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Trois questions sur les états généraux de la laïcité lancés par Marlène Schiappa

Ces tables rondes, qui seront suivies d'une "grande consultation", ont notamment pour objectif de toucher la jeunesse.

Article rédigé par franceinfo
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Marlène Schiappa à Flers-en-Escrebieux (Nord), le 16 mars 2021. (SYLVAIN LEFEVRE / HANS LUCAS / AFP)

"C'est un sujet de passion. L'idée est de dire : parlons-en ensemble et écoutons-nous", plaide Marlène Schiappa. Le gouvernement installe, mardi 20 avril et jusqu'à l'été, des "états généraux de la laïcité" avec notamment pour objectif de toucher la jeunesse. Franceinfo répond à trois questions qui se posent sur ces rencontres.

Quel est le calendrier ? 

C'est la ministre déléguée à la Citoyenneté Marlène Schiappa qui a annoncé leur tenue, dans le Journal du dimanche (article payant). Les états généraux de la laïcité démarrent mardi à 11h30 avec une "conférence de haut niveau" au Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) à Paris. Puis jusqu'à l'été, vont se tenir "des tables rondes et des groupes de travail sur la liberté d'expression, la recherche, la jeunesse, l'intégration citoyenne", a ajouté Marlène Schiappa.

Des "cartes blanches" seront aussi confiées à des associations, comme la Licra (Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme), "pour faire vivre le débat", alors qu'une grande consultation doit être lancée "auprès de 50 000 jeunes, invités à répondre à la question : 'Comment faire vivre la laïcité au quotidien ?'". Les résultats seront restitués lors d'un "forum" et les initiatives et bonnes pratiques de terrain seront rendues publiques.

Qui doit participer ?

Autour de ces tables rondes : "des intellectuels de toutes les sensibilités". Lors des premières discussions, l'essayiste Caroline Fourest et les philosophes Henri Pena Ruiz et Gaspard Koenig participeront. L'académicienne Barbara Cassin ou l'avocat Richard Malka se joindront plus tard aux débats, tout comme la "philosophe 'conservatrice' Souâd Ayada", le "normalien 'banalement républicain' Raphaël Enthoven" ou le "défenseur de l'enseignement du fait religieux Philippe Gaudin", ajoute Libération (article payant).

"Nous voulons justement sortir de la tenaille entre d'un côté les identitaires d'extrême droite et de l'autre les indigénistes et Europe Écologie-Les Verts", a fait valoir Marlène Schiappa en invitant "chacun à prendre la parole dans le cadre des Etats généraux". Des "cartes blanches" vont aussi être confiées à des associations, comme la Licra. Une "grande consultation" sera en outre lancée "auprès de 50 000 jeunes, accessible à l'adresse laïcité.make.org".

Pourquoi ça ne fait pas l'unanimité ? 

A peine annoncés, ces états généraux ont déjà fait l'objet de nombreuses critiques. Les propos de la ministre contre EELV ont provoqué la réaction de Yannick Jadot dénonçant "le registre de l'insulte".

"Je suis un peu surpris, parce qu'en général on fait des états généraux avant de passer une loi", a commenté sur franceinfo Patrick Weil, directeur de recherche au CNRS. Comme d'autres, ce spécialiste de la citoyenneté et de la laïcité s'étonne du lancement des états généraux alors qu'une loi concernant les valeurs de la République est déjà en train d'être votée au Parlement. "La consultation des intellectuels, c'est de la com'", estime Patrick Weil. "On ne fait pas un débat après une loi", a aussi dénoncé sur franceinfo l'eurodéputé EELV Yannick Jadot. "Pour moi, il n'y a pas de moment où 'ce n'est pas le moment de parler de laïcité'", a répondu Marlène Schiappa sur BFMTV, mardi.

"J'avoue que j'ai beaucoup d'interrogations sur cette démarche", à "un an de l'élection présidentielle", pointe Najat Vallaud-Belkacem, sur France Inter. "La laïcité est un pilier de notre nation, notre République, le ciment de notre concorde, de notre paix civile", rappelle l'ex-ministre de l'Education de François Hollande, qui souhaite éviter d'en faire "un champ de bataille"Najat Vallaud-Belkacem déplore une "instrumentalisation" de la laïcité, "y compris par ce gouvernement". Cela donne l'impression aux jeunes que "la laïcité n'est convoquée régulièrement que pour exclure".

Ces états généraux s'inscrivent par ailleurs dans un contexte d'enchaînement de polémiques sur le sujet : le lancement d'"une enquête sur 'l'islamo-gauchisme' à l'université", puis "la non-reconduction de Jean-Louis Bianco et Nicolas Cadène à la tête de l'Observatoire de la laïcité" ou encore l'annonce du remplacement de ce même observatoire "par deux structures : un haut conseil à la laïcité et une administration de la laïcité", énumère Le Monde (article payant)"On prépare le terrain pour remplacer l'Observatoire de la laïcité, qui faisait un excellent travail (...) par un nouvel organe à la solde du gouvernement", a jugé Aurélien Taché, député ex-LREM, présentant ces Etats généraux comme "une opération de communication grotesque".

Interrogé par l'AFP, le président de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), Mario Stasi, qui y participera, plaide pour l'apaisement : "Si le débat se déplace de ce déversoir de haine, d'invectives que sont les réseaux sociaux, vers un travail approfondi mettant côte à côte différentes approches de la laïcité" et permettant de "sortir avec des propositions concrètes dans le respect de la loi 1905, si c'est cela les Etats généraux, je n'y vois que des avantages."

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