"Prix planchers", "plan de trésorerie d'urgence"... Qu'a annoncé Emmanuel Macron au Salon de l'agriculture ?

Le président a promis de réunir à l'Elysée, dans trois semaines, "l'ensemble des organisations syndicales, l'ensemble des filières agricoles".
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Emmanuel Macron débat avec des agriculteurs, le 24 février 2024, à l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Une inauguration mouvementée. Emmanuel Macron a échangé longuement avec les agriculteurs, samedi 24 février, à l'occasion de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris. Le chef de l'Etat a fait plusieurs annonces pour répondre à la colère du secteur agricole, qui reste mobilisé plusieurs semaines après d'importantes manifestations à travers la France.

Le chef de l'Etat a ainsi promis de réunir à l'Elysée "l'ensemble des organisations syndicales, l'ensemble des filières agricoles" dans trois semaines. Voici les principaux engagements pris par Emmanuel Macron samedi matin, lors de deux rencontres avec des représentants d'agriculteurs au Salon de l'agriculture.

Un plan de trésorerie d'urgence

"Dès la semaine prochaine", d'après Emmanuel Macron, le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau et la ministre déléguée Agnès Pannier-Runacher, ainsi que le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, "rassembleront les banques et l'ensemble aussi des secteurs pour pouvoir mettre en place ces plans de trésorerie" afin de soutenir les agriculteurs français. Le président de la République a annoncé le lancement d'"un recensement dans chaque région des exploitations qui sont dans les plus grandes difficultés de trésorerie pour pouvoir les accompagner".

Des prix planchers dans chaque filière

Le chef de l'Etat a formulé l'objectif "qu'on puisse déboucher" sur "des prix planchers qui permettront de protéger le revenu agricole", dans le cadre de la préparation d'une nouvelle loi encadrant les relations entre les acteurs de l'alimentation. "C'est la chose la plus engageante qu'on ait jamais faite", a affirmé Emmanuel Macron.

Ces "prix planchers" seront fondés sur les indicateurs de coût de production sur lequel chaque filière (volailles, lait, viande bovine...) a dû se mettre d'accord. Ces indicateurs existent déjà, mais ne sont pas suffisamment pris en compte pour la viande de bœuf et le lait, affirment les éleveurs. En revanche, la prise en compte de cet indicateur est quasi automatique dans la production de volailles. Emmanuel Macron a précisé qu'il veut rendre ces indicateurs "opposables".

L'annonce du président constitue selon les syndicats un nouvel engagement qui irait au-delà du cadre législatif Egalim, censé garantir la rémunération des producteurs et rehaussé à plusieurs reprises depuis 2018. Plus tôt dans la semaine, le Premier ministre Gabriel Attal avait annoncé prévoir "d'ici l'été" de mettre sur pied un nouveau texte de loi pour améliorer la rémunération des agriculteurs.

Une reconnaissance comme "intérêt général majeur"

Emmanuel Macron s'est aussi engagé à "reconnaître notre agriculture et notre alimentation comme un intérêt général majeur de la nation française". "Ce sera inscrit dans la loi, ce qui permettra de protéger notre agriculture de manière ferme et solide", a promis le président.

Damien Greffin, un des vice-présidents du syndicat majoritaire FNSEA et céréalier dans l'Essonne, avait dit vendredi à l'AFP vouloir "entendre le président dire que l'agriculture était d'intérêt général majeur, ce qui la plaçait au-dessus des autres intérêts". Une source au sein de l'exécutif avait précisé qu'une telle mention impliquait "des conséquences juridiques".

Dans ses efforts pour calmer la colère des agriculteurs, le gouvernement avait indiqué avoir par exemple puisé dans la proposition de loi portée par le sénateur LR Laurent Duplomb, qui prévoit de déclarer "d'intérêt général majeur" les réserves d'eau pour l'irrigation. Gabriel Attal avait aussi dit que la prochaine loi agricole consacrerait l'agriculture "au rang des intérêts fondamentaux de la nation".

Des interdictions calées au niveau européen

Le président de la République a répété vouloir éviter qu'un pesticide soit interdit en France avant le reste de l'Union européenne, pour éviter les distorsions de concurrence. Pour cela, il souhaite que l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) suive le calendrier européen et donc ne décrète pas d'interdiction en France avant ses voisins. Les interdictions sont généralement motivées par des impératifs de protection de la santé humaine et de l'environnement.

Comme l'a souligné Emmanuel Macron, "je n'étais pas là [en 2014], mais il y a eu une loi qui a confié des pouvoirs qui étaient au ministère de l'Agriculture à l'Anses". "L'Anses travaille sur une base scientifique (...) et donc elle prend des décisions qui ensuite s'imposent à l'administration. (...) Moi, je n'y peux rien", s'est-il défendu. "Et donc on reprend le pouvoir en disant : 'On le fait au niveau européen'", a-t-il lancé.

Une extension du "droit à l'erreur"

Parmi de multiples engagements gouvernementaux sur la simplification des normes et l'assouplissement des contrôles, Emmanuel Macron a aussi dit aux agriculteurs qu'il voulait étendre le "droit à l'erreur" au monde agricole. "Le droit à l'erreur, je crois que c'est assez simple, c'est de dire : 'Quand je fais une connerie une fois, on me conseille, on m'aide à la corriger'. Si je le fais deux fois, c'est que je fraude", a-t-il poursuivi. Une proposition de loi de la députée Anne-Laure Blin, élue des Républicains, existe en ce sens. Selon le président, "on n'a pas réussi à faire jusque-là" en raison notamment de restrictions liées au droit européen et aux normes environnementales.

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