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Violences conjugales : le "dépôt de plainte chez autrui" expérimenté pour libérer la parole des victimes

Annoncée dans le cadre du Grenelle contre les violences conjugales, la mesure entre en expérimentation mardi. Elle permet de déposer plainte sur rendez-vous, sans se rendre dans un commissariat.

Article rédigé par franceinfo - Margaux Stive
Radio France
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Temps de lecture : 1 min
Message sur un mur de Paris, en 2019. (AMAURY CORNU / HANS LUCAS VIA AFP)

Comment aider les victimes de violences conjugales ou sexuelles à passer le pas du dépôt de plainte ? Aujourd'hui, seule une sur cinq porte plainte en moyenne. Marlène Schiappa a donc confirmé mardi 23 novembre le lancement officiel d'une expérimentation pour développer la "plainte chez autrui". Le principe : déplacer les policiers et les gendarmes dans un lieu choisi par la plaignante. L'expérimentation est lancée pour six mois dans le Vaucluse, le Pas-de-Calais, la Sarthe, le Morbihan la Haute-Corse mais aussi en Ile-de-France, dans deux arrondissements parisiens et à Saint-Denis.

"Elles n'auraient pas franchi la porte d'un commissariat"

L'objectif de cette expérimentation de la "plainte chez autrui", c'est d'offrir aux victimes une autre solution que le cadre froid et l'agitation d'un commissariat ou d'une gendarmerie pour déposer plainte. "L'idée, explique Naïma Makri, responsables des violences intra familiales à la préfecture de police de Paris, c'est de favoriser la libération de la parole de la victime, de la mettre dans les conditions les plus appropriées pour qu'elle puisse dénoncer les faits qu'elle a subis. Cela peut être à domicile, chez un ami, un membre de sa famille. Ou un autre lieu institutionnel dans lequel elle se sent à l'aise, dans lequel elle est déjà suivie : un lieu de soin, le bureau de l'avocat si elle a déjà pris un avocat." 

Jusqu'ici, la seule alternative aux commissariats était l'hôpital. Cette expérimentation de la "plainte chez autrui" est une mesure du Grenelle contre les violences conjugales qui fonctionne bien, selon Naïma Makri. "Les retours qu'on a des victimes, c'est qu'elles n'auraient pas franchi la porte d'un commissariat. Parfois, certaines l'ont fait et ça ne s'est pas forcément bien passé, ou cela a été plus difficile parce qu'elles ont dû attendre avant de pouvoir déposer plainte. Alors que là, elles ont rendez-vous, sans toute l'agitation d'un commissariat. Elles sont dans des environnements plus calmes."

Reste le problème de l'accueil parfois problématique des victimes par les forces de l'ordre. Des centaines de femmes en avaient témoigné en octobre avec le hashtag DoublePeine. La préfecture de police de Paris s'engage à poursuivre la formation des agents sur la question, avec aussi un livret pour mieux accompagner les victimes de violences sexuelles.

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