Témoignages "On n'a pas assez d'argent pour vivre comme il faut" : au Salon de l'agriculture, les exploitants se confient sur leurs problèmes de trésorerie

Parmi les revendications des agriculteurs se trouve la prise en compte de leurs difficultés de trésorerie. Beaucoup sont pris en tenaille entre les fournisseurs à payer et un salaire difficile à dégager.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un éleveur avec une vache au Salon de l'agriculture, le 25 février 2024. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Comment mieux soutenir les agriculteurs ? Une réunion doit se tenir à ce sujet mardi 27 février au ministère de l'Économie avec le ministre de l'Agriculture, notamment. Après la visite houleuse d'Emmanuel Macron au Salon de l'agriculture samedi dernier, il est notamment question de mieux recenser les exploitations en difficulté de trésorerie, qui sont loin d'être des cas isolés. 

Compter chaque sou qui entre, c'est le quotidien de beaucoup d'éleveurs comme Étienne : "Des problèmes de trésorerie, c'est quand vous arrivez au début de mois ou que vous rentrez l'argent pour payer les fournisseurs pour seulement avoir le lait. On est payé à 60 jours. Et comme vous, vous allez au travail, vous avez le salaire à la fin du mois, ou au début... Et vous êtes payé à 60 jours, détaille-t-il.

Des revenus faibles voire inexistants

"Le souci, c'est arriver à avoir cette trésorerie, à mettre de l'argent de côté pour les coups durs et pour payer nos fournisseurs en temps et en heure. L'agriculteur qui a une compagne qui a un métier stable et qui est rémunérateur vit sur le dos de ton épouse. Moi, ma femme m'a beaucoup aidé au début. Et ça peut être la galère...", raconte Étienne, qui confie son stress quotidien depuis plusieurs mois.

Plus loin dans les allées du Salon, Jean fait le ménage dans le box de ses taureaux, il leur change la paille. "De juin à mi-septembre, fin septembre même, il n'y a presque pas de rentrée d'argent, explique-t-il. On n'a pas assez d'argent pour pouvoir vivre comme il faut. On est plus stressé, plus énervé, plus angoissé parce qu'on voit bien qu'on travaille pour rien, parce qu'on n’arrive même pas à se faire un salaire comme il faut..."

"Quand on peut, on prélève entre 1000 et 1 100 euros par mois. Mais, il y a des mois, c'est 500 ou 600 euros. Et des moments où ce n’est rien du tout, malheureusement."

Jean, agriculteur

à franceinfo

 

"On ne peut pas travailler plus"

Ni la visite d'Emmanuel Macron, ni celle de Bruno Le Maire, ni les annonces n'ont convaincu les éleveurs présents au Salon de l'agriculture. Parmi eux, Thomas est originaire de Haute-Saône : "Vous avez bien entendu tous mes collègues qui ont débriefé les deux heures de rendez-vous avec monsieur Macron ? Il nous parle comme à des gamins, il n'écoute que lui. C'est soit la faute des écologistes, soit c'est la faute de ci, soit c'est la faute de ça. Lui, il n'est pas responsable", s'agace-t-il au micro de franceinfo.

Avant de poursuivre : "Macron dit quelque chose aux agriculteurs le samedi et fait l'inverse le lundi matin. Il est dans l'état d'esprit que, de toute façon, il faut travailler plus pour gagner plus. Sauf que nous, on travaille plus. Mais là, aujourd'hui, on est asphyxié, on ne peut plus."

Tous ces agriculteurs attendent maintenant, désabusés, l'issue d'une nouvelle réunion au ministère de l'Economie. Lundi,  Bruno Le Maire a tenté de lancer un message lors d'une visite au Salon international de l'agriculture : "Je demande aux banques et aux assurances de jouer davantage le jeu", a-t-il formulé. Le ministre doit réunir  à Bercy, en compagnie du ministre de l'Agriculture Marc Fesneau, les banques, les assurances et la mutualité sociale agricole pour discuter des plans de trésorerie des agriculteurs. Bruno Le Maire demande donc aux banques et aux assurances "de faire des propositions plus ambitieuses de façon à ce que nos paysans puissent avoir accès plus facilement à des crédits, à des taux qui soient les plus attractifs possibles".

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