 8 avril, le régime de calamité agricole et craint des "pertes importantes".
Julien Denormandie évoque une "situation tout à fait exceptionnelle", compte tenu du phénomène qui a frappé une grande partie de la France, à la différence d'autres années où de tels aléas climatiques à cette période sont plus localisés. "Quand il y a des températures aussi exceptionnelles, personne n'y peut rien. La nature s'impose à nous", regrette Christiane Lambert, présidente de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), interrogée par franceinfo.
Presque tous les départements touchés
Le gel a provoqué cette semaine de gros dégâts dans "presque tous les départements", annonce la présidente de la FNSEA. Christiane Lambert cite les territoires où les dégâts sont les plus importants : le nord de la France, où "40 000 hectares de betteraves ont gelé" et où les colzas n'ont pas "résisté", la Touraine, la Saône-et-Loire, la vallée du Rhône, le Vaucluse, la Dordogne, la Bourgogne ou encore la Gironde.
De nombreuses autres régions ont été touchées, selon France Bleu, du Loiret à la Drôme en passant par le Berry, la Corrèze, le Tarn, le Gers. Pour le vignoble, "toute la France viticole, sauf peut-être l'Alsace et la Charente, est touchée", regrette la présidente de la FNSEA.
Des pertes importantes pour la viticulture et l'arboriculture
La FNSEA s'inquiète des conséquences d'une "chute historique des températures et des gelées destructrices" qui ont frappé une partie des cultures ces derniers jours. Sa présidente, Christiane Lambert, parle d'une "situation vraiment dramatique".
Le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie, interrogé sur franceinfo, évoque une situation "particulièrement difficile" pour la "viticulture bien sûr, l'arboriculture (la culture des arbres fruitiers), mais aussi les grandes cultures comme celle de la betterave, du colza". Même si "les pertes sont importantes", il est encore trop tôt pour établir un bilan chiffré.
"Les arboriculteurs et les viticulteurs viennent de vivre une semaine noire. On sait déjà qu'on va avoir une très faible récolte en 2021", explique à l'AFP Jean-Marie Barillère, président du Comité national des interprofessions des vins à appellation d'origine et à indication géographique (CNIV). Il estime que le gel a "touché 80% du vignoble français". Le président de l'Association nationale pommes et poires (ANPP) Daniel Sauvaitre confie de son côté à l'AFP que les "pêches, les nectarines et les abricots vont être rares sur les étals cette année".
Le régime de calamité agricole déclenché
Le ministre de l'Agriculture a annoncé, dès jeudi dans la soirée, le déclenchement du régime de calamité agricole, sans préciser le montant de l'enveloppe qui sera débloquée, afin "que les mesures d'accompagnement puissent être mises en place le plus rapidement possible".
Ce dispositif indemnise les agriculteurs lors d'une perte de récolte ou de fonds liée à des phénomènes climatiques qualifiés d'exceptionnels, selon le ministère de l'Agriculture. Cette aide est réservée aux exploitants "justifiant d'un taux de perte physique de 30% de la production annuelle".
Elle est conditionnée aux risques "non assurables". "Dans les cultures qu'on dit 'assurables', je pense par exemple aux vignes, à la grande culture, il va nous falloir mobiliser très fortement les assureurs", a précisé sur franceinfo Julien Denormandie. Le ministre de l'Agriculture, qui a lancé un appel à la mobilisation des assureurs et des banquiers, redoute "de nouveaux épisodes de gel dans les prochains jours qui pourraient venir alourdir la situation".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.