Consommation : "La demande de produits locaux a dépassé la demande de produits bio", se réjouissent les spécialistes des circuits courts au Salon de l'agriculture
Faire ses courses chez le producteur en bas de chez soi en circuit court était très plébiscité pendant le Covid-19 et pendant les confinements. Trois ans plus tard, l'effet de mode est-il passé ? Est-ce devenu un mode de consommation durable ? Dans les allées du Salon de l'agriculture, à en croire Sébastien Hubert, les circuits courts ont toujours la cote. "Jusqu'à 2020, on a vu une croissance régulière d'à peu près plus 15 % par an, selon lui. Avec le Covid, les circuits courts ont explosé ! N'importe quel producteur qui posait des carottes sur le trottoir devant chez lui, ça partait tout de suite."
En revanche, avec le "contexte de crise économique qu'on connaît actuellement", les choses sont "revenues à la normale", tient-il à préciser ce spécialiste. Sébastien Hubert a en effet co-fondé une plateforme qui permet aux producteurs qui fonctionnent en circuits courts de digitaliser et automatiser la gestion des commandes. Il assure que la demande des consommateurs est encore forte : "C'est un vrai changement sociétal qui est en cours. La demande de produits locaux a dépassé la demande de produits bio".
"Le local a pris une valeur qui est importante parce que c'est aussi très souvent associé à la qualité."
Sébastien Hubert, co-fondateur d'une plateforme pour les producteurs en circuits courtsà franceinfo
Les clients boudent les fermes
Reste que, malgré l'intérêt, les clients ont tout de même en partie déserté les fermes, nuance Jacques, maraîcher bio en Seine-et-Marne. Oui, les ventes ont bondi pendant le confinement, mais la baisse a ensuite été importante : "On a perdu presque 20 % de notre chiffre d'affaires sur notre vente à la ferme. On n'a pas récupéré encore les chiffres d'avant le Covid, probablement pour des raisons de pouvoir d'achat".
Mais il continuera à faire du circuit court pour plusieurs raisons. "Avec des circuits raccourcis, on a des prix plus rémunérateurs", explique-t-il. C'est aussi "un intérêt humain" parce que "quand on est agriculteur bio, on est très soucieux de la qualité de ce qu'on fait. Et quand on a le retour direct du consommateur, c'est particulièrement valorisant pour tout le mal qu'on se donne."
Alors pour ne pas perdre les consommateurs, l'une des solutions est d'emmener les produits locaux dans les grandes surfaces par exemple. Ludovic de Beaurepaire est à la tête d'une entreprise qui aide 20 000 producteurs à distribuer leurs produits. "Les transformateurs qui distribuent en grande surface, c'est aussi une réalité qui fonctionne très bien parce que les consommateurs, qui cherchent à moins aller à la ferme ou dans d'autres lieux retrouvent ces produits-là dans les magasins", glisse-t-il.
Autre bon client : la restauration collective, puisque la loi Egalim prévoit depuis un an au moins 50 % de produits durables dans les cantines publiques, les écoles ou les hôpitaux par exemple.
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