Crise en Guyane : où en sont les négociations ?
Franceinfo fait le point sur le long week-end de négociations qui a eu lieu, à la préfecture de Cayenne, entre le gouvernement et la délégation menant la contestation sociale.
On négocie toujours en Guyane. La crise qui secoue le territoire ultramarin depuis une dizaine de jours n'a pas encore trouvé d'issue, malgré des propositions formulées par le gouvernement. Des négociations ont repris, dimanche 2 avril dans l'après-midi, à la préfecture de Cayenne afin de trouver des solutions. Franceinfo vous résume la situation.
Ce qu'a proposé le gouvernement
Justice, école, sécurité, santé... Samedi, les ministres Matthias Fekl et Ericka Bareigts ont annoncé une enveloppe "d'urgence" de plus d'un milliard d'euros d'engagements pour mettre fin à près de deux semaines de protestations en Guyane. "Le gouvernement a entendu les aspirations et les demandes des Guyanais", a assuré le ministre de l'Intérieur, avant de s'envoler vers la métropole.
Les ministres ont ainsi mentionné la "pérennisation d'un escadron de gendarmes mobiles en Guyane", l'arrivée de renforts de gendarmes et policiers dès 2017 ou encore des aides pour moderniser le système de santé et construire de nouveaux établissements scolaires.
Au total, le gouvernement a ainsi proposé 1,085 milliard d'euros. Le ministre de l'Intérieur avait qualifié ces décisions de "fermes et sans appel" devant une délégation d'une cinquantaine de Guyanais. Il avait également précisé que les 428 revendications avaient été "passées en revue, expertisées".
Ce qui pose problème au collectif
Ces décisions n'ont toutefois pas convaincu le collectif "Pour La Gwiyann dékolé" ("Pour que la Guyane décolle") qui mène la contestation, lequel les a jugées insuffisantes. "Le sentiment est mitigé, limite négatif, a ainsi estimé Davy Rimane, un membre de la délégation. Il y a vraiment un blocage du gouvernement pour ouvrir les robinets et régler les problèmes. On est déterminés, on joue l'avenir de nos enfants. Ça fait des décennies qu'on nous donne des miettes. Là, on dit stop."
Le collectif a aussi avancé de nouvelles revendications, dont celle d'"un statut particulier pour la Guyane", qui accorderait davantage d'autonomie. Les négociations se sont donc poursuivies une bonne partie de la soirée, puis dimanche après-midi. Des groupes de travail ont été mis en place, auxquels la ministre ou ses conseillers ont rendu visite séparément. Objectif : rediscuter, point par point, des mesures proposées par le gouvernement.
Selon l'envoyée spéciale de franceinfo, les négociations achoppent sur les questions de santé et de sécurité. "Toutes les questions sectorielles (agriculture, mines, etc) ont trouvé une issue, a résumé de son côté Gauthier Horth, un entrepreneur membre de la délégation. Mais dès qu'on touche aux questions transversales, comme la santé ou l'éducation, ça bloque."
Ce qu'il va se passer désormais
La montre jouera-t-elle en faveur d'un accord ? C'est en tout cas la stratégie avancée par le gouvernement. Lors d'une brève déclaration à la presse, dimanche après-midi, Ericka Bareigts a indiqué que le résultat des négociations de la nuit devait ainsi être "gravé dans le marbre", en soulignant aussi le besoin de rapidité.
"Il me faut être en réunion avec le Premier ministre pour entériner tout cela. Le temps politique est court, nous avons des échéances présidentielles dans quelques semaines", a insisté la ministre, qui doit reprendre un avion pour être en métropole lundi. Selon la 1ère, elle a donc proposé aux collectifs de manifestants de signer un document en cinq points pour "acter les négociations", les accords et les désaccords. Ce compromis doit pouvoir être présenté en Conseil des ministres, mercredi.
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