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Racisme : les personnes noires continuent d'être fortement discriminées en France, selon un rapport

Le rapport de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) a été remis jeudi au Premier ministre.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le 13 juin 2020, des dizaines de milliers de personnes se sont rassemblees à Paris afin de réclamer justice et vérité pour Adama Traoré. (LAURENT PERPIGNA IBAN / HANS LUCAS / AFP)

Les personnes noires continuent de subir des "discriminations nombreuses" en France, souligne la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) dans un rapport publié jeudi 18 juin, qui formule plusieurs recommandations afin de "décoloniser les esprits". Ce rapport, bouclé en mars, tombe alors que deux manifestations, le 2 et le 13 juin, ont eu lieu en hommage à Adama Traoré, dans le sillage de la mort de George Floyd aux Etats-Unis.

Dans l'édition 2019 de ses travaux "sur la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie", la commission relève un paradoxe : "Alors que la minorité noire est avec la minorité juive celle qui a la meilleure image", selon son baromètre sur la tolérance des Français, "elle est en butte au quotidien à des préjugés offensants et des discriminations nombreuses". "Sur les réseaux sociaux ou dans les stades, s'exprime un racisme antinoirs extrêmement cru, animalisant et violent, construit par opposition à une norme blanche", assure le rapport qui a été remis au Premier ministre.

Les Noirs et les Maghrébins plus touchés

Le rapport s'appuie sur une enquête commune de l'Insee-Ined portant sur les descendants d'immigrés établis en France. Selon cette enquête, "les Noirs, aux côtés des Maghrébins, subissent plus de discriminations que le reste de la population : ce serait le cas de 31% des personnes originaires des DOM et de 47% des immigrés originaires d'Afrique subsaharienne". La Commission estime qu'"au-delà des infractions, c'est tout à la fois une histoire, une culture et un ensemble de préjugés qui sont à la racine du racisme antinoirs".

"Comme la lutte pour l'égalité femme-homme, le combat contre le racisme envers la minorité noire nécessite une prise de conscience du phénomène par la société dans son ensemble, une décolonisation des esprits", écrit la Commission. En France, note la CNCDH, les Noirs occupent "encore trop souvent une place subalterne dans la société française". Ainsi, elle relève "une distribution fonctionnelle des tâches avec une surreprésentation des personnes noires dans les métiers peu qualifiés" : femmes de ménage, nourrices, aides-soignantes pour les femmes ; éboueurs, vigiles, tâches très physiques pour les hommes.

Contrôles policiers abusifs

La commission rappelle aussi une enquête du Défenseur des droits (2016) selon laquelle les personnes "qui se considèrent comme noires", lors d'un contrôle d'identité, sont "davantage victimes de comportements non conformes à la déontologie policière et courent davantage le risque d'être tutoyées, insultées, voire brutalisées". Elles "considèrent que les forces de l'ordre sont un danger potentiel, en particulier pour les jeunes hommes, et que les contrôles policiers abusifs sont devenus une routine", quel que soit leur milieu social, a constaté la CNCDH dans le cadre de ses auditions.

Elle recommande donc aux pouvoirs publics "de développer des enquêtes permettant de mieux connaître les discriminations", de développer les outils comme les testings, "en particulier dans les services publics, les commissariats et les gendarmeries", et enfin de lancer des "campagnes de communication contre les stéréotypes envers les personnes noires, notamment en montrant leur diversité sociale, économique et professionnelle".

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