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Violences conjugales : un dispositif expérimental pour "remettre monsieur face à sa responsabilité"

Le dispositif expérimental mis en place en Seine-Saint-Denis vise à écarter du domicile les auteurs de violences conjugales en les prenant en charge dans un centre avec un suivi psychologique

Article rédigé par Gaële Joly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Une pancarte lors d'une manifestation pour dénoncer les violences faites aux femmes. Photo d'illustration. (GUILLAUME BONNEFONT / MAXPPP)

"J'ai honte de ce que j'ai fait. Je me dis que la personne qu'on aime, celle qui nous est chère, ce n'est pas notre punching ball", Georges a passé six mois dans un centre avec d'autres personnes comme lui. Auteur de violences conjugales, en septembre dernier il a été condamné à quatre mois de prison avec sursis. Il vient tout juste de sortir du dispositif expérimental AGIR qui existe en Seine-Saint-Denis. Ce dispositif, mis en place il y a un an, consiste à évincer les auteurs de violences conjugales du domicile. Ils sont ensuite pris en charge dans un centre pendant six mois avec un suivi psychologique. 

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Selon Georges, le dispositif AGIR lui a permis d'avancer. "J'avais un mal-être que je n'ai pas su communiquer, j'ai insulté et bousculé ma femme. Ce n'est pas un acte que je faisais tout le temps, cet acte-là est venu au mauvais moment même s'il n'est pas excusable. Il y a eu cet acte-là, il y a eu cette violence et ça nous a permis d'échanger et de se dire, 'voilà, il y a eu cette situation et comment faire pour faire en sorte que ça n'arrive plus'. Moi aujourd'hui je dis un grand merci à ma femme puisque qu'aujourd'hui j'en suis sorti. J'en sors grandi dans tous les sens."

Responsabiliser l'auteur

Pendant ces six mois, il a pu voir de temps en temps ses enfants, sous le contrôle de l'association mais il n'a pas pu entrer en contact avec sa femme. À sa sortie elle l'a trouvé changé, elle a accepté qu'il revienne. "Pour l'instant c'est tout frais, on essaie de se reconstruire donc quand on a des moments de faiblesse, sortir de la maison. On respire, on prend l'air on ne réagit pas du tac-au-tac", explique Georges qui dit être "très" fier de lui. "Aujourd'hui mes enfants disent 'papa il a changé, papa est moins tendu', conclut-il.

Pour Zorha Harrach, directrice du pôle d'accompagnement judiciaire de l'association Sauvegarde qui prend en charge plus de 1 000 auteurs de violences conjugales, cela permet de protéger les victimes. "Je ne considère pas que j'aide les auteurs, précise-t-elle alors que la journée internationale contre les violences faites aux femmes se déroule jeudi 25 novembre. On déploie une prise en charge spécifique qui vise la responsabilisation de l'auteur pour traiter de manière pérenne la question des violences conjugales.

"C'est pour mieux prévenir les violences et mieux protéger les victimes."

Zorha Harrach

à franceinfo

"Remettre monsieur face à sa responsabilité, insiste la directrice du pôle d'accompagnement judiciaire de l'association Sauvegarde, et lui dire que le travail c'est à lui de l'engager aussi."

Avec sa femme, Georges compte maintenant renouveler ses vœux et voyager pour tourner la page mais ne jamais oublier.

Dispositif expérimental AGIR pour les auteurs de violences conjugales - Reportage de Gaëlle Joly

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