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Assassinat de Samuel Paty : "Les musulmans de France sont bouleversés", déclare le président du Conseil français du culte musulman

Mohammed Moussaoui condamne à nouveau fermement les auteurs d'attaques terroristes et réfutent le discours djihadiste : "Leur acte de barbarie est une insulte à la mémoire du prophète, une profanation de son message".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
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Mohammed Moussaoui à la grande mosquée de Paris le 22 mars 2019. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

"Les musulmans de France sont bouleversés, blessés", réagit mercredi 21 octobre sur franceinfo Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du culte musulman, qui a assisté à la cérémonie organisée dans la cour de la Sorbonne lors de l'hommage national à Samuel Paty, assassiné par un terroriste vendredi 16 octobre devant le collège de Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines) où il exerçait.

franceinfo : Comment avez-vous réagi au discours du chef de l'État ce soir ?

Mohammed Moussaoui : C'était une cérémonie très émouvante. Il y avait le recueillement, l'hommage rendu à Samuel Paty. Au nom des musulmans de France, je voulais être là pour dire, bien sûr, notre compassion, notre solidarité, à la famille de Samuel Paty, à ses proches, ses élèves, ses collègues, mais aussi dire que les musulmans de France sont bouleversés, blessés. C'est d'abord un concitoyen qui vient d'être lâchement assassiné, et en plus, il est fait au nom de notre religion. Des imposteurs ont réussi à vendre à certains jeunes la lâcheté dans ses pires manifestations criminelles en actes de bravoure héroïques. Le président a eu des mots concernant Samuel Paty, qui était le vrai héros, celui qui l'a tué, c'est un lâche. Les musulmans de France doivent être conscients que leur religion est instrumentalisée par des personnes qui sont l'incarnation de la terreur, de la haine, qui sont l'incarnation de la trahison de tout ce qui est sacré. Ils prétendent défendre le sacré, ils prétendent défendre l'honneur du prophète de l'islam, car caricaturé. À ceux-là nous dirons : leur acte de barbarie est une insulte à la mémoire du prophète, une profanation de son message. J'ai eu ce soir la possibilité de rencontrer bon nombre de nos concitoyens de différentes religions et j'ai senti qu'il y avait une volonté farouche d'être ensemble.

Cette attaque a été perpétrée au nom de l'islam. Est-ce que, selon vous, cela en fait une raison pour que les musulmans s'expriment encore plus que les autres ?

Malheureusement, les musulmans de France se trouvent presque dans l'impuissance de répondre à cette irruption continuelle de ces actes de terrorisme contre nos concitoyens. Et lorsque c'est fait au nom de notre religion c'est encore plus blessant. Ils doivent parler. C'est trop facile de dire "ça me concerne pas". Tous les citoyens sont concernés. En premier lieu, les musulmans de France sont concernés parce que notre concitoyen a été assassiné au nom de notre religion. Donc, on devrait être doublement horrifié par cet acte et je pense que c'est la responsabilité de tous, de toute la société, l'école, la famille, les pouvoirs publics : tout le monde est censé surveiller et réagir face à ce terrorisme.

Comment faut-il réagir à la rentrée scolaire ? Que faut-il dire aux élèves ?

Je pense que nous avons bien vu que, malheureusement, à l'origine de cet acte criminel, il y a eu des parents qui se plaignaient. C'est vrai que je pense qu'il est important de rappeler aux parents de faire confiance aux enseignants. Il va falloir qu'on leur fasse confiance. S'il n'y a pas cette confiance, l'institution ne peut pas fonctionner. Il y a une différence entre s'intéresser à la scolarité de nos enfants et le fait de s'immiscer dans le travail des enseignants. Je pense que chacun doit rester à sa place. Je pense que le discours doit être dit aux parents d'une façon claire et respectueuse.

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