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Exportation de viande bas de gamme : "Cette tendance augmente de plus en plus" en France, alerte Oxfam France

Dans un rapport publié ce mardi, Oxfam, Greenpeace et Réseau Action Climat affirment que la France exporte massivement ses poulets et porcs de mauvaise qualité vers les pays en voie de développement.

Article rédigé par franceinfo
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Un abattoir à Perpignan, en mai 2021. Photo d'illustration. (JC MILHET / HANS LUCAS)

C'est une "tendance [qui] augmente de plus en plus", alerte mardi 4 octobre sur franceinfo Guillaume Compain, chargé de plaidoyer Climat et Agriculture chez Oxfam France, au sujet de l'exportation depuis la France de viande bas de gamme vers les pays en voie de développement. Oxfam, Réseau Action Climat et Greenpeace publient ce mardi un rapport dénonçant ces pratiques néfastes pour la planète dans les filières du poulet de chair, du porc et de la production de lait conventionnel.

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Pour enrayer ce phénomène, Guillaume Compain appelle la France à soutenir "davantage, les élevages extensifs, les élevages sous label de qualité, notamment bio". Des modes de production qui auraient aussi le mérite, dit-il, de nous rendre moins dépendants de la Russie et de la Biélorussie pour l'importation d'engrais.

franceinfo Est-ce que c'est la demande qui rend nécessaire ce type d'élevage ou est-ce parce qu'il y a une telle production qu'il faut à tout prix exporter ?

Guillaume Compain : Il y a une forte production, donc on cherche des marchés de dégagement. Des "coproduits" de l'agriculture et de l'élevage industriel ne vont pas trouver preneur dans les marchés européens et on va chercher du coup à les exporter à bas coût dans les seuls marchés qui sont prêts à absorber ces excédents qui sont en général les marchés des pays en développement. C’est un phénomène qu'on observe déjà depuis longtemps, mais ce que le rapport montre, c'est que cette tendance augmente de plus en plus certaines années et que les stratégies des filières d'élevage françaises continuent de s'engouffrer dans ce qu'on estime être une stratégie qui est mauvaise. Elle contribue non seulement à concurrencer les grands producteurs de ces pays en développement, mais en plus, la balance commerciale de la France se dégrade parce qu'on a tendance à exporter de plus en plus de produits bas de gamme et à importer en retour des produits plus qualitatifs chez nos voisins européens.

Pour être compétitif sur le marché, il faut produire du bas de gamme ?

On parle d’un enfermement dans des filières hautement intensives pour être compétitives sur ces produits bas de gamme.

On renforce encore plus des pratiques, les extensions des fermes, la maximisation de l'usage d'intrants et, en fait, tout le modèle intensif qu'on critique depuis des années pour ses impacts extrêmement nocifs sur l'environnement et aussi sur les travailleurs de l'agroalimentaire.

Guillaume Compain

à franceinfo

La concentration du nombre d'animaux a augmenté. La concentration de ces marchés et de ces filières d'élevage également. Ce sont de gros groupes industriels qui ont tendance à concentrer de plus en plus de têtes de bétail pour notamment développer des produits qui sont de très mauvaise qualité et qui sont destinés en grande partie à l'export.

Comment s’orienter vers un élevage plus durable ?

Il faut soutenir davantage, notamment avec la politique agricole commune, les élevages extensifs, les élevages sous label de qualité, notamment bio et un certain nombre de systèmes de polyculture élevage, d'élevage mixte qui permettent d'harmoniser davantage la façon d'élever et, par exemple, de réduire l'usage d'intrants qui sont hautement nocifs pour l’environnement, mais aussi notre souveraineté. On est très dépendants de la Russie et de la Biélorussie dans l'importation de ces engrais. C'est aussi une façon de gagner en souveraineté. D'un côté, on va avoir des politiques de développement pour essayer de soutenir les agricultures de ces pays et dans le même temps, on continue de subventionner très fortement un élevage intensif qui va venir inonder les marchés et concurrencer les producteurs locaux. On est dans une situation ubuesque qui ne permet pas aux producteurs des pays du Sud de véritablement se développer.

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