Violences contre les élus : sept maires sur dix se déclarent victimes d'incivilités

Alors que le congrès des maires de France débute lundi 20 novembre à Paris, une enquête du Centre de recherches politiques de Sciences Po confirme l'augmentation des incivilités et des violences auxquelles ils sont confrontés. La "fatigue républicaine" des maires s'étend.
Article rédigé par franceinfo
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Rassemblement de maires dans le Tarn-et-Garonne en juin 2023, pour soutenir l'un d'entre eux menacé de mort (XAVIER DE FENOYL / MAXPPP)

Selon une enquête du Cevipof, publiée dimanche 19 novembre et que franceinfo a pu consulter, près de sept maires sur dix confient être victimes d'incivilités. C'est 16 points de plus qu'en 2020. Chiffre dévoilé à la veille du 105e Congrès des maires, qui débute lundi à Paris au parc des expositions de la Porte de Versailles.

Les violences contre les élus, symbolisées ces derniers mois par la démission du maire Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique) et l'incendie contre le domicile du maire de L'Haÿ-les-Roses (Val-de-Marne) lors des violences urbaines, ne cessent d'augmenter. Selon les chiffres du ministère de l'Intérieur, 2 265 plaintes et signalements ont été déposés en 2022 par des élus, c'est 32% de plus qu'en 2021. "Les premières indications pour l’année 2023 suggèrent de nouveau une hausse de 15% des violences envers les élus locaux", rappelle l'enquête du Cevipof.

Insultes, menaces, voire violences physiques

Parmi les 6 000 maires interrogés au cours de cette étude, près de quatre sur dix (39%) admettent avoir déjà été injuriés ou insultés. Plus d'un quart (27%) a été attaqué ou menacé sur les réseaux sociaux. Les violences physiques ne sont dénoncées que par 2% des maires interrogés. 12% reconnaissent également que leur famille a aussi subi des violences. Dans ce contexte, 15% des élus sondés admettent ressentir un sentiment d'insécurité, contre 11% pour le reste de la population selon les données de l'Insee.

Après la démission du maire de Saint-Brevin-Les-Pins au printemps dernier, l'Etat a annoncé le déploiement de 3 400 référents "atteintes aux élus" dans les gendarmeries et les commissariats, pour qu'ils puissent plus facilement dénoncer les faits. Mais les quelque 6 000 maires interrogés, entre mi-septembre et mi-octobre, jugent toujours les délais de traitement des plaintes trop longs. Un manque de rapidité qui, selon eux, écorne leur autorité et les expose à des représailles.

Cette enquête, commandée par l’AMF et le gouvernement l'été dernier, permet également de mieux comprendre le malaise des maires. Selon le Cevipof, qui s'appuie sur le répertoire national des élus, ils sont 1 300 à avoir démissionné depuis le début de leur mandature en juin 2020, "soit 450 par an contre 350 au cours de la précédente mandature".

Une "fatigue républicaine" aggravée par des indemnités insuffisantes

En revanche, la hausse des violences n'est pas la seule raison de cette "fatigue républicaine", précise l'enquête qui parle de "causes multiples". Les maires pointent la très forte exigence de leurs administrés (13,6%), des relations de plus en plus complexes avec les services de l'Etat (12,3%), des difficultés à concilier l'exercice de leur mandat avec une vie personnelle ou professionnelles quand ils ne sont pas retraités (10,1%). Dans 7,8% des cas, ils dénoncent aussi le manque de ressources financières et fiscales. Sur tous ces points, ils attendent des améliorations.

La question des indemnités n'apparaît jamais comme une condition de leur engagement. Les maires ne cherchent pas à gagner de l'argent. Par contre, quand ils sont dans le monde du travail, ils ne sont pas prêts à en perdre. Ce que montre l'étude, c'est que leur position sur ce point a changé depuis 2020, donc depuis le début du mandat en cours : ils étaient alors un quart à penser qu'ils n'étaient pas assez indemnisés. Aujourd'hui, c'est la moitié (48%). Dans les villes de plus de 9 000 habitants, quand être maire est un travail à plein temps, c'est même plus des trois quarts (78%). 
Le gouvernement réfléchit à une revalorisation. Le Cevipof, en plus des questionnaires écrits, a rencontré en tête-à-tête une trentaine de maires. Ils sont unanimes : les augmenter en touchant au budget de fonctionnement de leur commune serait une mauvaise solution.

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