Cultivateur, grand patron, maire… Six choses à savoir sur Arnaud Rousseau, le puissant président de la FNSEA

Il est, à 50 ans, l'un des fers de lance de la contestation des exploitants. A la tête de plusieurs sociétés et plusieurs centaines d'hectares de cultures en Seine-et-Marne, l'agriculteur est pourtant loin d'avoir le profil-type du paysan français.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Arnaud Rousseau, le patron de la FNSEA, lors d'une réunion à Matignon, le 19 septembre 2023. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS / AFP)

C'est un visage jusque-là peu connu du grand public. Pourtant, à 50 ans, Arnaud Rousseau est un cultivateur et patron qui pèse lourd dans le secteur agroalimentaire français. Surtout, il préside depuis moins d'un an la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA). Le premier syndicat du secteur est sur le devant de la scène ces derniers jours, alors que la contestation des agriculteurs s'intensifie.

Pour tenter de mettre fin à la crise, le patron de la FNSEA a réclamé une centaine de mesures, mercredi 24 janvier, dont le versement d'aides européennes dues depuis octobre, ou l'allégement des normes environnementales. Alors qu'une première réponse du gouvernement est attendue vendredi, franceinfo dresse le portrait d'une figure influente du monde agricole.

1 Il a récemment été élu à la tête de la FNSEA

L'engagement syndical d'Arnaud Rousseau n'est pas nouveau. Il rejoint la Fédération française des producteurs d'oléagineux et protéagineux au début des années 2000, avant d'en prendre la tête en 2017, rappelle La Dépêche. En 2020, il devient vice-président de la FNSEA, où il est chargé du dossier de la politique agricole commune (PAC).

Au printemps 2023, Arnaud Rousseau est élu à la tête du syndicat agricole, alors qu'il est le seul candidat en lice. La FNSEA, interlocutrice privilégiée des pouvoirs publics, est vue par certains agriculteurs et associations environnementales comme le fer de lance d'un modèle agricole attaché avant tout à produire en grande quantité, au détriment de la biodiversité et du bien-être des animaux d'élevage.

De son côté, Arnaud Rousseau se défend de tout productivisme, et pose comme priorités de reconquérir l'assiette des Français, alors que 60% des fruits et un quart de la viande bovine consommés sont importés, rappelle-t-il dans un entretien au Point. Il souhaite aussi améliorer le revenu des agriculteurs, pour attirer les nouvelles générations : il avait notamment proposé, dès son arrivée à la tête du syndicat, un plan de 50 à 100 millions d'euros pour les agriculteurs bio.

2 Son parcours est peu commun

Le parcours d'Arnaud Rousseau, qui porte de multiples casquettes, est plus proche de celui d'un dirigeant d'entreprise du CAC40 que d'un paysan. Ancien militaire réserviste et diplômé de l'European Business School de Paris, il a commencé sa carrière sur les marchés financiers dans le courtage et le négoce de matières premières agricoles, relate La Dépêche. Il rejoint son père sur son exploitation en 2002, et en prend la tête dix ans plus tard.

Depuis 2014, Arnaud Rousseau est aussi maire (sans étiquette) du village de Trocy-en-Multien (Seine-et-Marne), où est installée la ferme familiale d'origine, et vice-président de la communauté de communes du pays de l'Ourcq. Il est également vice-président de la Fédération française des producteurs d'oléagineux et protéagineux.

3 Il exploite 700 hectares de cultures avec son épouse

Arnaud Rousseau est loin d'être représentatif de l'agriculteur français moyen. Ce producteur de colza, de tournesol, de blé, de betterave ou encore de maïs possède 339 hectares de cultures en Seine-et-Marne. Avec sa femme, elle-même agricultrice, ils exploitent au total 700 hectares, rappelle-t-il dans une interview accordée au Point. Une surface importante, la taille moyenne des exploitations françaises n'étant que de 69 hectares, selon le ministère de l'Agriculture. Il bénéficie par conséquent d'aides de la PAC de plus de 173 000 euros par an, soit 5,6 fois le montant moyen que touche une exploitation agricole en France, selon Mediapart.

L'agriculteur est par ailleurs à la tête de cinq sociétés, selon le site d'information : "une gestionnaire de terres, une fournisseuse de services, deux productrices d'énergie et une holding", pour diriger l'ensemble de ses sociétés. De quoi faire dire à ses opposants qu'il est une figure de "l'agro-business", éloigné de la base, relate 20 Minutes.

4 Il préside un grand groupe industriel

Surtout, Arnaud Rousseau est président d'Avril, l'un des plus grands groupes agroalimentaires français. Ce géant des huiles – près de sept milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2021 – doublé d'une société d'investissement est présent dans les placards des Français via les marques Lesieur et Puget, mais ce n'est qu'une partie de son activité. Il est aussi actif dans l'alimentation des animaux d'élevage, les agrocarburants ou encore la chimie des huiles et protéines végétales.

Outre son activité à la tête d'Avril, il est président du conseil d'administration de Sofiprotéol, la société d'investissement adossée au groupe, et siège au conseil d’administration de Saipol, la filiale d'Avril qui produit les agrocarburants Diester, égrène Mediapart.

5 Il est favorable aux "méga-bassines" et aux nouveaux OGM

A la tête de la FNSEA, Arnaud Rousseau est en première ligne pour dénoncer les interdictions "sans alternatives" de pesticides. Au micro de franceinfo, il rappelait ainsi en avril que la priorité est de "continuer à produire pour nourrir" les Français tout en faisant en sorte "de se passer de toutes les molécules qui posent problème à la société". "Il y a des efforts à faire en termes de pesticides, de méthode de production, et on est prêts à les faire, mais tout cela ne se fait pas du jour au lendemain", concluait-il.

Il est également un fervent défenseur des "méga-bassines". "Il n'y a pas d'agriculture sans eau, ni d'alimentation produite en France sans eau", expliquait-il ainsi au Figaro en novembre 2022. Il mise aussi sur les New Breeding Techniques, ces nouveaux OGM qui pourraient bientôt être autorisés sur le sol européen, rapporte Mediapart.

6 Il a été victime d'un grave accident

En 2010, alors âgé de 36 ans, il est victime d'un grave accident en tombant dans un silo de stockage de grain, raconte-t-il dans un podcast intitulé "Déclic""J'ai fait une chute de quasiment neuf mètres. Le genre d'accident dont normalement on ne réchappe pas. Je suis remonté tout seul à la force des bras avec les deux jambes cassées." 

Selon l'agriculteur, l'expérience lui a donné envie d'aller affronter le millier de kilomètres du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle "pour [se] prouver qu['il] était capable de remarcher". Aujourd'hui encore, il reste un passionné de randonnée, à laquelle il s'adonne notamment avec sa femme et ses trois enfants. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.