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En Isère, une ferme bio accueille quotidiennement des autistes pour leur permettre de se sentir valorisés par le travail

la Ferm'avenir du Bercail existe depuis trois ans. Tous les jours, à Gillonnay, en Isère, des personnes autistes ramassent les œufs, s’occupent des lapins et nourrissent les cochons bénévolement.

Article rédigé par franceinfo - Caroline Félix
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Laureline s'occupe de sa lapine préférée, "numéro 13" à La Ferm'avenir à Gillonnay (Isère), 15 novembre 2022 (Caroline Félix)

C'est un projet commun entre un exploitant agricole et l'association Bercail Paysan. Ensemble, ils ont créé la Ferm'avenir du Bercail, une ferme bio qui accueille quotidiennement des personnes autistes, à Gillonnay en Isère. Dans le poulailler, Léo transfère soigneusement les œufs du pondoir à la palette. "J'ai bien ramassé les œufs, j'adore ça." Catherine, l’encadrante surveille Simon, qui a tendance à se déconcentrer. Est-ce que ça lui arrive de casser des œufs ? "Oh que oui ça nous arrive !", répond Simon.

 

En face du poulailler, le clapier avec les lapins : les personnes autistes doivent les nourrir et laver leur cage. "Il y a une lapine, elle adore que je lui fasse des câlins." Laureline vient deux fois par semaine. Elle préfère ça à l’institut médico-éducatif où elle était avant. "Je m’ennuyais là-bas, on restait tout le temps à l'intérieur, on ne faisait rien, je n'aimais pas trop."

Le Bercail Paysan a lancé ses activités à la ferme il y a trois ans. Martine Croisier, secrétaire de l'association et maman de Simon a bien vu la différence sur son comportement. "Par exemple, hier, on est allés donner à manger à des moutons. Il a pris la fourche, il a distribué du foin à tous ces moutons. Ce n'est pas moi qui lui ai appris à manier cette fourche. Il n'était pas capable de la manier il y a peu. Donc ça veut bien dire que ce sont des compétences qu'il a acquises ici."

Du travail mais pas de pression !

La ferme est adaptée pour répondre aux problèmes d'attention des autistes. Le clapier et le poulailler sont clos pour éviter les distractions et surtout pas de pression. "À tout moment, les encadrants qui les accompagnent peuvent me dire écoute, aujourd'hui ça ne va pas. On n'a pas le temps de donner à manger aux lapins. Est-ce que tu pourrais le faire ?"

Romain Poureau est l'exploitant agricole associé au Bercail Paysan. Il fait ça pour le côté humain. Mais sa priorité, c'est aussi de faire tourner sa ferme. "On est là pour produire des tonnes de viande, des œufs, des volailles et aussi que ça soit adapté pour une activité liée au handicap et à la zoothérapie. C'est tout le challenge. Par exemple, l'atelier porc est très peu pratique. Moi, je saute les barrières, mais eux ne peuvent pas le faire par exemple. Il faut qu'on réfléchisse pour que ça soit facile pour les personnes autistes que l'on accueille de nourrir un cochon en sécurité."

Tout ça lui prend du temps et de l'énergie mais le travail de ces personnes en situation de handicap à cause de leur autisme, lui fait gagner une heure par jour gratuitement. Ces activités permettent également aux autistes de se sentir valorisés et peut-être de retrouver par la suite un emploi. Le taux de chômage des personnes handicapées reste deux fois supérieur à la moyenne nationale. Ce projet, reconnu d'intérêt général, a aussi permis à l'exploitant de financer son poulailler via la fondation d'une banque.

En Isère, une ferme bio accueille quotidiennement des autistes pour leur permettre de sentir valorisés par le travail - le reportage de Caroline Félix

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